L’Union progressiste en Mélanésie (UPM) a annoncé, ce jeudi matin, ne pas « revenir dans le fonctionnement du FLNKS », qu’elle accuse depuis le 13 mai, « d’avoir tourné le dos à la poignée de main » entre Lafleur et Tjibaou. Dans ce contexte, le mouvement poursuivra les discussions pour aboutir à un accord global uniquement sous la bannière de l’UNI (Union nationale pour l’indépendance) en vue de militer en faveur de l’indépendance en partenariat avec la France. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Cette décision est tout sauf une surprise, mais la prise de position est désormais officielle. « Nous ne pouvons pas revenir dans le fonctionnement du FLNKS tel qu’il est aujourd’hui », a annoncé, ce jeudi matin, Victor Tutugoro, à la tête de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM). Alors que le parti (comme le Palika) avait déjà annoncé suspendre sa participation au front en septembre, son retrait a donc été acté lors de son 41e congrès, qui s’est tenu à Poum, le week-end dernier.
En d’autres termes, le mouvement de Victor Tutugoro entend continuer les discussions politiques sur l’avenir institutionnel, mais uniquement sous le format de l’UNI (Union nationale pour l’indépendance) aux côtés, donc, du Palika, également réuni en congrès ce week-end et qui devrait s’exprimer publiquement, ce vendredi. Les deux partis, UPM et Palika (dont le président du gouvernement Louis Mapou est issu), forment un même groupe au Congrès calédonien : l’UNI.
Signe que la porte n’est pas définitivement claquée, l’UPM, parmi les membres fondateurs du FLNKS avec l’UC, le Palika et le RDO, précise « ne pas être d’accord avec uniquement le 42e congrès du front », qui avait abouti à l’intégration des membres de la CCAT et à l’élection de son leader, Christian Téin, en tant que président.
« Le 13 mai est contraire à nos valeurs »
« Par deux reprises déjà, nous avons dit ne pas nous reconnaître dans les exactions qui ont mené à ces destructions, ces pillages et ces incendies », insiste le chef de l’Union progressiste en Mélanésie, dont la maison a également été prise pour cible durant les émeutes. « Les événements du 13 mai ont jeté de la suspicion autour de notre projet politique et nous demandons désormais une clarification du positionnement du FLNKS, qui a tourné le dos à la poignée de main historique entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. Ce qui s’est produit est contraire à nos valeurs et chacun a une responsabilité, du côté de l’UC comme du RDO. Ce n’est pas gratuit ».
D’ici-là, le mouvement entend donc continuer de promouvoir, au sein de l’UNI, « l’indépendance en partenariat » avec la France, ou du moins la « souveraineté partagée », en participant à l’ensemble des discussions sur l’avenir institutionnel en vue d’aboutir à un accord global.
« Une société plus juste et plus ouverte »
« L’UPM veut faire de la démocratie le pivot de la société en devenir. Nous militons pour le droit à la différence, à la diversité et pour la liberté de conscience », insiste Victor Tutugoro, dont l’objectif est de parvenir à « une société plus juste et plus ouverte, mais qui reconnaît le peuple premier tel qu’il est car on est quand même en Kanaky-Nouvelle-Calédonie ».
Dans cette optique, le parti indépendantiste souhaite s’inscrire pleinement dans le calendrier de discussions qui doit déboucher sur un accord avant les prochaines élections provinciales et qui « comprendra la question du corps électoral ». D’ici-là, l’UPM continue d’apporter son soutien au gouvernement collégial et a son plan S2R (sauvegarde, reconstruction et refondation) « car sans reconstruction du pays, il n’y aura rien derrière ».
Quelle est la vision de la souveraineté partagée de l’UPM ?
Au cours de sa visite aux côtés de Yaël Braun-Pivet, le président du Sénat Gérard Larcher a plusieurs fois évoqué la notion de souveraineté partagée, un terme qui ne doit pas « s’attacher à une conception trop juridique ou trop doctrinale ».
Pour autant, l’UPM a sa propre vision du sujet. « Concrètement, il reste cinq compétences régaliennes, dont la défense. Il s’agit donc de voir comment s’organiser pour gérer ensemble avec la France ces compétences, durant un laps de temps donné, que l’Uni estime devoir être de deux mandatures, pour ensuite, voir si on saute le grand pas », détaille Victor Tutugoro. « C’est dans la droite ligne des Accords : on innove car ici, c’est une terre de colonisation et on veut s’émanciper. Mais nous, on veut le faire avec tout le monde ».
Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes