Vincent Jarnigon est journaliste et directeur délégué d’Infomer. Cette filiale du groupe Ouest-France est spécialisée dans le maritime et organisatrice (1) pour le quotidien Ouest-France de la deuxième édition Assises économiques des Outre-mer (#AEOM) le 6 décembre. Il explique en quoi ce rendez-vous fait partie de l’ADN du journal, très attaché au suivi de l’actualité ultramarine.
Pourquoi Ouest-France s’intéresse aux Outre-mer ?
Ce ne sont pas les Outre-mer en particulier mais plutôt un souci de couvrir et raconter dans Ouest-France tous les territoires de France donc les Outre-mer. Bien sûr, au-delà de notre fort ancrage dans l’Ouest et nos zones historiques que sont la Bretagne, la Normandie et les Pays de la Loire, nous avons toujours gardé une place importante à l’actualité de toutes les régions françaises et à l’international. Pour les Outre-mer, notre intérêt s’explique aussi par les liens tissés depuis des siècles entre nos régions de l’Ouest et les départements et régions ultramarins. Les Bretons et les Normands sont de grands voyageurs et beaucoup sont allés travailler au-delà des océans. On pense évidemment aux terre-neuvas partis pêcher à Saint-Pierre et Miquelon et sur les bancs de Terre-Neuve.
Comment se concrétise ce suivi dans vos colonnes et sur votre site ?
Ce suivi est en effet appuyé dans notre version print et il rencontre encore plus d’écho sur notre site qui, aujourd’hui, est l’un des sites d’information générale les plus consultés en France. 70% de nos lecteurs en ligne ne sont pas des habitants des zones dites historiques. Ce qui veut dire que l’on touche un grand nombre de Français de l’hexagone et de l’Outre-mer. Expliquer ce qui se passe en Polynésie, aux Antilles, à Mayotte, à La Réunion… est aussi nécessaire pour comprendre le monde que ce qui se joue dans le Finistère ! Et en matière économique, il y a justement énormément de réalités et d’initiatives à mieux faire connaître. Couvrir les Outre-mer dans leur toute leur dimension et atouts stratégiques reste une priorité pour ne pas en rester aux seules belles cartes postales de plages de sable blanc et de cocotiers que renvoient trop souvent, et médiatiquement, ces territoires.
De quels outils rédactionnels disposez-vous pour soutenir ce suivi ?
Nous avons mis en place plusieurs outils pour tenter de nourrir cet ADN ultramarin. Déjà, depuis six ans, nous soutenons le projet de Valérie Parlan, l’une de nos journalistes collaboratrices, elle-même ayant des racines en Outre-mer, de réaliser des séries de reportages dans les territoires. Il s’agit de longues immersions pour comprendre le quotidien des ultramarins du point de vue social, éducatif, historique, politique, économique… Car encore une fois, si ces terres représentent pour beaucoup des images de vacances exotiques, nous sommes attachés à aller bien au-delà. Pour faire entendre la parole des 2,5 millions de Français qui y naissent, travaillent, innovent, cultivent et se cultivent, s’y soignent, s’y installent, se forment… Nous avons aussi mis en place un réseau de correspondants dans la plupart des territoires qui viennent éclairer l’actualité et nous déployons des équipes de journalistes quand il y a de grands rendez-vous de l’actualité comme, l’an passé, en Nouvelle-Calédonie à l’occasion du troisième référendum. Alors l’organisation de ces Assises était pertinente dans ce panel de leviers pour faire de l’Outre-mer un solide ancrage éditorial.
Lire aussi: Une seconde édition des Assises Economiques des Outre-mer sur le thème "Entreprendre ensemble » le 6 décembre
Quel est le but de ces Assises ?
