Covid-19 : Omicron bien installé dans les Outre-mer, impact sur les structures hospitalières dans des territoires

Covid-19 : Omicron bien installé dans les Outre-mer, impact sur les structures hospitalières dans des territoires

Comme dans l’Hexagone, le variant Omicron qui a fait son apparition fin 2021 circule aussi en Outre-mer, notamment dans les principaux territoires : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte, La Réunion, Polynésie et Nouvelle-Calédonie. Sa circulation impacte dans certains cas les structures hospitalières. Point sur le covid-19 en Outre-mer et les mesures.

Guadeloupe : Omicron bien installée avec une vaccination à la traîne 

Sur ce territoire, les prémices de la cinquième vague sont apparus le 18 décembre 2021 avec la détection de deux premiers cas de variant Omicron en Guadeloupe et à Saint-Martin. A cette date, le taux d'incidence avoisinait 53,3 pour 100 000 habitants et le taux de positivité était de 1% avec une moyenne de 201 cas enregistrés.

Près de trois semaines plus tard, la circulation du virus s'est accélérée, le variant Omicron est désormais majoritaire à 95% des prélèvements effectués à la date du 10 janvier. Tous les indicateurs épidémiques connaissent une envolée :  le taux d'incidence affiche 2 894 cas pour 100 000 habitants et le taux de positif est désormais fixé à 21%. Sur la période du 7 janvier au 10 janvier, le territoire comptabilise 5 300 nouveaux cas. Concernant la pression hospitalière, elle approche du 100% d'occupation. Sur la capacité de 35 lits de réanimation dont dispose le territoire, 28 patients en réanimation occupent ces lits. 

Face à l'augmentation de cas, l'état d'urgence sanitaire a été déclaré le 5 janvier en Guadeloupe par le Gouvernement. Le couvre-feu a été instauré dans la foulée dès le 6 janvier de 22h à 5 heures avant d'être élargi de 20 heures à 5 heures, à compter du lundi 10 janvier. Parallèlement, l’accès aux plages, bords de rivières et plans d’eau est interdit entre 18 heures et 5 heures ; les pique-niques sont interdits dans ces espaces dans la journée. Les rassemblements de plus de 6 personnes sont interdits sur la voie publique, dans les espaces publics (plages y compris) ou dans un lieu ouvert au public.

Sur le plan de la vaccination, le territoire est encore à la traîne. Seule 44,2% de la population totale est vaccinée (sur un total de  et 47% des personnes de plus de 18 ans ont reçu leur première dose de vaccination. En revanche, les taux de vaccination chez les personnes astreintes à l’obligation vaccinale atteignent plus de 95 %. Une obligation vaccinale qui a fait l'un des points majeurs d'une contestation sociale  en novembre 2021. Le combat contre l'obligation vaccinale ne concerne plus désormais que certains manifestants "déterminés à aller jusqu'au bout", selon les leaders des différentes organisations, et qui maintiennent des meetings et des actions sporadiques.

Saint-Martin et Saint-Barthélémy : des indicateurs épidémiologiques qui explosent

A l'instar de la Guadeloupe, les îles du Nord, Saint-Martin et Saint-Barthélémy connaissent une dégradation de leur situation sanitaire depuis le début de l'année. Depuis le 7 janvier, elles sont concernées par un couvre-feu s'étalant de minuit à 5 heures du matin

Pour la semaine du 27 décembre 2021 au 2 janvier 2022, on dénombre 1 104 nouveaux cas sur le territoire de Saint-Martin, contre 142 la semaine précédente.Selon les derniers chiffres fournis par l'ARS, le taux d’incidence est en très nette hausse et s’établit à 3 088.5 /100 000 habitants et le taux de positivité hebdomadaire est également en très forte hausse, avec un taux de 18.0 % contre 4.1% sept jours auparavant.

Même tendance à Saint-Barthélémy, où le taux d’incidence s’établit à 4 370.5/100 000 habitants, contre 2 501.8 pour 100 000 habitants. Le taux de positivité s’établit à 14.6%, selon les données de l'ARS contre 13.0%. 205 nouveaux cas de COVID ont déjà été enregistrés à la date du 3 janvier sur 1 096 analyses effectuées.

A Saint-Barthélémy, la couverture vaccinale de la population âgée de plus de 12 ans est de 88,7% pour une dose, de 85,1% pour la deuxième dose et de 26.1% pour la troisième dose. Pour la population majeure, la couverture vaccinale en premières doses est de 77.9%.

A Saint-Martin, la couverture vaccinale de la population âgée de plus de 12 ans est de 47,41% pour une dose, de 39,68% pour la deuxième dose et de 11.51% pour la troisième dose au 4 janvier. Pour la population majeure la couverture vaccinale en premières doses est de 50,89%.

