Après la Martinique et La Réunion, c’est la Guyane qui a effectué son bilan d’étape du CIOM ce jeudi 23 novembre, autour du ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier. Des échanges « tendus et houleux » d’après le président de la Collectivité territoriale Gabriel Serville, peu convaincu par la méthode et davantage porté sur l’évolution institutionnelle du territoire.
« Toutes les réunions sont utiles. Chaque fois qu’on se donne le temps de se parler, c’est utile » débute, diplomate, Gabriel Serville, avant d’évoquer des « échanges très houleux, très tendus ». « Nous avons tenus à rappeler que la Guyane vit des problématiques particulières qui nécessitent des décisions précises. Aujourd’hui j’avais l’impression d’être dans un hypermarché à faire des courses », lance-t-il.
Le président de la Collectivité territoriale de Guyane déplore notamment l’évolution institutionnelle du territoire qui, selon lui, « stagne ». « Notre feuille de route, c’est d’abord l’évolution institutionnelle. Deuxièmement, c’est l’éradication définitive de l’orpaillage illégal » a-t-il ajouté. Pour Gabriel Serville, « ce à quoi on doit s’employer aujourd’hui, c’est définir un autre cadre, refonder nos relations entre Paris et les Outre-mer et en particulier entre Paris et Cayenne ».
Le président de la Collectivité territoriale a rappelé les travaux des élus locaux et les résolutions adoptées en Congrès sur l’évolution statutaire du territoire. Le 20 octobre dernier, le président de la République avait annoncé la nomination début novembre d’experts pour travailler sur les éventuelles évolutions institutionnelles en Outre-mer, en distinguant toutefois la réforme constitutionnelle prévue pour la Nouvelle-Calédonie et l’engagement pour l’autonomie de la Corse.
« Je me pose la question de savoir si le gouvernement est vraiment sincère avec nous » a déploré Gabriel Serville. « Cette question de l’évolution institutionnelle de la Guyane ne date pas d’aujourd’hui, elle date de 1958 » rappelle-t-il, « mais on se rend compte que les gouvernements qui se sont succédés n’ont jamais réellement eu à cœur de nous accompagner dans ce processus ». Il critique également le retard pris pour les nominations des experts institutionnels qui sont, à ce jour, toujours inconnus.
« Le changement radical qui doit être opéré, c’est maintenant. On a trop traîné » a tancé le député GDR Jean-Victor Castor. Le membre du Mouvement de décolonisation et d'émancipation sociale de Guyane se montre plus vindicatif sur l’évolution institutionnelle. « La Guyane, c’est un pays (…). Soit on continue à faire des petites réformettes, et le CIOM c’est ça, soit on s’engage sur un vrai débat sur ce qu’on fait de la Guyane. Le CIOM ne répond pas à nos attentes », a ajouté le député qui plaide pour une « autonomie la plus large possible ».
« Les voix du dialogue sont là » a tempéré le ministre Philippe Vigier. « Je leur ai dit ma disponibilité pour travailler sur l’institutionnel, sur les questions liées à la sécurité, à l’orpaillage, au schéma d’infrastructure du projet global de la Guyane » a-t-il ajouté, assurant que le travail des experts sur l’évolution institutionnel « va être réalisé dans les toutes prochaines semaines ». « J’ai regardé un sondage il n’y a pas très longtemps qui disait que les Guyanais voulaient qu’on s’occupe de leur vie quotidienne », a aussi assuré le ministre. À noter que pour le bilan d’étape de la Guyane, Philippe Vigier était accompagné par le directeur de cabinet de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Alexandre Brugère.