Du 25 mai au 3 juin 2021, une délégation d'élus calédoniens sont attendus à Paris à l'invitation du Premier ministre pour évoquer l'avenir du territoire. Basé sur le format « Leprédour », du nom de l'îlot sur lequel indépendantistes et loyalistes avaient rencontré le ministre des Outre-mer dans le cadre des événements liés à l'Usine du Sud. Thierry Santa, président du 16e gouvernement, souhaiterait favoriser le Comité des Signataires, réels décideurs politiques pour la tenue du prochain référendum selon lui.
La Nouvelle-Calédonie est toujours dans l'impasse depuis la chute du 16ème gouvernement datée du mardi 2 février, des suites de la démission de ses cinq membres indépendantistes. Or, si l'élection du 17ème gouvernement à bien eu lieu, sa composition a bien été votée, les indépendantistes peinent à se mettre d'accord quant au choix de son futur président, et ce, malgré de multiples débats et votes organisés.
En résulte le maintien du 16ème gouvernement, limité aux affaires courantes, et un blocage important de l'exécutif. L’État a été obligé de reprendre la main pour acter le budget du territoire en lieu et place du gouvernement local, tandis que les dossiers économiques, sociaux et sanitaires peinent à avancer sans un exécutif en fonction. Afin de débloquer la situation, et alors que les indépendantistes appellent à un troisième référendum d'autodétermination, le Premier ministre a invité une délégation calédonienne à Paris afin de parvenir à une solution pérenne pour l'avenir du territoire.
Basé sur le groupe « Leprédour » apparu des suites des vives tensions qui ont émaillé le territoire dans le dossier de l'Usine du Sud, Thierry Santa, interviewé par Nouvelle-Calédonie la 1ère, émet des doutes quant à la représentativité de la délégation. « Vous savez, je me pose sincèrement la question de la pertinence du format qui est envisagé, le format Leprédour. Je ne suis pas convaincu que ce format soit représentatif de toutes les sensibilités politiques à la fois indépendantistes, mais aussi non-indépendantistes pour être honnête. J'ai le sentiment quand même que les représentants de Calédonie Ensemble, qui sont 2 sur 5 représentants non-indépendantistes sont un peu sur-représentés (…). Je considère qu'ils ont une sur-représentativité dans ce groupe. Et surtout ce qui me fait réfléchir, et le ministre lui-même le dit dans ses interviews, c'est que le comité des signataires est décisionnaire ».
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Une situation qui est la source des doutes du président du 16ème gouvernement, qui souhaiterait effectuer un travail préalable quant à la forme du prochain référendum, avec le comité des signataires plutôt qu'avec le groupe Leprédour dans le but de perdre le moins de temps possible : « C'est le comité des signataires qui au final va arrêter la date de ce prochain référendum, qui va arrêter la question qui va être posée à l'occasion de ce troisième référendum. Donc pourquoi perdre du temps aujourd'hui, et chaque semaine qui passe peut nous éloigner de l'option d'un troisième référendum en 2021. Or, nous l'avons dit et répétés, les Loyalistes, si ça doit être un référendum binaire comme les deux premiers, il doit se tenir le plus tôt possible, pour éviter encore que les Calédoniens subissent l’incertitude dans laquelle nous nous trouvons et ses conséquences économiques et sociales que nous imaginons tous ».
Partant de ce constat, le comité des signataires prime sur tout le reste selon Thierry Santa : « L'instance qui décide, c'est le comité des signataires, donc pourquoi pas imaginer d'ores et déjà inviter le comité des signataires pour arrêter ces deux éléments fondamentaux (...). Si le résultat de cette première décision, c'est un référendum de projet plutôt qu'un référendum binaire, à ce moment-là, on pourra passer à d'autres formes de discussion et de négociations, mais dans l’immédiat ça reste le comité des signataires qui est légitime en la matière ».
Damien Chaillot