La présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès, figure du camp non indépendantiste, a estimé que « les rêves tristes d'une indépendance se sont brisés », invitant les indépendantistes « à construire un nouveau projet » après la victoire écrasante du « non » dimanche à l'indépendance. Du côté indépendantiste, Roch Wamytan, président du Congrès et membre du FLNKS, n’exclut pas de demander un nouveau référendum sur l’indépendance.
« Ce soir la Nouvelle-Calédonie reprend enfin son souffle. L'accord de Nouméa (1998) est terminé (...) Nous avons décidé en notre âme et conscience de rester français. (...) Ce n'est plus négociable. Et c'est ça le sens de l'histoire ! », a lancé Sonia Backès, lors d'une déclaration solennelle devant ses partisans, après la victoire du non à 96,49%.
« Cette volonté s'est traduite trois fois dans les urnes dans des scrutins incontestables. Les rêves tristes d'une indépendance au prix de la ruine, de l'exclusion et de la misère se sont brisés sur le récif de notre âme de pionniers, de notre résilience, de notre amour pour notre propre terre », a-t-elle poursuivi, à l'issue d’un scrutin marqué par la très forte abstention des indépendantistes. La participation s'établit à 43,90%, en chute libre par rapport aux deux premiers référendums, remportés en novembre 2018 et octobre 2020 par les pro-France avec respectivement 56,7% puis 53,3% des suffrages.
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« Cette nouvelle ère qui s'ouvre constitue une occasion unique de réinventer notre modèle de société. Un projet qui fédère autour des valeurs de la République et de celles de la Nouvelle-Calédonie. J'appelle mes amis indépendantistes à la construction de ce projet », a également déclaré Sonia Backès, qui a mené campagne au sein d'une coalition non indépendantiste baptisée « Les Voix du Non ».
De son côté, le député Philippe Gomès, dont le parti de centre droit Calédonie ensemble ne fait pas partie de cette coalition, a estimé qu'il s'agissait de la « chronique d'un résultat annoncé ». « Ce référendum est un fait politique comme les deux précédents à la différence que les indépendantistes n'ont pas participé. Mais sur la base de ce fait politique, il faut désormais construire une solution politique entre non indépendantistes et indépendantistes », a-t-il plaidé.
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« Mon sentiment ce soir est celui d'une immense responsabilité », a ajouté le parlementaire, souhaitant que « la Nouvelle-Calédonie ne soit pas mise en stand-by » jusqu'à l'élection présidentielle d'avril 2022. « Le temps nous est compté », a-t-il dit alors qu'un référendum de projet doit avoir lieu d'ici juin 2023, à l'issue d'une période de transition, destinée à élaborer un nouveau consensus entre les acteurs calédoniens et l'État.
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé en Nouvelle-Calédonie vendredi, doit reprendre sur place le fil du dialogue. Un dialogue qui s’annonce difficile puisqu’une partie des indépendantistes souhaite attendre la prochaine présidentielle. « Pour nous, ce n'est pas le troisième référendum. Nous considérons qu'en termes de légitimité juridique et politique, il n'y a que deux référendums, 2018 et 2020. Celui-là, c'est le référendum de l'État français et de ses soutiens en Nouvelle-Calédonie, pas le nôtre » a déclaré Roch Wamytan sur Franceinfo. Il n’exclut pas de demander un nouveau référendum sur l'indépendance dans les prochaines années.
Avec AFP.