Les deuxièmes Journées de la concurrence ont réuni à Tahiti les autorités de concurrence de 11 pays du Pacifique sud. Un réseau qui permet à ses membres de partager leurs expériences, les défis auxquels elles font face, et de bénéficier de formations et de mises à niveau. Il s’agissait aussi d’examiner les possibilités d’ouvrir les économies insulaires à la concurrence. Les conclusions intermédiaires d’une étude sur les causes de la cherté de la vie en Polynésie française ont été présentées. Sans grandes surprises, puisqu’elles sont largement documentées ; c’est la volonté politique qui doit à présent prendre le relais, notamment par son action sur la fiscalité, pour prévenir les abus et défendre le consommateur. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
La deuxième édition des Journées de la concurrence s’est tenue en fin de semaine dernière, réunissant les 11 autorités de concurrence du Pacifique sud qui se sont constituées en réseau l’an dernier. La première journée, ouverte par Moetai Brotherson et clôturée par le ministre de l’Économie et des Finances Tevaiti Pomare, était consacrée aux défis spécifiques des petites économies insulaires.
Elle a bénéficié de l’apport de nombreux universitaires, économistes et juristes spécialistes du droit de la concurrence, qui ont présenté les conclusions intermédiaires du projet ISLE (Institute for Small Markets Law and Economics), notamment le cas d’étude des causes de la cherté de la vie en Polynésie française, qui ambitionne de proposer des voies d’action au gouvernement.
Parmi les premières qui ont émergé, peu de surprises : l’agrandissement de la passe du port de Papeete pour pouvoir accueillir les navires de commerce modernes, une réflexion sur la TDL, sur les quotas et les exclusivités d’importation, et sur la provenance des importations (36%, en valeur, arrivent de l’Union européenne), ou encore un meilleur niveau d’information au consommateur. En toile de fond, la dépendance des finances publiques aux taxes et droits à l’importation qui, malgré une baisse ces dernières années, représentent aujourd’hui 24 à 32% de la valeur des biens importés.
Parmi les intervenants du monde économique polynésien, on citera Olivier Kressmann, vice-président du Medef, ou Julien Vucher-Visin de l’ISPF, et le directeur de l’IEOM Fabrice Dufresne. De nombreux représentants de grandes entreprises étaient présents, vantant les bienfaits pour le consommateur de leur stratégie, et défendant le maintien de la Taxe de développement local qui, au moment de sa conception il y a 25 ans, ne devait être que temporaire.
La seconde journée était réservée aux dirigeants de ces autorités de concurrence. Les économies du Pacifique sud ont des problématiques similaires en termes de structure de marchés, mais aussi en termes de compétences qu’il faut mettre à niveau par la coopération, explique la présidente de l’Autorité polynésienne de la concurrence, Johanne Peyre.
Parmi les questions que se posent les autorités de concurrence de la région, il a été question de trouver l’équilibre entre concurrence et résilience des acteurs économiques : quel est le bon dosage de concurrence pour les petites économies insulaires ? Il a aussi été question des secteurs économiques à cibler en priorité, et des normes et outils communs que les autorités de la région peuvent utiliser, ou créer, alors qu’elles évoluent dans des systèmes juridiques différents.
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti