L’Indice du Climat des Affaires (ICA) a fait une chute importante en Polynésie, de 113 points fin 2019 à 82 au terme du 1er trimestre 2020, selon la dernière tendance conjoncturelle de l’Institut d’Émission d’Outre-mer (IEOM).
« Le trimestre s’achève sur une note très négative, avec un moral des entreprises en berne. L’indicateur du climat des affaires (ICA), qui avait terminé l’exercice 2019 à son plus haut historique, 113 points, chute de 31 points, jusqu’à 82 points, niveau non observé depuis la dépression de 2009-2012 », observe l’IEOM. En 2008, lors de la crise des sub-primes, l’ICA avait chuté à 74 points avant une remontée en dent de scie jusqu’en 2016.
« La plus forte contribution à la dégradation soudaine de l’ICA tient essentiellement aux perceptions pessimistes des chefs d’entreprise sondés sur le futur proche », note encore l’IEOM. « Leurs appréhensions se portent en premier lieu sur le devenir de leur activité et leur situation de trésorerie. Ils craignent également de devoir redimensionner à la baisse leurs effectifs et leurs projets d’investissements ».
Pourtant, « les chefs d’entreprise ont fait état d’une activité́ satisfaisante au début de l’année, dans un contexte de stabilisation de leurs effectifs et de leurs charges d’exploitation ». « Ils estiment en outre avoir bénéficié d’une situation de trésorerie confortable sur les premiers mois de 2020 ». En revanche, la mise en sommeil de la vie économique à partir du 20 mars et les incertitudes quant à sa reprise, les dirigeants économiques sont « unanimement inquiets pour le trimestre suivant ».
« Ils anticipent une contraction drastique de l’activité, qui va fortement dégrader leur trésorerie. Par conséquent, ils redoutent de ne pouvoir maintenir leurs effectifs en l’absence d’aides complémentaires ». Le Revenu exceptionnel de solidarité versé par le Pays leur a permis dans un premier temps de ne pas licencier, rappellent nos confrères de Radio 1 Tahiti. Sans visibilité sur les véritables conditions de reprise des échanges avec l’extérieur, le dispositif DIèSE qui va prendre le relais pour la période post-confinement sera-t-il suffisamment motivant pour que les entreprises conservent encore leurs employés ? s’interroge nos confrères.
Sans surprise, le secteur touristique, qui représente 15% du PIB en Polynésie, est touché de plein fouet par la crise. Lors de la présentation des perspectives économiques pour les territoires ultramarins en 2020, les Instituts d’Émission d’Outre-mer (IEDOM/IEOM) laissaient déjà entrevoir une crise plus marquée pour la Polynésie, en raison de sa dépendance au tourisme.
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Si la Polynésie affiche des pertes d’activités instantanées de l’ordre de 34%, contre 44% en Nouvelle-Calédonie, ce taux pourrait être accentué par le poids du tourisme dans le PIB de la Collectivité et dans l’emploi (12%). En outre, la Polynésie est dépendante à 41% du marché nord-américain et le manque de visibilité quant à une éventuelle réouverture des frontières va peser dans la baisse de son PIB, qui pourrait prévisionnellement être plus importante par rapport aux autres Outre-mer, évalué à -6% en moyenne. « La place centrale du tourisme pourrait pénaliser la reprise de nombreuses activités alors que le secteur devrait être impacté sur une plus longue période », note d’ailleurs l’IEOM.
« En raison des premières mesures de lutte contre le Covid-19, la fréquentation touristique est divisée par trois au mois de mars en glissement annuel, induisant une baisse cumulée de 26,8 % sur le trimestre », constate l’IEOM. Avant la crise, la Polynésie enregistrait ses meilleurs chiffres de fréquentation depuis le début des années 2000, avant la crise du 11 septembre 2001. « Cette interruption de l’activité et l’absence de visibilité sur la réouverture des frontières inquiètent les professionnels interrogés par l’IEOM qui anticipent pour le deuxième trimestre un accroissement de leurs charges d’exploitation et un effondrement de leur trésorerie ».
Symbole de cette déflagration, un grand hôtel de l’île de Moorea, appartenant au groupe Intercontinental, a annoncé sa non réouverture et un plan social massif visant 190 employés sur 192, a rapporté Tahiti-infos. L’hôtel, déjà en difficulté avant la crise du covid, semble avoir été achevé par la fermeture des vols internationaux, le confinement et les restrictions de déplacement inter-îles. Le groupe devrait se replier sur ses autres établissements, plus solides, sur les îles de Tahiti et Bora Bora.
Parmi les autres chiffres, l’IEOM a observé une progression de 0,9% de l’indice des prix à la consommation en rythme annuel, au 1er trimestre. « La plus forte contribution à la hausse vient des produits alimentaires et boissons non alcoolisées (+5 %). La progression des tarifs de la division logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (+1,9 %) et des transports (+0,8 %) est moins marquée. La tendance globale est néanmoins atténuée par la contraction de 13 % des tarifs des communications, favorisée par l’arrivée d’un troisième opérateur de téléphonie mobile en décembre ». La consommation, moteur de la croissance polynésienne, marque également le pas.