Le chef de l’État a dîné lundi soir avec les élus de Guyane à Cayenne, dans le cadre de son déplacement officiel sur le département sud-américain. Naturellement, la question de l’évolution statutaire du territoire a été posée : Emmanuel Macron donne quatre mois aux élus pour proposer un projet de nouveau statut.
C’est un des points du plan d’urgence pour la Guyane signé en mars 2017, au lendemain du mouvement social qui a bloqué le département pendant un mois, remis sur la table des discussions par le président de la Collectivité territoriale depuis 2021, et par l’appel de Fort-de-France, et qui fait écho aux dossiers corse et calédonien : l’évolution statutaire.
Lundi soir, au dîner avec les élus du territoire, la question n’a évidemment pas été éludée et le chef de l’État, accompagné des experts qu’il a missionné à ce sujet, Frédéric Montlouis-Félicité et Pierre Égéa, y a répondu. Selon nos informations, Emmanuel Macron a donné quatre mois aux élus de Guyane pour rédiger un projet de statut qui imagine, décrit et détaille l'organisation d'une collectivité guyanaise hors de l'article 73.
Les élus de Guyane ont toutefois trois lignes rouges : le régalien, chasse-gardée de l’État, d’avoir un accord des toutes les forces politiques de Guyane pour, une fois le projet déposé, poursuivre les travaux sur cette base avec l'État et au-delà des quatre mois, et le consentement final des populations guyanaises. Autrement dit, le projet de futur statut devra passer l’étape de la consultation référendaire pour être adoptée.
En amont de ce projet, Emmanuel Macron a invité les élus présents -le président de la Collectivité territoriale, Gabriel Serville, le sénateur Georges Patient et 17 maires du département-, à explorer le pouvoir d’habilitation que la Guyane ne semble pas avoir encore sollicité, au contraire d’autres territoires de l’article 73, comme la Guadeloupe ou la Martinique. Emmanuel Macron a donné deux mois pour, avec les élus, pousser tout ce qui est possible sur la mise en œuvre de l’habilitation et l’adaptation dans le cadre de l’article 73.
L’issue de ce rendez-vous entre le président et les élus de Guyane semble avoir dessiné deux visions différentes de l’évolution statutaire. La première portée par Gabriel Serville, plus politique, rangée derrière les modèles corses et calédoniens, qui évoque plusieurs fois l’autonomie. La seconde, c’est celle de l’évolution des normes à la réalité du terrain -en termes de foncier, de gestion de déchets, d’assainissement par exemple-, réalité vécue par les maires de Guyane.
La réponse du président de la République répond vraisemblablement aux deux visions : quatre mois pour un projet de statut, plus politique, hors de l’article 73 ; et deux mois pour l’habilitation et permettre l’évolution des normes hexagonales aux réalités guyanaises. Une seconde vision qui semble davantage recueillir le volontarisme de l'État.