Les traditionnelles négociations salariales de fin d’année risquent d’être compliquées, dans un contexte inflationniste fort. Les salariés demandent une revalorisation des salaires afin de suivre l’inflation, tandis que les patrons évoquent un coût des intrants devenu lourd, empêchant de répondre à une telle demande.
L’inflation forte constatée depuis le début de la crise sanitaire, suivie de la crise ukrainienne, a résulté en une augmentation du coût de la vie marquée en de nombreux points du globe, et la Nouvelle-Calédonie n’y fait pas exception, d’autant plus en raison de son insularité. Face à l’augmentation des coûts estimée à plus de 5 % selon l’Institut de la Statistique et des Études Économiques (ISEE), les syndicats demandent une revalorisation des salaires de l’ordre de 6 %.
En face, l’inter-patronale s’oppose évoquant les prix des matières premières en forte hausse, au même titre que le prix de l’énergie, dans un contexte de recul d’activité. Steeve Teriitehau, Secrétaire général de la Fédération des fonctionnaires, était au micro de nos confrères de CALEDONIA : « Ces négociations aboutissent sur du 0,1 ou 0,2 %, c’est indécent selon nous. On sent surtout une volonté du patronat de ne pas discuter et de se servir du prétexte de l’inflation importée pour refuser ces négociations réelles ». « Il faut savoir avancer, on a assez attendu », appuie de son côté Jean-Pierre Kabar, Président du syndicat de la COGETRA, alors qu’une grande manifestation est d’ores et déjà annoncé pour la semaine prochaine.
Si une conférence sur les salaires doit être organisée par le gouvernement, les 29 et 30 décembre 2022, l’inter-patronale explique souhaiter vouloir œuvrer pour les plus bas salaires, mais exprime une forte inquiétude quant à la situation économique du territoire, dont le PIB est en recul de 5,9 % depuis 2018, avec un volume d’affaire en baisse, ainsi que les grandes réformes en attente qui pourraient peser sur les entreprises.
Xavier Benoist, Président de la Fédération des industries (FINC), au micro de CALEDONIA : « On a toujours annoncé qu’au niveau des branches, on travaillerait sur la décompression des branches, et pas de soucis, on recommencera dès la semaine prochaine les négociations de branche (…) il y a de grosses incertitudes, la première ce sont les prélèvements obligatoires, on parle de 31 milliards FCFP (258,7 millions d’euros) de prélèvements obligatoires en plus sur l’échéance fin 2023. On a des grandes incertitudes sur la réforme du Ruamm qu’on envisagerait aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie. Donc, effectivement, c’est ce qu’on veut poser, pour éviter de mettre à mal l’économie calédonienne ».
Dans son communiqué, l’inter-patronale affirme que les entreprises « ne peuvent pas répondre seules à la problématique de perte de pouvoir d’achat, au risque d’un renchérissement de l’inflation et de l’instauration d’un cercle vicieux hausse des charges / hausse des prix », et appuient la nécessité de poser les échanges avec le gouvernement, à l’occasion de la conférence sur les salaires.
Damien Chaillot