Ouest-France possède un savoir-faire dans l’évènementiel depuis des années. Nous avons la volonté de créer des instances de partage et des espaces de débats en prolongement de notre journal sur les grands sujets de société. Nous sommes à l’origine des Assises de l’économie de la mer depuis 17 ans, de celles de la Pêche et des produits de la mer, de l’Agriculture et de l’alimentation depuis 2016 sans oublier l’automobile, etc. C’est l’idée de réunir, le temps d’une journée ou deux, les acteurs de ces secteurs et des territoires. Pour l’Outre-mer, nous avions envie d’offrir à notre communauté de lecteurs une approche différente des territoires. Choisir le prisme économique permet d’aborder et de présenter les savoir-faire incroyables trop souvent au second plan parce que le flux de l’actualité relaye davantage ce qui ne fonctionne pas ou moins bien dans les territoires. On parle plus régulièrement des crises sociales, migratoires, climatiques que des milliers d’entrepreneurs et de salariés qui oeuvrent au quotidien pour que les Outre-mer maintiennent leur attractivité, leur compétitivité, leur singularité dans le paysage économique français.
Comment le programme de l’édition 2022 a-t-il été conçu ?
Il est évidemment difficile de réaliser un choix des thématiques abordées. Une journée, c’est peu pour tenter de raconter cette richesse dans toute sa complexité ! Alors nous avons sélectionné huit grands sujets en lien avec l’actualité. On va, par exemple, s’intéresser aux politiques économiques dans un contexte social et institutionnel particulièrement tendu. Comment des investisseurs peuvent être motivés pour créer et maintenir de l’activité dans certaines régions où les tensions sont parfois fortes ? Nous débattrons aussi des questions environnementales dans le secteur maritime, des défis de la transition énergétique et de l’autonomie alimentaire, de la nécessité d’un tourisme plus responsable, de la crise du logement et de l’emploi, des transports collectifs mais aussi de culture et d’identité… Le but, conformément à la ligne éditoriale de Ouest-France, est de décrypter les enjeux de l’actualité, simplement, rigoureusement et à hauteur des femmes et des hommes qui construisent les territoires.
Qui seront les intervenants des débats ?
Nous tenons à mêler les prises de parole, à croiser les expertises et les expériences, à faire débattre. C’est pourquoi nous avons convié des chefs d’entreprises, des acteurs des économies locales, des responsables d’organisations patronales mais aussi des élus, des experts, des chercheurs… Car le « Entreprendre ensemble », comme nous avons titré cette édition, n’est possible que si les compétences entrepreneuriales, sociales, politiques et techniques sont associées.
Pourquoi ce format 100% digital est-il privilégié ?
L’an dernier, en pleine crise sanitaire du Covid, il était impossible de créer un évènement en mode colloque avec une scène et du public. Donc nous avons imaginé cette formule d’une émission de télé depuis un studio à Paris qui permettait l‘accueil des invités en nombre limité mais aussi des visios avec les ultramarins qui ne pouvaient pas se déplacer. L’autre avantage était de proposer à chacun, où qu’il soit, de suivre en direct et gratuitement nos échanges puisque nous avons relayé le live sur la plateforme du site et ensuite l’avons rendu disponible en replay. Finalement, cette formule a séduit alors nous avons décidé de la renouveler en 2023. Le format d’émission offre la possibilité de ne pas rester dans l’entre soi des ultramarins de Paris et de donner au maximum la parole aux acteurs des territoires.
Comment Outremers 360° et d’autres médias ont été associés aux Assises ?
Dès la première édition, il nous a semblé évident de nous entourer des compétences rédactionnelles de consoeurs et de confrères qui s’intéressent aux Outre-mer ou en sont des spécialistes et de vrais relais d’information comme vous à Outremers360°. Il n’y a pas de concurrence entre nous car chacun raconte les territoires selon ses choix éditoriaux, ses moyens rédactionnels, ses sujets de prédilection, ses cœurs de cibles. Nos regards sont vraiment complémentaires. Nous serons aussi soutenus par la rédaction de 20 minutes (NDLR, propriété du groupe Rossel et Ouest-France) et le groupe France-Antilles qui organisera d’ailleurs, depuis la Guadeloupe, la table ronde sur le tourisme.
(1) : Les Assises sont organisées par le groupe Ouest-France, le marin mais aussi par l’agence Ilago et en partenariat avec la FEDOM, le Cluster Maritime Français et le ministère des Outre-mer.
(2) Le programme sur https://economieoutremer.ouest-france.fr/les-assises/
