Vale NC : Indépendantistes et coutumiers opposés au possible rachat de l’Usine du sud par Trafigura

Vale NC : Indépendantistes et coutumiers opposés au possible rachat de l’Usine du sud par Trafigura

Indépendantistes et coutumiers kanak s’opposent fermement à la possible reprise de l’usine de nickel du brésilien Vale en Nouvelle-Calédonie, menacée de fermeture, par un consortium comportant le groupe suisse Trafigura. 

« Nous ne voulons pas de cette société, qui est un trader et qui a maille à partir avec la justice au sujet de trafic de déchets toxiques », a déclaré lors d’une conférence de presse, Victor Tutugoro, porte-parole du FLNKS, en allusion à de précédentes condamnations du géant du négoce pétrolier. La coalition indépendantiste a invité la population à participer à une mobilisation le 30 octobre sur le site de l’usine et à Nouméa, lancée par l’Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) pour s’opposer à cette possible transaction. Le syndicat USTKE a de son côté appelé à une grève générale de 24 heures.

Début septembre, après l’échec d’une première offre de reprise par des Australiens, Vale-NC a prévenu qu’en l’absence d’alternative « solide et durable » d’ici fin octobre, elle enclencherait la fermeture de son complexe métallurgique de nickel dans le sud de l’île, qui exploite le fabuleux gisement de Goro. Plus de 3 000 emplois sont en jeu.

Une nouvelle offre incluant le trader suisse Trafigura (25%), un actionnariat salarié, une participation de la collectivité provinciale du sud et un groupement d’investisseurs serait sur le point d’aboutir, selon des sources concordantes. Les indépendantistes et leurs alliés dénoncent « la mainmise des multinationales sur les richesses minières du pays » et défendent une solution concurrente d’un consortium calédonien et sud-coréen, entre la Société financière de la province Nord (Sofinor) gérée par le FLNKS et Korea Zinc.

Suspicions de « corruption »

Lundi, Vale l’a officiellement écartée, suscitant « l’étonnement » de la Sofinor, qui a affirmé que le géant brésilien refusait aux experts calédoniens et coréens l’accès au site permettant de compléter leur proposition. Sur Facebook, l’association calédonienne Ensemble pour la Planète (EPLP), qui regroupent plusieurs associations environnementales, estimait que les « exigences » de la Sofinor et Korea Zinc étaient « liées à une prudence élémentaire ». « Nous serions au contraire très inquiets qu’un repreneur se déclare sans respecter ces principes de bonne gestion. En effet, cela dénoterait un aveuglement ou un je m’enfoutisme de très mauvais aloi pour la suite », a poursuivi l’association présidée par Martine Cornaille.

Dans une seconde publication, l’association soulignait également des suspicions de « corruption », de « liens avec des régimes peu recommandables » et d’ « abus environnementaux » dont fait l’objet Trafigura, listant l’ensemble des faits dans lesquels le négoce suisse est impliqué. « Est-ce bien ce qui est souhaitable pour le repreneur de Vale NC ? », s’interrogeait EPLP qui appelle « pouvoirs publics » à « un traitement équitable, non discriminatoire, de tous les candidats repreneurs ».

Alors que le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, est en visite sur le Caillou jusqu’à jeudi, le FLNKS a également « interpellé l’État », impliqué par le biais d’accord de défiscalisation et d’un prêt de 200 millions d’euros à Vale en 2016. Dans ce cadre, le gouvernement participe activement à la recherche d’un sauvetage de l’usine.

Victor Tutugoro a averti que le dossier Vale « pourrait mettre à mal la sortie du processus » de décolonisation de l’Accord de Nouméa, qui touchera à sa fin en 2022. Après le deuxième référendum sur l’indépendance du 4 octobre, remporté d’une courte tête par les non indépendantistes (53,3%), Sébastien Lecornu tente de relancer le dialogue entre les acteurs calédoniens, dans un climat tendu.

Avec AFP.