Le Premier ministre François Bayrou présidera, ce samedi 10 mai, la cérémonie officielle de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition. Celle-ci se déroulera plus précisément dans le quartier du Moulin Blanc, autour de la sculpture « Mémoires » de Max Relouzat et Marc Morvan.
Haute de 10 mètres, l'œuvre en acier a été imaginée en 1998 par Max Relouzat, descendant d'esclaves martiniquais, et militant associatif et syndical de Quimper. Commandée par l'association « Mémoires des esclavages », à Brest, la statue monumentale est inaugurée le 10 mai 2015 lors de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition.
Sa réalisation avait reçu le soutien financier de la ville de Brest, mais aussi « à 65% » par « souscription citoyenne » des Brestois. Une mobilisation « extraordinaire » souligne Max Relouzat. La sculpture s’accompagne d’une plaque commémorative : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude, l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. »

« C'est bien plus qu'une sculpture. C'est bien plus qu'une nouvelle œuvre d'art publique. Il s'agit de la mémoire collective de l'esclavage. Notre ville est fière de prendre sa part à l'éveil des consciences » avait déclaré Bernadette Abiven, première adjointe au maire de Brest, lors de l’inauguration de la sculpture en mai 2015.
Dix ans après, elle devient donc l’épicentre de la cérémonie officielle de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, présidée cette année par François Bayrou, en présence du président de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, Jean-Marc Ayrault, et du maire François Cuillandre, ce samedi à partir de 15h. « C'est un immense honneur et une belle reconnaissance » a salué Max Relouzat, interrogé par France bleu.
« En 1998, quand j'ai commencé à travailler sur le projet d'un monument dédié à l'esclavage en Bretagne, c'était tabou. Il a fallu attendre la loi Taubira qui a permis une évolution et la création de la fondation que préside Jean-Marc Ayrault » rappelle le concepteur de la sculpture. « C'est pour moi un lieu de ressourcement, c'est un endroit très important pour moi, petit-fils d'esclave (...) C'est l'une des œuvres de ma vie, elle est majeure dans mon parcours militant, c'est mon mémoire » a-t-il aussi confié.

Le choix du chef-lieu du Finistère illustre la volonté de la FME de délocaliser la cérémonie officielle de cette journée mémorielle. Mais ce choix fait aussi écho à l’histoire de la ville, rappelle par ailleurs France bleu : « Tout le monde connaît le passé de Nantes, principal port négrier français. Mais comme toutes les villes portuaires, Brest a eu un rapport avec l'esclavage. En 1803, Napoléon a fait déporter 1 500 Antillais dans le « camp des nègres » de Pontanézen ».
« L'esclavage c'est notre histoire, tout le monde doit être concerné. Il faut qu'ils prennent conscience de ce qui s'est passé, mais qu'ils ne regardent pas que dans le rétroviseur, qu'ils regardent vers l'avenir pour éviter qu'on ait des souffrances, qui existent encore dans le monde » a conclu Max Relouzat.