Covid-19 : La septaine, un « coup de massue » pour les acteurs du tourisme en Outre-mer

Covid-19 : La septaine, un « coup de massue » pour les acteurs du tourisme en Outre-mer

Un hôtel de La Réunion ©Outremers360 (archives)

La mise en place d’une septaine obligatoire inquiète les acteurs du tourisme en Outre-mer, notamment aux Antilles et à La Réunion, où cette mesure s’applique. « Coup de massue », « brutale », « excessive », les mots sont durs pour décrire un sentiment de désarroi. 

À l’aéroport international Pôle Caraïbes de Guadeloupe, les passagers fraîchement arrivés font preuve de fatalisme. « On a pris l’habitude du télétravail, donc ce sera télétravail à l’hôtel » a confié un touriste, interrogé par Guadeloupe La 1ère. « C’est plus raisonnable compte tenu de l’épidémie » concède un autre touriste. « Pour les professionnels c’est peut-être plus compliqué », ajoute-t-il. En effet, qu’ils soient de Guadeloupe, de Martinique ou de La Réunion, les acteurs de l’industrie touristique Outre-mer crient au « coup de massue », face à cet engagement moral d’auto-isolement de 7 jours, récemment imposé aux arrivants.

« Les dernières mesures arrivent comme un coup de massue au moment où les choses commençaient à repartir », regrette Olivia Ramoutard, 1ère vice-présidente de la Fédération du tourisme de proximité en Guadeloupe. Déplorant des « annulations », elle rappelle que le séjour moyen d’un touriste en Guadeloupe est de 13 jours, « et on va lui annoncer qu’il doit s’auto-confiner sept jours et qu’en plus, il va devoir faire un test PCR » pour sortir d’isolement. « C’est un frais au voyage », poursuit-elle, et une « catastrophe » pour le tourisme de l’île.

« On est complètement abasourdi », a déclaré Patrick Vial-Collet, président de la CCI de Guadeloupe, qui a mené le consortium ultramarin ayant récemment repris la compagnie Corsair. « On va avoir beaucoup d’annulations et la prise de commande s’est nettement stoppée » observe-t-il, notant une baisse de 60% des réservations. Il souligne également des craintes des prestataires, hors hébergement, qui ne pourront plus faire de chiffre d’affaires.

Pointant du doigt, là encore, une décision sans concertation des professionnels, le président du groupement hôtelier et touristique de la Guadeloupe, Nicolas Vion, estime que « la situation sanitaire est bien meilleure que dans l’Hexagone » pour critiquer une mesure « brutale », « excessive », « inappropriée » qui va « à l’encontre de la décentralisation ». « C’est désolant » commente de son côté Pascale Augustin, directrice de l’Agence West Indies Voyages, interrogée par Guadeloupe La 1ère. « On fait 10 pas en avant, 50 en arrière ».

En Martinique, les hôteliers déplorent une mesure qui se heurte à sa mise en œuvre effective. « Il n’est pas du rôle de la structure d’hébergement de vérifier que la personne respecte la septaine. C’est une responsabilité individuelle et c’est à chacun de respecter les consignes qui lui sont données », a ainsi rappelé Sébastien Gintz, directeur d’hôtel de Martinique, interrogé par RCI. « On nous demande de voir si on peut arranger les choses, mettre en place des circulations et heures alternées… Mais faire le gendarme, ce n’est pas mon rôle », déclare un autre directeur d’hôtel à la sortie d’une réunion avec le préfet Stanislas Cazelles.

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À La Réunion aussi, la décision du gouvernement fait débat. « Vous avez des personnes qui viennent à La Réunion pour travailler, elles viennent pour quelques jours, comment imaginer qu’elles fassent une semaine de septaine en arrivant, et qu’en arrivant en métropole ces personnes refassent encore une semaine de septaine. C’est quelque chose qui est difficilement envisageable », souligne le président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), Patrick Servaux.

Évoquant un « coup de poignard porté à l’activité économique », Patrick Serveaux évoque un renforcement des contrôles sur les vols en provenance de Mayotte, « unique porte aujourd’hui qui existe » au variant sud-africain du Covid-19. « Il faut être pragmatique dans les décisions qui sont prises. Il n’y a aucune raison si on ferme la porte de Mayotte, que nous ayons d’autres cas du virus 500-1 », justifie-t-il. « Je ne comprends pas qu’on ait attendu seulement la semaine dernière pour imposer le test PCR au départ de Mayotte ».