Nouvelle-Calédonie : L’îlot Kotumërë à l’île des Pins disparu sous l’effet de l’érosion

Nouvelle-Calédonie : L’îlot Kotumërë à l’île des Pins disparu sous l’effet de l’érosion

© Nokanhui Jeremy / Flickr

La disparition de l’îlot Kotumërë à l’île des Pins interroge. Est-elle un cri d’alarme sur l’état érosif de l’ensemble des cayes du pays ? Décryptage de notre partenaire Actu.NC

L’annonce de sa disparition a suscité l’émoi. L’îlot Kotumërë, situé dans le nord-ouest de l’atoll de Nokanhui à l’île des Pins, était l’un des plus célèbres de Nouvelle-Calédonie. Sa longue langue de sable fin, entourée d’une eau turquoise, a accueilli bien des amoureux. Il était l’îlot carte postale, probablement l’un des plus romantiques du pays.

Dans les années 1970, il recouvrait 28 kilomètres carrés de surface. Au bout de sa longue langue, il accueillait un regroupement de végétation bien touffu, les oiseaux s’en délectaient. Mais dès la fin de cette décennie, il s’est mis à décliner drastiquement. Le risque de sa disparition annoncée a provoqué sa fermeture aux plaisanciers en 2017. Mais rien n’y a fait, en 2021, il ne reste plus une racine de végétation. L’îlot n’est plus. La disparition de Kotumërë lance un cri d’alarme : les îlots ne seraient-ils pas tous en train de disparaître par notre faute ? La réponse n’est pas aussi tranchée. Il existe une diversité de catégories d’îlots et donc autant de dynamiques différentes. « Bien qu’ayant vu pour d’autres îlots calédoniens des évolutions très rapides, le cas de Kutomërë apparaît comme exceptionnel », rapporte la Dimenc dans son rapport d’observation du suivi du littoral. Avant de préciser : « Kutomërë est un îlot très particulier qui, contrairement aux îlots de la Grande-Terre, ne repose pas sur un platier récifal. Il est constitué par des sables fins. Après 1976, il est probable que les apports sableux à l’origine de l’îlot aient fortement diminué ou se soient arrêtés ».

© Dimenc

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Tous les îlots soumis à l’érosion

Aux dernières mesures effectuées sur site en 2014, Kotumërë ne représentait déjà plus que 7 % de sa surface de 1976. «  Seule l’occurrence d’un événement générateur de forts apports sédimentaires permettrait son « ré-engraissement » et au moins la stabilisation de l’îlot actuel », avait conclu la Dimenc en 2014. Qu’en est-il alors des autres îlots du pays ? D’après les travaux de la Dimenc, sur les 21 îlots suivis à travers les trois provinces, tous ont au moins 50 % de leurs côtes affectées par l’érosion. Pour plusieurs d’entre eux ce taux atteint 100 %. « Cette érosion peut aussi indiquer une migration de l’îlot ou une adaptation de sa géométrie, nuance la Dimenc. En effet, les îlots sont par nature beaucoup plus mobiles que les littoraux de la Grande Terre ou des îles Loyauté ». Reste que sur ces 21 îlots, 19 % sont dans une situation très critique qui peut conduire à leur disparition très probable dans un futur proche et 9 % sont dans une situation critique avec une disparition probable dans le futur proche et une disparition très probable à moyen terme. Un résultat qu’il faut aussi mettre en regard avec les changements anthropiques actuels. « À l’avenir, l’évolution des îlots du lagon néo-calédonien sera très variable en fonction de leur capacité de résilience face aux menaces que constituent les changements climatiques globaux  », prévient la Dimenc.

D.B pour notre partenaire Actu.NC