Rentrée 2025 en Nouvelle-Calédonie : Les défis d’un retour en classe toujours marqué par la crise

Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement chargée de l’enseignement, lors de la réunion de rentrée de l'encadrement du vice-rectorat ©Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Rentrée 2025 en Nouvelle-Calédonie : Les défis d’un retour en classe toujours marqué par la crise

Un peu plus de 62 000 élèves sont attendus en cours, lundi 17 février, en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement et le vice-rectorat ont été confrontés à des difficultés budgétaires et démographiques pour organiser ce retour en classe, qui fait encore les frais des bouleversements de 2024. La rentrée doit toutefois acter un « retour à la normale ». Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

« Raisonnablement optimiste ». Voilà l’état d’esprit dans lequel les services du gouvernement et du vice-rectorat veulent aborder la rentrée scolaire 2025. Après une année 2024 chamboulée par les émeutes, 2025 doit acter un « retour à la normale », espère Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’enseignement, lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 14 février.

Pas question, pour autant, « d’occulter un certain nombre de difficultés ». À commencer par le « climat social » particulièrement dégradé des derniers mois, qui resurgit à l’approche de la rentrée scolaire pour un certain nombre de familles confrontées à des dépenses qu’elles ne peuvent plus assumer. « On sera très vigilants à cet environnement social des familles et des élèves », insiste Isabelle Champmoreau.

Des premières mesures ont été prises pour ne pas affecter leur pouvoir d’achat. Malgré les coûts supplémentaires que représentent ces services, les tarifs de cantine et d’internat restent inchangés. La liste des fournitures scolaires exigées a été réduite au strict minimum. Une réflexion sera par ailleurs menée sur le transport scolaire. À l’image de ce qui se fait désormais en province Nord, où le gouvernement a repris à sa charge le transport de 500 internes, « il faut qu’on mène une réflexion globale et qu’on se réorganise partout, car cela reste une compétence de la Nouvelle-Calédonie ».

En attendant, les élèves de l’agglomération vont devoir faire avec un réseau de bus très limité, « mais qui nous permet d’avoir des lignes et des fréquences près de nos collèges et de nos lycées ». « L’année dernière, on nous avait quand même présenté le risque de n’avoir aucun transport à la rentrée », rappelle la membre du gouvernement.

+ 248 % de changements d’établissement

L’autre défi, pour le gouvernement et le vice-rectorat, a été de composer avec « les contraintes démographiques » nouvelles. Lundi, 62 660 élèves du premier et second degrés vont faire leur retour en classe. C’est 835 de moins qu’à la rentrée 2024. Le vice-rectorat estime qu’environ « 1 000 élèves et leur famille ont quitté le territoire » à la suite des émeutes.

Cette baisse du nombre d’élèves, pas uniquement liée aux violences de mai puisqu’elle est observée depuis 2012, touche particulièrement les collèges, où 8 700 places seront inoccupées cette année, dont 3 000 rien qu’à Nouméa. « Ça pose des problèmes budgétaires, mais ça a aussi des conséquences sur l’émulation au sein de l’établissement », signale Isabelle Champmoreau, évoquant un important travail à mener sur la carte scolaire d’ici 2030, où une nouvelle baisse de 3 000 élèves est attendue.

Mais la véritable difficulté, pour les services de l’enseignement, relève davantage des mouvements de population internes. Sur la période de mai à septembre 2024, près de 700 élèves ont changé d’établissement, une augmentation de 248 % par rapport à l’année précédente. La désertion a surtout concerné les établissements situés en province Sud. Et le phénomène devrait se poursuivre ces prochaines semaines.

« Je pense que les mouvements de population ne sont pas terminés », estime Didier Vin-Datiche, vice-recteur. « C’est pour ça qu’on va être très prudents et, de la même façon qu’une rentrée se prépare six mois avant, je pense que celle-ci va durer au moins un mois. Il y aura des ajustements à faire ». Pour autant, « il y aura suffisamment de salles de classe et d’enseignants pour accueillir les élèves partout sur le territoire », garantit ce dernier.

Les plateaux techniques de Petro-Attiti rénovés

De cet état des lieux, le gouvernement et le vice-rectorat ont tiré quelques priorités pour 2025. Le sujet de la reconstruction trône en tête de liste. Le forum économique, organisé par Manuel Valls, ministre des Outre-mer, à Paris en présence des représentants politiques et économiques calédoniens, a confirmé la prise en charge à 100 % par l’État de la reconstruction des établissements scolaires. Des premiers travaux de rénovation ont été menés au lycée Petro-Attiti de Rivière-Salée, incendié durant les émeutes.

« Nos équipes ont travaillé à la réouverture des plateaux techniques », se félicite Isabelle Champmoreau. Les élèves du lycée professionnel, répartis dans d’autres établissements, se rendront à Petro-Attiti pour leur enseignement technique. Reste qu' « il ne sera pas reconstruit dans sa totalité », révèle Isabelle Champmoreau, qui attend « un calendrier » de reconstruction.

Alors que la rentrée scolaire cristallise les inquiétudes chez un certain nombre de familles, le vice-rectorat a également décidé de « renforcer sa coopération avec les forces de l’ordre », annonce Didier Vin-Datiche. Objectif : « assurer la tranquillité scolaire », mais aussi rassurer les parents et le corps enseignant. Un dispositif important de policiers et de gendarmes sera déployé aux abords des établissements. « Il n’y a pas d’alerte ni d’inquiétude particulière pour lundi », nuance toutefois Isabelle Champmoreau. « Mais c’est de nature à rassurer tout le monde, il ne faut pas minimiser le traumatisme vécu l’an dernier ».

Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes