ONU : Le parti indépendantiste de Polynésie appelle l’État au dialogue

ONU : Le parti indépendantiste de Polynésie appelle l’État au dialogue

Oscar Temaru, président du parti indépendantiste de Polynésie ©Facebook / Tavini Huiraatira

Réagissant à la demande du représentant permanent de la France à l’ONU de revoir la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes, le parti indépendantiste Tavini Huiraatira, mené par Oscar Temaru, exhorte « l’État français à poursuivre cette démarche de manière constructive et à enclencher le dialogue préconisé par la Résolution du 17 mai 2013 ».

Le 23 octobre dernier, le représentant permanent de la France à l’ONU demandait au comité spécial chargé des questions de décolonisation, à ce que la réinscription de la Polynésie sur la liste onusienne des territoires non autonomes, obtenue par le parti indépendantiste le 17 mai 2013, « soit revue ». « Nous estimons (…) que l’inscription de ce territoire de la République française sur la liste des territoires non autonomes ne correspondait pas aux choix démocratiques des Polynésiens et n’a pas tenu compte des offres de dialogue de la France », avait-il déclaré.

En octobre 2019, le président de la Polynésie française, entendu par le comité en charge des questions de décolonisation, avait demandé le retrait de la Polynésie de cette liste. « Il a présenté le statut d’autonomie dont dispose la Polynésie au sein de la République française, caractérisé par l’existence d’un président démocratiquement élu, d’un gouvernement chargé de conduire la politique de la collectivité, et d’un organe délibérant, l’assemblée de la Polynésie française, élue au suffrage universel direct tous les cinq ans », a rappelé le représentant français. « Ce statut respectueux de l’identité, de l’histoire, de la culture et des spécificités de la Polynésie française convient aux Polynésiens, ainsi qu’ils l’ont à plusieurs reprises exprimé lors d’élections répondant aux plus hauts standards démocratiques ».

« Nous souhaitons que la décision d’inscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes soit revue pour tenir compte de cette réalité et respecter la volonté de la population polynésienne », concluait le représentant de la France. « C’est la première fois que la puissance administrante fait une entorse à la politique de « la chaise vide » pratiquée depuis le 17 mai 2013, date de la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser », a réagi le parti indépendantiste dans un communiqué. « C’est un signal fort ».

Respecter le droit inaliénable du Peuple Ma’ohi à sa souveraineté

Le Tavini Huiraatira rappelle que « l’Assemblée de Polynésie française a adopté, le 18 août 2011 à la majorité de ses membres, une Résolution appelant à cette réinscription ». « Partant du principe que l’ONU ne procèdera jamais au retrait de notre Pays de la liste des territoires à décoloniser, c’est là une règle et une jurisprudence intangible, nous exhortons l’État français à poursuivre cette démarche de manière constructive et à enclencher le dialogue préconisé par la Résolution du 17 mai 2013 », poursuit-on.

S’appuyant sur l’exemple de la Nouvelle-Calédonie et du processus de décolonisation entamé en 1988, deux ans après que Jean-Marie Tjibaou ait obtenu la réinscription de cet archipel sur cette même liste, le parti indépendantiste polynésien demande « à la puissance administrante d’initier avec toutes les forces politiques du Pays, et sous les auspices de l’ONU, un processus pacifique et raisonné de décolonisation qui devra être sanctionné par un référendum d’autodétermination ».

Il demande également à l’État « de respecter ses obligations internationales à l’égard de la Résolution de 2013, de respecter le droit inaliénable du Peuple Ma’ohi à sa souveraineté, de reconnaitre son droit à la propriété et contrôle de ses ressources naturelles y compris les ressources marines, les minéraux sous-marins et les matières stratégiques et, de suivre l’esprit de la Déclaration d’Alger du Président de la République : « La colonisation est un crime contre l’humanité » ».