Diabète dans les DROM : une prévalence deux fois supérieure à celle de l’Hexagone, selon Santé publique France

Diabète dans les DROM : une prévalence deux fois supérieure à celle de l’Hexagone, selon Santé publique France

Dans son dernier bulletin épidémiologique, Santé publique France publie une étude intitulée « Diabète en Outre-mer : comprendre les spécificités locales pour cibler les actions ». Cet organisme relève notamment que la prévalence du diabète de type 2 (DT2) est particulièrement élevée dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM) et que les complications chroniques y sont plus fréquentes. 

Rappelons que le diabète de type 2 (DT2) concerne 90% des personnes atteintes par la maladie. Il touche plus particulièrement les adultes de plus de 45 ans, sédentaires et en surpoids. L’enquête de Santé publique France a pour but d’étudier les particularités des DROM concernant les caractéristiques démographiques, socio-économiques, l’état de santé et le recours aux soins des personnes ayant un DT2 résidant dans quatre départements : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion.

Le rapport estime la prévalence du diabète auto-déclaré, donc connu, en population générale adulte dans ces DROM. « Ainsi, en 2021, 10,2% des adultes résidant en Guadeloupe, 9,5% de ceux de Martinique, 8,4% de ceux de La Réunion et 3,8% de ceux de Guyane se déclaraient atteintes d’un diabète 2, tandis que cette proportion était de 5,7% en 2016 en France hexagonale », écrivent les auteurs. Par ailleurs, par rapport à la France entière et à structure d’âge équivalente, les taux du diabète traité pharmacologiquement étaient 1,9 fois plus élevés à La Réunion, 1,8 fois en Guadeloupe et 1,5 fois en Guyane et Martinique.

Les complications graves y sont aussi plus fréquentes. « Les hospitalisations pour amputations de membres inférieurs étaient, respectivement 1,5 et 1,3 fois plus fréquentes en Martinique et à La Réunion, en 2021 par rapport à la France entière ; les hospitalisations pour accident vasculaire cérébral étaient 1,5 fois plus fréquentes à La Réunion et les hospitalisations pour insuffisance rénale chronique terminale, deux fois plus fréquentes en Martinique, 1,7 fois à La Réunion, 1,6 en Guyane et 1,3 en Guadeloupe », précise Santé publique France. À noter que la proportion de femmes souffrant d’un DT2 était plus élevée en Guadeloupe (59%), Martinique (59%), Guyane (57%) et à La Réunion (54%) que dans l’Hexagone (45%).

Dans le cadre de la prise en charge de la maladie, « l’insulinothérapie était plus fréquente dans les DROM (37% en Guyane, 35% en Guadeloupe, 33% en Martinique, 28% à La Réunion) que dans l’Hexagone (23%) », relève l’étude. Fait intéressant, le recours aux tisanes concernait 41% des personnes atteintes de DT2 en Guadeloupe, 37% en Martinique, 50% en Guyane et 44% à La Réunion. Au total, plus de 90% des personnes ayant un diabète connu sont traitées sur le plan pharmacologique (sauf à La Réunion où ce chiffre est de 82%).

Dans son introduction au rapport, François Bourdillon, ancien directeur général de Santé publique France, souligne quelques autres spécificités par rapport à l’Hexagone : outre la prédominance féminine mentionnée, il y a une part plus importante de patients avec un niveau socio-économique défavorable et une part importante sans couverture maladie universelle complémentaire. Il y a aussi d’autres facteurs de risque (obésité, hypertension artérielle, faible consommation de fruits et légumes, pratique d’activité physique insuffisante, excès de consommation d’alcool et de tabac, notamment à La Réunion), sans compter que les produits alimentaires d’Outre-mer sont volontairement plus sucrés qu’en France hexagonale.

La loi Lurel de 2013 visait à garantir que la quantité de sucres ajoutés dans les produits vendus dans les territoires ultramarins ne soit pas supérieure à celle des produits mis sur le marché dans l’Hexagone, rappelle l’organisme de santé. « Qu’en est-il aujourd’hui ? », s’interroge François Bourdillon. « Toutes ces nouvelles données, je l’espère, donneront l’opportunité de franchir une étape de prévention en réinterrogeant l’application de la loi Lurel sur le sucre, mais aussi le développement dans les Outre-mer du Nutri-Score, de l’encadrement de la publicité aux heures de grandes écoutes des enfants, du renforcement de la taxation des boissons sucrées, de la taxation de manière effective des produits particulièrement gras, sucrés et salés (ceux qui sont les plus mal classés par le Nutri-Score), de l’amélioration de l’offre alimentaire, de l’incitation à l’activité physique et du soutien attendu des initiatives locales », conclut-il.

PM