Polynésie : À 93 ans, Gaston Flosse quitte la présidence de son parti

©Mike Leyral / TNTV

Polynésie : À 93 ans, Gaston Flosse quitte la présidence de son parti

L'ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse, 93 ans, a annoncé mardi à Papeete lors d'une conférence de presse qu'il quittait « pour raisons d'âge et de santé » la présidence de son parti, le Tahoeraa Huiraatira devenu Amuitahiraa o te Nuna'a Ma'ohi, qu'il dirigeait depuis 1972.

Il se met en retrait de six décennies de vie politique : Gaston Flosse a été maire de Pirae dès 1965, élu à l'Assemblée de la Polynésie française et président de cette collectivité ultramarine à de nombreuses reprises, mais aussi député, sénateur, et même secrétaire d'État au Pacifique sud, sous la cohabitation en 1986.

Proche de Jacques Chirac, Gaston Flosse a fondé avec lui le RPR. Il a aussi soutenu la reprise des essais nucléaires en Polynésie, en 1995, ce qui avait déclenché des émeutes à Papeete. Gaston Flosse perd le pouvoir en 2004. S’ensuit une longue période d’instabilité politique, avant un retour tonitruant en 2013. Rattrapé par de nombreuses affaires judiciaires, Gaston Flosse a cumulé plusieurs peines d'inéligibilité depuis 2014.

Cette année-là, la justice le contraint à quitter le pouvoir qu'il avait retrouvé un an plus tôt. Il laisse la présidence de la Polynésie française à son dauphin, son ex-gendre Édouard Fritch, mais se brouille avec lui quelques mois plus tard. Suite à la séparation politique des deux hommes, Édouard Fritch fonde son propre parti, avec d’anciens soutiens de Gaston Flosse, et sera aux affaires du pays de 2014 à 2023.

C'est le début d'une lente érosion des soutiens de Gaston Flosse, qui enchaîne les revers électoraux. Il tente un pari politique en 2020 en s'affirmant souverainiste, lui qui défendait l'autonomie depuis 1984. Et un deuxième pari aux dernières législatives, en s'alliant avec tous les partis autonomistes -dont celui d’Édouard Fritch devenu le principal parti autonomiste de Polynésie-, pour battre les indépendantistes.

Deux paris perdus : son parti, rebaptisé, n'a pas trouvé son électorat. Et sa candidate aux législatives de 2024, qui est aussi son épouse, Pascale Haiti-Flosse, est la seule de l'alliance autonomiste à ne pas avoir été élue députée. Il renoue toutefois des liens avec Édouard Fritch, et même si son parti est absent de l’Assemblée territoriale en 2023 et ce, pour la première fois depuis sa création, il assure une présence à travers Pascale Haiti-Flosse, qui y siège dans le groupe d’Édouard Fritch.

Le « Vieux lion », comme on le surnomme à Tahiti, a dévoilé les deux plus grandes fiertés de sa vie politique : « la création de l'hôpital et d'Air Tahiti Nui », la compagnie aérienne locale. Il a annoncé que l'ancien député Bruno Sandras présiderait son parti jusqu'au congrès du 28 septembre. Deux autres cadres du parti ont annoncé qu'elles se porteraient probablement candidates : Gilda Vaiho et Pascale Haiti-Flosse.

Gaston Flosse ne quitte cependant pas la vie politique, qu'il a commencée 66 ans plus tôt par une adhésion au parti gaulliste local. Il a affirmé qu'il « continuerait à venir tous les jours au bureau ».

Avec AFP