La nouvelle grille tarifaire de la compagnie polynésienne domestique Air Tahiti, applicable à partir du 28 mars, doit « permettre à plus de Polynésiens d’accéder à des prix réduits » sur les principales lignes du réseau. Mais cet effort sur les prix a surtout été rendu possible l’aide du Pays sur les lignes de désenclavement… Et la taxe sur les billets mise en place en juillet. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Manate Vivish l’avait annoncé sur le plateau de Radio1, à la mi-janvier. Après « un gros travail de préparation », et quelques retards « techniques », la nouvelle gamme tarifaire d’Air Tahiti a été présentée ce matin. Fini les tarifs bleus, blancs et rouges, la compagnie a voulu « ouvrir les tarifs réduits à davantage de Polynésiens ». Et propose, aux côtés des tarifs de base Tere (15kg de bagage au lieu de 10 sur les grandes lignes) et Tere Nui (23kg), des tarifs loisirs Mahana (séjours courts) et Fetii (séjours longs). Les cartes existantes (jeunes, famille, résident…) restent actives, mais ces tarifs seront accessibles « sans carte, toute l’année et à tous les résidents » comme l’explique la directrice marketing et commerciale, Vairani Tetaria.
Bora Bora, Raiatea et les autres îles Sous-le-Vent, Rangiroa, Fakarava ou Tikehau, mais aussi Nuku Hiva, Hiva Oa, Rurutu et Tubuai… Ce sont les lignes principales du réseau – ou « Natira’a Tumu » – qui sont affectées par ces nouvelles offres, disponibles dès aujourd’hui sur internet pour les vols décollant à partir du 28 mars. Le réseau de désenclavement – 32 lignes vers des petites îles, regroupées sous l’appellation « Natira’a Turu » – avait lui déjà connu des baisses de prix de 10 à 25% grâce à la délégation de service public et le financement mis en place par le Pays.
« Conséquence directe » de l’intervention du Pays et de la taxe sur les billets d’avion
Et c’est justement ce financement, 950 millions annuels du Pays alimentés en grande partie par une taxe « solidaire » sur les billets d’avion mise en place en juillet, qui a permis à Air Tahiti de revoir sa grille. Plus besoin de « péréquation interne », ce système par lequel la compagnie a longtemps compensé les pertes des petites lignes par des marges plus importantes sur les grandes.
« L’effort financier », auquel la compagnie s’était engagée auprès du gouvernement mais n’avait pas voulu mettre en place dès l’année dernière, est un peu plus conséquent : « au moins » un milliard de francs par an. Ce qui représente tout de même un risque pour Manate Vivish, alors que l’effondrement du trafic et les 2,7 milliards de pertes cumulées de 2020 et 2021 ne sont pas encore compensées. Mais un « risque maîtrisé » assure Manate Vivish, qui, en attendant le retour des touristes, compte sur la nouvelle grille pour « stimuler le marché des résidents ».
Le pass vaccinal « pèse lourd sur l’activité »
Pour espérer « s’approcher de l’équilibre » financier en 2022, Air Tahiti devra en outre poursuivre ses baisses de charges – notamment salariales – et espère une « ouverture complète et totale de la circulation » dans le ciel polynésien, « le plus rapidement possible et dès lors que le risque de reprise de la pandémie est écarté ». « Le pass vaccinal pèse sur notre activité et touche à la fois la clientèle de résidents et la clientèle touristique », appuie Manate Vivish, pour qui les autorités savent déjà « très bien » que le dispositif a fait chuter les réservations. « Les touristes ne savent pas très bien dans quelles conditions ils peuvent accéder au pays et accéder aux îles. Ça pèse très lourd dans l’équation ».
Charlie René pour Radio 1 Tahiti.