Surf - Paris 2024 : Johanne Defay et Kauli Vaast en demie, après avoir éliminé leurs compatriotes Vahine Fierro et Joan Duru

©Guillaume Arrieta Photographie

Surf - Paris 2024 : Johanne Defay et Kauli Vaast en demie, après avoir éliminé leurs compatriotes Vahine Fierro et Joan Duru

La Réunionnaise Johanne Defay et le Tahitien Kauli Vaast sont en demies-finale des épreuves de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024, à Teahupo’o, après avoir défait leurs compatriotes Vahine Fierro et Joan Duru, lors de duels fratricides crève-cœur pour la délégation française.

« Je sais que Teahupo’o m’a toujours donné les plus belles leçons de ma vie » a confié, larmes aux yeux, la Tahitienne, sur qui reposaient les rêves de tout un territoire, après sa sortie en 8èmes de finale. Ce vendredi matin à Teahupo’o, les vagues étaient désorganisées, les tubes fermés : des conditions compliquées qui ont primé l’expérience de la Réunionnaise Johanne Defay (numéro 6 mondial) face à la Reine de Teahupo’o qui, en mai dernier, avait marqué les esprits en devenant la première enfant du pays à remporter l’étape tahitienne du circuit pro

« Des fois, c’est comme ça et on apprend, on grandit et on revient plus fort. Je suis tombée trois fois d’affilée sur des tubes qui auraient bien scoré, mais je suis tombée. Ça s’est joué à rien, mais voilà » a poursuivi Vahine Fierro. « Merci beaucoup à toute la France, tous ceux qui m’ont soutenue. (…) Je suis là pour soutenir Kauli surtout qui est notre favori local. Je lui donne tout mon mana pour gagner ces Jeux. On a beaucoup travaillé tous les deux. »

« Je suis hyper fier d’elle parce que c’est vraiment un exemple », a déclaré quant à lui le coach-manager de l’équipe de France, Jérémy Flores. « Elle fait rêver toute une génération et bien plus. (…) Ça va prendre quelques jours à évacuer. C’est sûr, quand on est compétiteur comme ça, quand on vit pour ça, quand on s’entraîne autant, quand on sacrifie autant pour les compétitions, c’est sûr que c’est horrible à gérer. Mais je ne me fais pas de soucis pour elle parce qu’elle a eu beaucoup de haut et de bas dans sa carrière. Et du coup, je sais qu’elle va rebondir encore plus fort. »

« C’était l’athlète à abattre ici, la plus forte, elle l’a déjà montré. Avec mes coachs, on avait décidé de rester sur ce que je sais faire : les manœuvres d’abord et après gérer les tubes en fonction des séries. Vahine est aussi restée sur ce qu’elle sait faire, mais c’est de mon côté que ça a payé sur ces trente minutes », décrit de son côté la Réunionnaise. « Je sais que ça ne va pas forcément la réconforter, mais elle n’a pas besoin de médaille aujourd’hui pour nous montrer qu’elle est là patronne ici. C’est fantastique tout ce qu’elle a fait, tout le travail qu’elle a fourni. Je sais que c’est une énorme déception, mais ça va la rendre plus forte ». 

Johanne Defay bat Carissa Moore

Par la suite, celle qui a remporté six étapes du tour mondial, s’est offert le luxe de sortir la Hawaiienne Carissa Moore, détentrice du titre olympique et cinq fois championne du Monde, en quart de finale. Alors forcément, pour la Réunionnaise, battre « la meilleure surfeuse du monde » aux JO, c’est une performance : « honnêtement, je suis super contente ». « Avec Carissa, on a souvent logé ensemble, c’est une de mes meilleures amies sur le tour. On parle souvent de l’après, et de pleins d’autres choses. Et c’est une redoutable compétitrice, mais peut-être le fait d’avoir fait un peu moins de compétition cette année, c’était un peu plus dur pour elle ». Pour le carré final, Johanne Defay devra se défaire d’une autre pointure, l’Américaine Caroline Marks, pour espérer une place en finale.

Chez les hommes, autre crève-cœur. Aux environs de midi à Tahiti, le jeune prodige tahitien Kauli Vaast, qui lui aussi porte les espoirs de tout un territoire, a pris le dessus sur son adversaire basque, Joan Duru, capitaine de l’équipe de France. Mais « zéro regrets » pour ce dernier : « Si on m’avait dit que je finirais 5ème des JO ! ». « Je voulais rapporter une médaille pour moi et pour la France, mais je fais une bonne série », estime Joan Duru qui désormais, va s’employer à soutenir Kauli Vaast, « le meilleur ici ». « Je sais qu’il va gagner la compète donc il y a aucun regret ».

Ému aux larmes, le jeune tahitien a dit sa « fierté » d’avoir jouté avec le vétéran du surf français, qu’il connait « depuis toujours ». « Quel honneur d’avoir fait cette série. Il y a beaucoup d’émotions parce qu’on s’aime tous les deux et puis surtout, on a tout donné, on était des guerriers dans l’eau (…). Je suis content d’avoir partagé ce moment avec lui ». « Je suis hyper fier de Vahine, de son parcours, de ce qu’elle a fait ces derniers mois. Les efforts qu’elle a faits en compète, les entraînements… », a-t-il aussi ajouté sans oublier de féliciter et encourager Johanne Defay. « Ça c’est pour elles, et on va tout donner jusqu’au bout ».

« C'était magnifique à voir, ça m'a donné des frissons, parce que c'était deux lions dans une arène qui se sont battus, c'était de loin la plus belle série de la journée et c'est une grande fierté de voir ça, même si on savait que ce serait un crève-cœur », a déclaré le manager de l'équipe de France Jérémy Florès. Kauli Vaast affrontera en demi-finale le Péruvien Alonso Correa, qui a battu le Japonais Reo Inaba. Trois des quatre quarts de finale masculins opposaient des athlètes issus de la même nation. Le duel brésilien a tourné à l'avantage de l'un des grands favoris, Gabriel Medina, face à Joao Chianca. Il se mesurera en demi-finale à l'Australien Jack Robinson, qui a dominé son compatriote Ethan Ewing.

Interrogations sur la suite de la compétition

D’après nos partenaires de Radio 1 Tahiti, le COJO et l’International surf association (ISA) sont en débat sur la suite de la compétition, dans une discipline qui s’appuie beaucoup sur la nature et la météo. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne verra pas de surf ce vendredi soir, faute de bonnes conditions. Mais les organisateurs s’interrogent : est-ce qu’il faut reprendre les épreuves samedi -et éventuellement les clôturer ce weekend- ou pousser un peu les limites calendaires pour s’offrir de plus belles vagues qui pourraient arriver lundi ?

Il faut dire que les conditions de ce jeudi ont en frustré plus d’un, et l’idée d’offrir de belles conditions aux athlètes et un beau spectacle au monde se heurtent à la date butoir donnée par l’organisation, à savoir dimanche, avec éventuellement un jour de réserve lundi, en cas d’urgence. Certains officiels, dans les équipes ou l’organisation, ne cachent pas qu’ils « espèrent » que la priorité sera donnée au « beau swell » et donc au beau surf. D’autres ont conscience que beaucoup de facteurs rentrent en compte : le risque « de passer à côté » d’une fenêtre de surf sans en retrouver une autre, celle de se retrouver avec de trop grosses conditions pour les finales, et bien sûr tous les aspects logistiques, humains et budgétaires.

Réponse dans les jours qui viennent…

Avec Radio 1 Tahiti