Chlordécone : Santé Publique France lance l’étude Kannari 2 en Guadeloupe et en Martinique pour mieux évaluer l’imprégnation de la population

Bananeraie en Martinique ©Outremers360

Chlordécone : Santé Publique France lance l’étude Kannari 2 en Guadeloupe et en Martinique pour mieux évaluer l’imprégnation de la population

Santé Publique France (SPF) vient de lancer le deuxième volet de l’étude Kannari, visant à mesurer l’imprégnation à la chlordécone et à d’autres polluants environnementaux des populations guadeloupéenne et martiniquaise. Plus de 3000 participants dont 700 enfants et adolescents âgés de 6 ans à 17 ans vont être tirés au sort, et SPF invite vivement ces personnes à contribuer à l’enquête.  

 

L’étude fait partie du Plan chlordécone IV et vise à « améliorer les connaissances afin de poursuivre et renforcer les mesures de prévention de l’exposition à la chlordécone et autres polluants aux Antilles, avec des mesures d’accompagnement adaptées », selon SPF. Pour rappel, les résultats de l’étude Kannari 1 (2013-2014) avaient montré que plus de neuf Antillais sur dix avaient de la chlordécone détectable dans le sang.

« Ce qui correspond à 14% de la population adulte en Guadeloupe et 25% en Martinique qui présentent un dépassement de la valeur toxicologique de référence interne (VTRi) établi par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ndlr) en 2021. La VTRi permet de déterminer les seuils au-dessus desquels le risque d’apparition d’effets sur la santé ne peut être exclu et ainsi repérer les profils de population et zones géographiques sur lesquels l’action doit être renforcée », précise SPF.

 Kannari 2 a notamment pour principaux objectifs de « mesurer l’évolution des niveaux d’imprégnation de la population à la chlordécone, 10 ans après la première étude Kannari ;  d’évaluer l’imprégnation à une sélection d’autres molécules (pesticides et métaux lourds), dont certains pour la première fois  comme le glyphosate, les métabolites des pyréthrinoides et plusieurs métaux lourds (plomb, arsenic, mercure) ; et d’étudier l’imprégnation des populations plus sensibles (enfants et femmes en âge de procréer) et plus exposées (travailleurs agricoles, pêcheurs, personnes résidant en zone contaminée) ».

 L’étude Kannari 2 va se dérouler de janvier à juillet 2024 sur l’ensemble des communes de Guadeloupe continentale et de Martinique. Les personnes tirées au sort seront informées par courrier. L’enquête s’effectuera selon les modalités ci-dessous.

 

 

L’étude est établie sur la base du volontariat des personnes tirées au sort. Il existe également des affiches, vidéos et dépliants permettant de présenter l’enquête à la population et de prévenir l’exposition à la chlordécone. SPF a également mis en place un numéro vert gratuit depuis un poste fixe ou un mobile (0 800 945 901) et un site internet (www.kannari2.fr) pour répondre à toute question.

Selon Jacques Rosine, responsable de SPF Antilles « les données collectées par l’étude Kannari 2 permettront d’avoir une analyse populationnelle et ainsi comprendre les modalités d’exposition et les niveaux d’imprégnation de l’ensemble de la population. Il est important que la population participe massivement pour nous permettre de produire des résultats utiles, robustes et fiables : l’objectif est de 3000 participants. Cette étude est complémentaire des actions des ARS qui ont mis en place la chlordéconémie, une mesure individuelle de son imprégnation et des programmes d’accompagnement personnalisés. »

Les enseignements clés de l’étude Kannari 1 (2013-2014)

« Les résultats de l’étude Kannari 1 ont montré que l’exposition à la chlordécone était généralisée au sein de la population antillaise et comparable entre la Martinique et la Guadeloupe : 95% des résidents en Guadeloupe et 92% en Martinique présentaient des niveaux détectables de chlordécone dans le sang. (…)

L’étude Kannari 1 a permis de révéler le profil des personnes les plus imprégnées, à savoir :

- les pêcheurs et les résidents des zones contaminées ou vivant à proximité de zones de pêche interdites ;

- les forts consommateurs de produits de la pêche (poissons, coquillages, crustacés) et de légumes racines et tubercules ;

- les personnes consommant majoritairement des aliments provenant d’un circuit informel (produits dans un jardin / élevage familial ou issu de la pêche amateur).

La consommation totale de poissons frais (toutes espèces confondues), en particulier issus de circuits informels, et la contamination des milieux sont les principales sources d’exposition à la chlordécone. L’étude Kannari 1 a révélé que l’alimentation représentait la principale source d’exposition et ainsi permis de formuler les recommandations visant à réduire l’exposition en renforçant et précisant la dimension alimentaire.

À la suite de cette étude, les ARS ont proposé un dépistage individuel de la chlordéconémie à la population ainsi que des dispositifs d’accompagnement visant à réduire les expositions individuelles à la chlordécone en cas de dépassement du seuil. » (Source : SPF)

 

 

PM