Le tribunal de première instance de Nouméa devait se pencher ce mardi sur le recours déposé par Oscar Temaru contre le procureur de la République Hervé Leroy. Le leader indépendantiste tahitien avait attaqué en référé le procureur de Papeete pour « atteinte à la présomption d’innocence ». Le point avec nos partenaires de Radio 1 Tahiti et Caledonia.nc.
Le dépaysement de ce recours avait été acté par le tribunal de Papeete en juin dernier. Et si l’avocat du procureur avait souhaité Paris, c’est finalement Nouméa qui avait été retenue en raison de l’état de santé du leader indépendantiste de Polynésie française et de la situation sanitaire dans l’Hexagone.
Et alors que l’affaire devait être évoquée ce mardi matin, le tribunal de première instance de Nouméa l’a reporté au 4 novembre, à la demande de l’avocat d’Oscar Temaru, précise Caledonia.nc. D’après Me Claude Girard, interrogé par Radio 1 Tahiti, ce renvoi est dû à dépôt tardif de conclusions de la part de la défense de Hervé Leroy. Vu l’absence de liaisons aériennes entre la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, les juges de Nouméa doivent aussi s’exprimer sur la possibilité pour les avocats tahitiens d’intervenir en visioconférence lors de l’audience.
Soutien des indépendantistes kanak
Sur place, à l’appel de l’Union calédonienne (UC) et du Mouvement des Océaniens indépendantistes (MOI), une mobilisation plutôt timide s’est mise en place devant le Palais de justice de Nouméa. « Il a besoin de soutien dans ce moment difficile » a déclaré Daniel Goa, président de l’UC, interrogé par Caledonia.nc. « On a l’impression qu’on élimine les anciens leaders pour mettre de nouveaux avec qui on peut mieux discuter », a-t-il poursuivi.
« On partage le même combat » a ajouté Arnaud Chollet-Leakava, porte-parole du MOI, qui souligne un « acharnement judiciaire ». « C’est un leader tahitien indépendantiste qui défend les intérêts du peuple ‘Ma’ohi’ (…). Pour nous, tous ces déboires judiciaires sont une forme de représailles », poursuit-il, citant notamment la plainte d’Oscar Temaru, déposée à La Haye, contre les présidents de la République encore en vie, qu’il accuse de crime contre l’Humanité en raison des 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie.
Le soutien de certains partis indépendantistes kanak n’est pas surprenant tant les liens entre ces derniers et les indépendantistes polynésiens sont important. En outre, Oscar Temaru s’était lié d’amitié avec Jean-Marie Tjibaou en Nouvelle-Calédonie, alors que l’indépendantiste tahitien suivait des séminaires religieux sur le Caillou, avant de se lancer en politique. Ce dépaysement en Nouvelle-Calédonie de l’affaire opposant le leader indépendantiste tahitien au procureur de la République intervient toutefois au lendemain du deuxième référendum d’indépendance.
Pour rappel, un recours avait lancé début juin, en pleine grève de la faim d’Oscar Temaru, dénonçant alors une saisie de 11,5 millions de francs sur ses comptes personnels dans le cadre d’une enquête pour « détournement de fonds publics ». L’enquête fait suite au financement par la commune des frais de défense de son tavana dans l’affaire Radio Tefana. C’est ce qu’avait expliqué Hervé Leroy dans un communiqué, à l’occasion duquel le procureur rappelait qu’Oscar Temaru avait été « poursuivi et condamné » pour prise illégale d’intérêt dans cette affaire. Le magistrat avait alors omis de préciser que le leader avait fait appel de cette condamnation et était en attente d’un nouveau procès. D’où l’ « atteinte à la présomption d’innocence ».
Avec Radio 1 Tahiti et Caledonia.nc
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