Martinique : « Objectif, éviter le confinement »

La question d'un énième confinement se pose sur l'île depuis plusieurs jours. Le Préfet de la Martinique Stanislas Cazelles avait fait part de cette possibilité au cours de la précédente conférence de presse sur la Covid-19,  si « la situation sanitaire s'améliore pas ».  Depuis le 24 décembre 2021, date du premier cas Omicron découvert sur le territoire, la cinquième vague s'est accélérée.  A la date du 10 janvier, 1842 nouveaux cas ont été confirmés en 48h par les autorités sanitaires. Le taux d'incidence s'établit à 1 948 cas pour 100 000 habitants et un taux de positivité affiche 15,5% sur les 7 derniers jours.

Sur le plan hospitalier, 96 personnes étaient hospitalisées dont 31 étaient en soins critiques.  La semaine dernière Le CHU de Martinique craint la montée en puissance de cette nouvelle vague épidémique et un engorgement de ses services, tel qu'il l'a connu durant les grandes vacances lors de la quatrième vague avec le variant Delta. « Nous avons une situation très critique et qui est très dure  mais on ne va pas aller au confinement tout de suite. On va tout faire pour ne pas aller au confinement.Le confinement ce n'est pas la solution magique», a indiqué le préfet de la Martinique sur RCI Martinique.

Depuis le 1er janvier, 1 524 personnes ont reçu leur première dose, soit une moyenne de 200 à 300 personnes chaque jour. « C’est le plus fort bilan depuis deux mois, ce qui montre qu’en période de crise, les gens se tournent vers la vaccination, et ils ont raison », s’est félicité le préfet sur RCI.

Guyane : Le territoire ultramarin le moins vacciné

4 510 cas positifs ont été enregistrés en trois jours où le premier cas du variant Omicron a été détecté le 23 décembre 2021. Dans le détail, 134 patients hospitalisés sont actuellement hospitalisés dont 9 personnes sont placées en réanimation. Le taux d'incidence s'élève à 3399 cas pour 100 000 habitants, le taux de positivité connaît une légère baisse et s'établit autour des 35,2% contre 42% la semaine précédente.

Comme aux Antilles, l'état d'urgence sanitaire a été déclaré le 5 janvier. Le couvre-feu a été rétabli le 7 janvier dans les communes de Cayenne à Kourou. Les centres hospitaliers ont déclenché le plan blan pour faire face à cette nouvelle vague de contaminations à la demande de Clara de Bort, directrice de l'ARS. La couverture vaccinale sur le territoire reste très faible. Depuis le début de la campagne de vaccination, seule 39,7% de la population est vaccinée. 

Saint-Pierre-et-Miquelon : une situation maîtrisée

Dans l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, la situation épidémique semble maintenue même s'il connaît une hausse de son taux d'incidence. Il est est actuellement de 2 666 pour 100 000 habitants. D'après le point de situation du mardi 11 janvier, 48 nouveaux cas positifs de Covid-19 ont été détectés en 24 heures et on recense 160 cas actifs de Covid-19 sur le territoire. Des renforts sanitaires sont notamment attendus même si les autorités n'évoquent aucune forme grave à ce stade. Saint-Pierre et Miquelon est le seul territoire en Outre-mer qui n'est pas concerné par l'état d'urgence sanitaire.

Mayotte : « Risque et incertitude » 

Sur l’île, le taux d’incidence s’établit désormais à 2 362 cas pour 100 000 habitants. « La propagation du variant Omicron sur le territoire continue », note l’ARS. « Les indicateurs épidémiologiques ne cessent de se dégrader ». 6 601 nouveaux cas ont été détectés entre le 1er et le 7 janvier. 

Pour le directeur général de l’ARS, Mayotte est aujourd’hui en « phase d’incertitude où on ne sait pas ce qui va se passer en matière d’impact sur l’offre de soins ». Actuellement, 80 patients sont hospitalisés du covid-19, dont 4 en réanimation. « Pour le moment et pour être tout à fait transparent, il n’y a pas d’afflux de patients de la covid » reconnaît Olivier Brahic qui prévient toutefois, « Depuis le début de cette pandémie, il y a toujours un délai entre le taux d’augmentation de l’incidence et l’impact hospitalier ». 

L’incertitude à Mayotte est aussi due au nombre de soignants déclarés positifs et donc absents : 25 à 30% des personnels selon Olivier Brahic. L’hôpital à Mayotte doit donc se réorganiser pour à la fois faire face à la contamination des soignants et celle des patients. En outre, Olivier Brahic a annoncé avoir demandé au gouvernement « de bénéficier du renfort des armées » si la situation de l’hôpital venait à se tendre. « Cet arbitrage a été en notre faveur », a-t-il assuré. « Cela veut dire concrètement que si le service de réanimation est submergé, nous bénéficierons de l’appui national à hauteur de 5 lits... ».

Sur le terrain de la vaccination, le taux tourne autour des 66% selon le site covidtracker. Plus en détail, Olivier Brahic recense « 60 % des plus de 75 ans » qui « ne sont pas vaccinées et ma crainte est de retrouver ces personnes les plus à risque à l’hôpital... ». 

