À moins de deux semaines du début des épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024, la nouvelle marina de Teahupo’o est officiellement prête à accueillir la compétition. Le débarcadère compte désormais 44 places, des bornes à eau et électricité ont été installées, et les sanitaires ont été remis à neuf. Tout est prêt pour que le COJO puisse y baser ses bateaux et engins du 18 juillet au 10 août. Les pêcheurs de la coopérative et les usagers du Fenua Aihere peuvent d’ores et déjà profiter de ces nouveaux équipements. Reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
À J-12 du lancement des épreuves de surf à Tahiti, après l’inauguration de la passerelle du PK0, la fin du montage de la tour des juges, et le dévoilement de la statue de Vēhiatua i te māta’i, c’est la marina de Teahupo’o qui a été inaugurée ce mardi. Pour l’occasion, les autorités de l’État, du Pays, et de la commune ont organisé une cérémonie en présence des représentants de Paris 2024. Au programme : discours, remerciements, et surtout une visite des lieux, qui seront mis à disposition des équipes du Comité d’organisation des Jeux olympiques pendant l’événement.
Accès réglementé du 18 juillet au 10 août
Avec ses 44 emplacements, la zone offre un espace d’accueil idéal pour l’ensemble des bateaux et autres engins nautiques nécessaires à l’organisation des épreuves. Son accès sera donc réglementé par Paris 2024, à partir du 18 juillet et jusqu’au 10 août. « Sur cette période-là, on en prend entre guillemets, possession, dans le sens où on va pouvoir faire accoster l’ensemble de nos bateaux », explique Barbara Martins. « Je rappelle qu’on a entre 24 et 30 bateaux sur l’aire de compétition. On a aussi le même chiffre pour les jet-skis, et tous nos prestataires impliqués dans les Jeux pourront emmener leurs bateaux ici et les mettre en sécurité. »
Les pêcheurs en activité même pendant les Jeux
En parallèle, les activités habituelles de la marina, notamment celles des pêcheurs, pourront se poursuivre. « On a été en discussion depuis pas mal de temps avec l’association et le comité des pêcheurs », dit encore la responsable locale du COJO. « Compte tenu de la nouvelle capacité d’accueil, on leur a garanti des places, pareil pour les habitants du Fenua Aihere -zone de Tahiti accessible uniquement en bateau- qui pourront venir ici à titre personnel. » Les athlètes, eux, embarqueront depuis la marina de Vairao, redynamisée pour les Jeux par un village des artisans.
Un investissement à long terme
De son côté, le ministre des Grands Travaux, Jordy Chan, a salué cette nouvelle marina, conçue non seulement pour répondre aux besoins immédiats des Jeux, mais également pour ceux de la population. Un projet d’envergure, entamé sous la mandature de l’ancien gouvernement et que le nouveau est fier d’avoir mené à terme, même s’il a fallu réadapter le projet du ponton en cours de route.
« Par rapport aux études qui avaient été faites avant la mise en œuvre du projet, on a constaté que les sols qui supportent la structure étaient beaucoup plus hétérogènes. Du coup, il a fallu doubler la longueur des pieux pour pouvoir construire, ce qui a fait que, compte tenu du budget qu’on avait, on a dû réduire la longueur du ponton pour pouvoir le respecter », explique le ministre.
Une zone de carénage et une station sur place
Jordy Chan a également insisté sur le fait que cette infrastructure offre « des standards élevés en termes de sécurité et de normes environnementales ». Car le site original, mis à disposition des pêcheurs depuis 20 ans, nécessitait une réhabilitation urgente, surtout après les fortes houles de 2021. Les travaux ont permis de doubler la capacité d’accueil sur le plan d’eau, mais aussi à terre, puisqu’un terre-plein de 3 650 m² a été aménagé, offrant un espace de vie supplémentaire pour accueillir des véhicules et autres équipements.
Une zone de carénage avec séparateur d’hydrocarbures a été créée, ainsi qu’une station-service à disposition des pêcheurs. Au total, cette marina a coûté 393 millions de Fcfp, financés à hauteur de 60% par l’État, soit 326 millions, tandis que les 167 millions restants ont été pris en charge par le Pays. Il s’agit là d’un investissement à long terme, qui contribuera au développement économique et à la sécurité des activités maritimes à Teahupo’o.
Une fresque de Sarah Viault pour décorer le site
L’artiste Sarah Viault a décoré l’extérieur des sanitaires neufs de la marina. Elle a ainsi créé une fresque sur trois panneaux distincts mais « interconnectés, représentant le lien entre les Polynésiens et entre la terre et la mer ». Le premier panneau, côté montagne, représente une planche de surf traditionnelle en bois appelée alaïa, utilisée par les anciens Polynésiens. Le deuxième panneau met en scène la célèbre vague de Teahupo’o avec un hommage à Vahine Fierro pour ses récents succès.
Le panneau central illustre la légende de la pieuvre, symbolisant le triangle polynésien avec ses tentacules reliant les îles, représentant ainsi « l’importance de la navigation dans la culture polynésienne ». Le projet, co-construit avec la commune, inclut aussi un bonitier sur la dernière façade. Un « hommage aux pêcheurs locaux » dit l’artiste qui a collaboré étroitement avec ces derniers pour s’assurer que la fresque reflète fidèlement leur culture et traditions.
Vaitiare Pereyre pour Radio 1 Tahiti