Une loi de pays pour structurer l’enseignement des langues et cultures polynésiennes

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Une loi de pays pour structurer l’enseignement des langues et cultures polynésiennes

Le projet de loi présenté au conseil des ministres le 12 juillet dernier relatif à l’enseignement des langues et cultures polynésiennes a reçu ce matin un avis favorable du Cesec, par 36 voix pour et 2 abstentions. L’institution consultative exprime cependant un certain nombre de recommandations pour la réussite de la démarche. Les explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Le Cesec a voté un avis favorable au projet de loi relatif à l’enseignement des langues et cultures polynésiennes présenté au conseil des ministres il y a un mois. Le projet de loi avait déjà été approuvé le 17 mai 2021 par le Haut comité de l’éducation. Il a pour ambition de compenser la diminution de la pratique des langues polynésiennes au sein des familles en la favorisant davantage en milieu scolaire.

Les institutions se basent sur trois expérimentations qui ont été menées depuis 2005 en Polynésie et qui ont porté leurs fruits. Le dernier en date : « enseignement renforcé du Reo Ma’ohi en cycle 3 comme moyen de prévention et de lutte contre l’illettrisme en Polynésie française ou ReoC3 ». Il a été mené de 2011 à 2014. Depuis, ces modèles ont été reproduits dans plusieurs écoles repérées pour le potentiel de développement de leurs élèves grâce au Reo Tahiti.

Une stratégie d’enseignement qui se confirme 

Aujourd’hui, les écoles concernées par le projet de loi sont les écoles publiques et privées sous contrat avec l’État, les centres de jeunes adolescents et les établissements publics et privés du second degré sous contrat avec l’État. Dans le premier degré, la parité horaire entre les enseignements en français et en tahitien sera mise en place : 13 heures en français et 13 heures en tahitien dans les différentes disciplines. Il s’agit d’une stratégie inclusive qui sera adaptée au public concerné. 

Comme l’explique Diana Yieng Kow, représentante du Stip AEP, syndicat de l’éducation du 1er degré, « dans des secteurs où la plupart des enfants ne parlent pas du tout tahitien, le dispositif ne sera pas mis en place ». La démarche est de favoriser les capacités cognitives des enfants grâce aux enseignements multilingues : « il y a des enfants qui comprennent mieux les notions mathématiques ou scientifiques en langue tahitienne », explique Diana Yieng Kow. Au niveau du second degré, seul le collège d’Afareaitu à Moorea est concerné par la parité horaire. Dans les autres établissements, le tahitien est proposé en tant que seconde ou troisième langue vivante.

Lors du débat, Tepuanui Snow a rappelé la distinction entre la situation de Tahiti et celle des autres îles. Il cite en exemple les Marquises où dans les familles le français et le marquisien sont tous deux parlés à un bon niveau. Ce qui n’est pas le cas à Tahiti où le problème rencontré est une mauvaise maîtrise à la fois du français et du tahitien et qui ne permet pas aux familles de transmettre un bagage linguistique solide aux enfants. C’est donc par l’école que passera la sauvegarde du Reo Tahiti. 

Marau Biret pour Radio 1 Tahiti