Paris 2024 : En Polynésie, une houle prometteuse attendue pour le début des épreuves de surf des Jeux Olympiques

Paris 2024 : En Polynésie, une houle prometteuse attendue pour le début des épreuves de surf des Jeux Olympiques

L’antenne polynésienne de Météo-France est particulièrement sollicitée en cette période pré-olympique. Organisation, protection civile, partenaires… Beaucoup veulent des prévisions précises concernant les risques qui peuvent peser sur l’épreuve de surf des JO. Et bien sûr concernant les vagues à Teahupo’o. Un premier train de houle devrait offrir des vagues de deux à trois mètres dès le premier weekend de compétition, et une perturbation en formation à l’Ouest a des chances de ramener des vagues plus tard dans la semaine. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Chez Météo-France, on surveille 24h/24 et « toute l’année » la trajectoire des dépressions dans la région ou l’évolution de la houle dans les eaux de Polynésie. Mais l’approche des Jeux Olympique implique une attention toute particulière.

Pour la sécurité, d’abord. L’antenne polynésienne du service météorologique national envoie deux bulletins « spéciaux » par jour à la direction de la Protection civile, particulièrement soucieuse des risques orageux, ou des vents forts qui pourraient mettre en danger les installations ou le déroulement de l’épreuve de surf à Teahupo’o. Certains partenaires demandent aussi des rapports plus précis qu’à l’accoutumée, sur les conditions de mer dans la zone notamment. Mais l’information la plus attendue par le public et les autorités, ces dernières semaines, c’est bien sûr la hauteur des vagues dans la passe de Havae, à Teahupo’o.

Deux jours « on » dès ce weekend ?

Comme toujours en matière de météo, elle est à la fois difficile à prévoir, et toujours marquée par l’incertitude. Mais à quelques jours de la compétition, l’équipe de prévisionnistes basée à Tahiti-Faa’a, dont certains sont devenus, au fil des ans et des compétitions, des spécialistes ès PK0, commence à avoir une image précise de ce qui attend les 48 surfeurs olympiques. Et cette image est plutôt enthousiasmante, au moins pour les premiers jours de l’épreuve, dont la « waiting period » débute ce samedi 27 juillet.

« On a un premier train de houle qui commence à arriver, Ce serait sur une direction sud-sud-ouest donc on aurait l’arrivée de cette houle qui se confirmerait pour samedi, dimanche et puis une baisse lundi », décrit Nicolas Agius, les yeux rivés sur des relevés satellites, des cartes de houles ou de pressions, et des graphiques issus de modèles probabilistes. « On aurait un pic de houle qui serait de 1 mètre 50 à 2 mètres, ce qui veut dire qu’au niveau du déferlement, on aura forcément des vagues un peu plus grosses, au-delà des 2 mètres. Dans le même temps, on aura un vent qui sera favorable, vent de Nord-Est, qui entrerait au niveau de l’isthme, mais qui pourrait épargner un peu la vague de Teahupo’o ».

Des conditions qui devraient rendre possible la compétition, samedi et dimanche, pour les deux premiers jours de l’épreuve olympique, avance le prévisionniste sécurité en précisant qu’à cette échéance, la marge d’erreur « existe toujours » mais le niveau de confiance est « assez bon ». Ce n’est toutefois pas à Météo-France de décréter ou non un jour « on », mais aux organisateurs, qui ont prévenu d’avance qu’un swell (une houle, ndlr) trop gros serait un motif de suspension de cette compétition dans laquelle tous les athlètes ne font pas partie du tour pro.

Houle d’ouest qui « ferme » puis de Sud qui « s’ouvre »

Quoiqu’il en soit, le surf olympique pourrait profiter d’une deuxième fenêtre de tir, plus tard dans la « waiting period », qui court jusqu’au 4 août, avec un jour de réserve le 5. Plusieurs « runs » de modèle ont en effet prévu, ces derniers jours, la formation d’une dépression à l’ouest de Tonga et au Sud de Niue. Un phénomène qui devrait se déplacer vers l’Ouest et donc vers Tahiti, en passant sous les îles Cook, puis au Sud de Rapa, aux îles Australes. « Il y aurait des vents assez forts associés à cette perturbation, et qui dit vent, dit frottement sur la mer et naissance d’une houle », reprend Nicolas Agius, qui insiste encore une fois sur les incertitudes autour de ce phénomène qui pourrait se faire sentir dès lundi 29 juillet à Tahiti.

« Mais de par la position de naissance de la perturbation, les trains de houle seraient très très ouest. On sait que ça peut donner déjà des tailles assez importantes et également une vague qui va avoir plutôt tendance à fermer sur le récif de Teahupo’o », explique le spécialiste, qui a aussi développé, avec un collègue, un modèle permettant de traduire les prévisions de houle en hauteur de vague spécifiquement pour le PK0. « Même s’il y a de la houle ça ne veut pas dire qu’ils pourront lancer ou continuer la compétition en début de semaine par rapport à ce facteur de direction et de taille. Par contre, au fur et à mesure qu’elle va se décaler vers l’est, cette perturbation, les trains de houle vont prendre une direction un peu plus Sud et un peu plus ouverte. Donc on peut imaginer que pour mardi ou mercredi il puisse y avoir un nouveau col qui puisse être fait ». 

Le milieu de semaine prochaine pourrait donc être à nouveau favorable aux JO. Il faudra tout de même aussi surveiller le ciel, car cette dépression qui voyage d’Est en Ouest a aussi de quoi « dégrader un petit peu le temps » entre dimanche et lundi. Des averses, soit, mais le mara’amu (vent du sud qui souffle pendant l’hiver austral, ndlr) pourrait-il troubler les conditions de surf ? Difficile à dire : si le vent vient du Sud-Est, il épargnera la zone de Teahupo’o, s’il s’oriente plus au Sud, « il aura de quoi agiter le plan d’eau ».

Charlie René pour Radio 1 Tahiti