Le ministre de l'Energie Marc Ferracci a indiqué jeudi être opposé à la proposition de son homologue des Outre-mer Manuel Valls d'ouvrir un débat sur l'interdiction de l'exploration pétrolière en France, et notamment en Guyane, soulignant l'importance de "garder la cohérence" pour sortir des énergies fossiles.
"Je pense qu'il faut garder de la cohérence dans nos engagements internationaux, on fait beaucoup pour décarboner nos économies, pour décarboner les processus industriels", a affirmé Marc Ferracci en réponse à une question de l'AFP sur la proposition de M. Valls."On investit de l'argent, on aide les entreprises à sortir du gaz, à sortir du pétrole, à sortir des énergies fossiles, je ne serais pas cohérent si j'envisageais les choses autrement", a-t-il ajouté en marge d'un déplacement à Orléans.
La proposition de M. Valls a reçu une forte opposition de la part de nombreuses ONG mais aussi, avant M. Ferracci, de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, pour laquelle ça "n'aurait pas de sens". "Ce d'autant que la France peut se prévaloir d'être un des leaders en matière d'énergies décarbonées, y compris dans les territoires ultramarins", a-t-elle fait valoir mercredi.
Mardi soir, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a dit au Sénat vouloir "ouvrir le débat, y compris sur la loi Hulot" sur l'interdiction de l'exploitation des hydrocarbures en France, et notamment en Guyane.
Ce texte de 2017 a mis fin à la recherche et à l'exploitation des hydrocarbures en France, avec quelques dérogations pour les entreprises qui avaient déjà des concessions en vigueur. "Nous voyons les pays voisins de la Guyane accélérer en matière de prospection et d'exploitation, au Guyana, au Suriname ou au Brésil", a observé Manuel Valls.
Pour M. Ferracci, il faut au contraire "maintenir le cap de la défossilisation de nos économies". Évoquant l'enjeu "qu'il faut entendre" du "développement économique et social" de la Guyane, il a pointé d'autres possibilités, citant "l'accès aux ressources minières" et notamment à l'or, mais aussi "le tourisme", "sans nécessairement remettre en cause nos engagements internationaux". "Cela s'inscrit dans la réciprocité de l'accord de Paris", le socle de l'action climatique, "dont certains pays ont décidé d'en sortir, c'est le cas des États-Unis récemment, mais je pense qu'il faut garder cette cohérence", a-t-il ajouté.
Avec AFP