La Réunion : Semaine décisive 

L'épidémie continue de prendre de l'ampleur à La Réunion, et ce malgré la mise en place d'un couvre-feu à partir de 21h. Plus de 10 000 nouveaux cas recensés en 3 jours sur l’île, un niveau record de circulation du virus. L’ARS vient d'annoncer un taux d’incidence à 2 639 cas pour 100 000 habitants et la tension hospitalière « est extrême » : 50 patients Covid hospitalisés en réanimation et 90 patients Covid en médecine. « Cette semaine, ce sont 16 décès liés à la Covid-19 qui sont à déplorer contre 10 la semaine dernière », ajoute l'ARS.

Vendredi, l’île en état d’urgence sanitaire recensait 90% des lits en réanimation occupés, alors même que le pic épidémique n’a pas encore été atteint et que les hospitalisations augmenteront encore. « Nous pouvons augmenter un peu le nombre de nouveaux lits en réanimation et en médecine, mais de manière limitée » a annoncé Lionel Calenge, directeur du CHU de La Réunion. 

« Nous sommes encore dans une période charnière, la vague Delta n'est pas terminée et la vague d'Omicron s'installe chaque jour davantage à La Réunion », a commenté Martine Ladoucette, directrice de l’ARS. « Nous sommes encore dans l'inconnu de savoir si nous arriverons à contenir l'évolution des hospitalisations ». Selon l'ARS, 47,7% des cas enregistrés du 1er au 7 janvier sont attribués au variant Delta, contre 24,2% attribués à Omicron et 27,1% considérés comme suspect au variant Omicron.

Le taux de vaccination sur l’île s’élevait à 67% au 31 décembre (2 doses ou une 1 dose Janssen). Sur les 270 000 personnes éligibles au rappel, 170 000 personnes l’ont réalisé au 4 janvier. « Le rappel renforce sensiblement la protection vaccinale contre la contamination et plus encore contre les formes graves de la maladie. Il conditionne la validité du passe sanitaire » insiste l’ARS. 

Malgré la « progression fulgurante » de l'épidémie, le préfet n'a pour l'heure pas annoncé de nouvelles mesures de freinage.

Polynésie : Accélération de la vaccination

En Polynésie, si les autorités n’ont pas les chiffres exacts du nombre de cas infectés par Omicron, le nouveau variant est, là aussi, considéré majoritaire. Selon le dernier bilan sanitaire, 179 nouveaux cas ont été enregistrés ces 5 derniers, dont 107 sont des cas locaux. Le nombre de nouveaux cas par contamination locale reste modéré (environ 20 par jour), alors que les cas importés continuent à être identifiés à raison de 10 à 20 par vol, note le gouvernement local. 

Entre juillet et septembre, la Polynésie a connu une seconde vague fulgurante et meurtrière, faisant près de 600 victimes en l’espace de trois mois, en raison de la circulation du variant Delta. Pour l’heure, la pression hospitalière est peu comparable : deux nouvelles hospitalisations pour covid aïgu ont été signalées et le service de réanimation reste épargné.  

Et alors que le taux de vaccination de la Collectivité d’Outre-mer était faible lors de la circulation du variant Delta, les autorités locales ont mis un coup d'accélérateur en ce début d’année. La semaine dernière, la Présidence de la Polynésie s’est une nouvelle fois transformée en centre de vaccination, administrant 4 588 doses de vaccins en 5 jours. Le taux de vaccination s’établit à 72,7% des personnes de plus de 12 ans, et pour le renforcer encore, le gouvernement polynésien a décidé de réitérer l’opération du lundi 10 au dimanche 16 janvier (sauf le jeudi 13). 

Nouvelle-Calédonie : Cas locaux confirmés

Quelques mois après la toute première vague épidémique en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement local a confirmé la circulation du variant Omicron parmi la population. « Des cas locaux sans lien direct avec des voyageurs ont été identifiés », précise l’exécutif.  

Depuis le 20 décembre 2021, date des premières suspicions, et jusqu’à la semaine dernière, seuls 5,7 % des PCR analysées avaient pu être classées Omicron. La situation a basculé ce week-end avec la confirmation que certains de ces nouveaux cas Omicron n’avaient pas de liens avec les premiers voyageurs porteurs du variant. Le couperet est tombé : le variant circule et tout va aller très vite.

Selon le dernier point sanitaire et vaccinal, l’archipel compte 86 nouveaux cas ces dernières 24h et le taux d’incidence est de 119 cas pour 100 000 habitants, contre 77 cas pour 100 000 habitants il y a une semaine. Quant à la couverture vaccinale, elle atteint près de 65% de la population totale. 

« C’est le moment ou jamais de se faire vacciner… et pour les personnes ayant reçu les deux doses, de réaliser la troisième, car c’est la seule façon de réduire la circulation du virus et d’être protégés efficacement », a insisté le docteur Anne Pfannstiel, médecins de la direction des affaires sanitaires et sociales. « En outre, quand le virus circule moins, il y a moins de mutations et donc moins d’apparitions de nouveaux variants ».  

Par Eline Ulysse et Jean Tenahe Faatau.