Bouleversements climatiques : « Les solutions sont dans la nature », selon l’OFB. Trois exemples dans les Outre-mer

©J.Ravillon/Cacem/Civis

Bouleversements climatiques : « Les solutions sont dans la nature », selon l’OFB. Trois exemples dans les Outre-mer

Établissement public chargé de la préservation de la biodiversité, l’Office français de la biodiversité (OFB) est particulièrement engagé dans la lutte contre les bouleversements climatiques. Il pilote entre autres, avec de nombreux partenaires, un projet spécifiquement dédié à la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature pour l’adaptation aux changements climatiques des territoires de l’Hexagone et des Outre-mer : le Projet Life ARTISAN. L’objectif est de créer en huit ans un cadre propice au déploiement de solutions et d’adaptation basé sur le bon fonctionnement des écosystèmes dans toutes les régions, notamment ultramarines. Dans un récent rapport, l’OFB présente trois exemples de projets : à La Réunion, en Martinique et en Nouvelle-Calédonie.

La Réunion

À l’Étang du Gol, il s’agit de restaurer une lagune pour prévenir les inondations. Cet étang est un espace naturel remarquable situé sur le littoral sud-ouest de l’île, s'étendant sur 81 hectares. Propriété du Conservatoire du littoral, ce site présente une biodiversité exceptionnelle, notamment avec la présence d'espèces rares et menacées, en particulier des limicoles migrateurs. Cependant, l'écosystème fait face à de nombreuses menaces : entouré de zones industrielles, artisanales et agricoles, l'Étang du Gol est confronté à des pressions environnementales significatives. Il est régulièrement envahi par des espèces exotiques comme les jacinthes et laitues d'eau, qui non seulement perturbent l'écosystème mais représentent également un risque d'inondation pour les zones urbaines environnantes.

« Ces espèces exotiques envahissantes font l’objet d’une lutte manuelle pour rétablir les fonctionnalités de la zone humide au profit de la végétation indigène et d’une fréquentation de la faune locale », souligne l’OFB. « Le retrait de nombreux déchets provenant de l’amont, ainsi que de débris en travers du cours d’eau, a permis de contribuer à l’amélioration de l’écoulement de l’eau des ravines vers l’Étang du Gol, puis vers l’océan, et à la restauration de la continuité écologique du site ». Achevés, ces travaux de réhabilitation ont coûté 300 000 euros sur une durée de trois mois, avec un suivi écologique à hauteur de 20 000 euros.

La Martinique

À l’Étang Z’Abricots à Fort-de-France, l’objectif est de s’adapter à l’élévation du niveau marin et à l’érosion grâce à la mangrove. Le projet "Z'AB" vise à renforcer naturellement la protection du port de plaisance de l'étang contre les risques marins liés au changement climatique. La stratégie repose sur l'accumulation de sédiments à la pointe sableuse des Z'Abricots pour favoriser le développement d'une mangrove qui servirait de barrière naturelle en cas de conditions maritimes difficiles. Pour ce faire, les aménageurs ont implanté environ cinquante pieux en bois et filets en fibres végétales dans la zone. Ces dispositifs ont pour but de créer un environnement propice à la colonisation naturelle et à la croissance progressive de la mangrove vers le Sud de la Pointe des Sables.

Selon le rapport, le projet comporte plusieurs bénéfices, en particulier de « favoriser le développement des espèces associées à la mangrove (éponges, mollusques, poissons, etc.), ses fonctionnalités écologiques (nurserie pour les poissons juvéniles) ainsi que le stockage de carbone associé à cet écosystème ; améliorer le confort des habitants vivant sur la côte ; et de sensibiliser aux enjeux environnementaux du littoral martiniquais avec la création d’un lieu pédagogique ». Le financement est porté par le Projet Life ARTISAN, la Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique ainsi que l’Office de l’Eau.

La Nouvelle-Calédonie

Dans la commune de Waa Wi Luu, l’ambition est de restaurer les écosystèmes pour la prévention des risques gravitaires. En effet, « le 22 novembre 2016, des intempéries d’une rare intensité ont entraîné des éboulements meurtriers et des inondations dans la commune. (…) Huit personnes sont décédées, des maisons ont été ensevelies, et les dégâts matériels sur les cultures et les infrastructures ont été estimés à environ 10 millions d’euros. Des coulées torrentielles et glissements de terrains se sont déclenchés dans des zones où la végétation était fortement dégradée, notamment par des incendies récurrents, du décapage minier (enlèvement de la terre végétale), et des espèces invasives », relève l’OFB.

Cependant, grâce au projet dit REPRiSE, la commune a adopté une approche novatrice de gestion des risques, en misant sur des solutions fondées sur la nature. En impliquant activement les communautés locales dans la cogestion de l'environnement, ce projet a permis de restaurer les écosystèmes dégradés à travers des actions concrètes telles que le reboisement avec des espèces endémiques, la conception d’ouvrages anti-érosion végétalisés, la lutte contre les espèces invasives et la prévention des risques liés au feu. Dorénavant terminée, l’initiative a été financée par l’ADEME (Agence française de la transition écologique, ndlr), le groupe minier Eramet-SLN, l’industrie hydro-électrique ENERCAL et la commune, pour un montant de 1 463 000 euros.

PM