Nouvelle-Calédonie : Les start-up, un milieu de plus en plus dynamique

Inauguration de la "Station N", "haut-lieu de l'innovation en Nouvelle-Calédonie", en novembre 2020 ©La French Tech Nouvelle-Calédonie

Nouvelle-Calédonie : Les start-up, un milieu de plus en plus dynamique

Les « start-up » - ces jeunes entreprises innovantes à croissance rapide, particulièrement tournées vers le secteur des nouvelles technologies - fleurissent aux quatre coins du monde. Sur le Caillou, ces jeunes pousses ont également le vent en poupe, grâce notamment à un terreau local de plus en plus favorable à leur émergence. Explications de notre partenaire Actu.nc.

Du dispositif innovant pour faire de l’agriculture hors-sol en passant par la farine d’insecte destinée à l’alimentation animale, aux dalles de trottoir combinant déchets plastiques et scorie, à une application mobile pour améliorer la sécurité au travail et réduire les accidents : sur le territoire, les bonnes idées ne manquent pas.

« Si l’on compare les chiffres par rapport aux autres territoires ultramarins ou à des régions métropolitaines analogues, en Nouvelle-Calédonie, on a une dynamique de créativité et d’innovation environ quatre fois supérieure. On produit énormément de projets », assure Christophe Carbou, le directeur du pôle innovation de l’Adecal Technopole qui, depuis sa création en 2014, a déjà accompagné 67 projets locaux de start-up pour près de 300 sollicitations. Parmi ceux-ci, environ 40% proviennent du domaine du numérique et 20% sont issus du monde de la recherche et passent par la valorisation des ressources naturelles calédoniennes.

Le constat est partagé par Christopher Gygès, membre du gouvernement notamment en charge de l’économie numérique : « On a la chance d’avoir un milieu des start-up extrêmement dynamique sur le territoire. On a récemment fait une visioconférence avec Tahiti pour comparer nos deux écosystèmes dans le domaine, et je crois qu’ils nous envient. En Calédonie, on a toujours eu cet esprit pionnier, cette envie d’investir. Et aujourd’hui, les start-up locales traduisent bien cela, c’est un peu l’esprit pionnier 2.0 ». 

« Un bac à sable »

Au total, la French Tech NC – fondée en mai dernier pour contribuer au développement des entreprises innovantes sur les marchés régionaux et internationaux - estime qu’il en existe une centaine sur le Caillou. Si certaines se contentent d’adapter ce qui se fait ailleurs à l’échelle calédonienne, la majorité vise une expansion internationale, condition sine qua non d’une croissance rapide indispensable au bon fonctionnement d’un start-up.

« C’est compliqué de créer une start-up pour un territoire de 280 000 habitants. Il faut plutôt voir notre archipel comme un bac à sable, où l’on peut mettre en application une idée avant de l’exporter par la suite », explique Christophe Carbou. Inscrites dans le plan de relance national, ces jeunes entreprises dynamiques pourraient également offrir à la Calédonie de nouvelles alternatives pour stimuler son économie et créer de l’emploi, en cette période morose accentuée par les crises économiques, sanitaires et institutionnelles. 

« C’est le parfait moment, car les start-up n’ont pas forcément besoin d’un système stable pour se développer, elles ont surtout besoin d’opportunités. Et parfois, les crises sont vectrices d’opportunités : avec le Covid par exemple, on a vu émerger des start-up proposant de la livraison à domicile ou des applications pour mettre les gens en relation », analyse Christopher Gygès. « On voit bien au niveau planétaire qu’il y a des entreprises du monde du numérique qui ont explosé grâce à cette crise, donc les entrepreneurs calédoniens sont eux aussi en capacité d’en tirer du bénéfice ». 

Rassurer les investisseurs privés

Du côté du privé, le constat n’est pas aussi positif que celui dressé par le gouvernement ou l’Adecal. « Ce n’est pas aussi favorable qu’ailleurs, mais cela n’a jamais été aussi favorable localement. Il y a tous les ingrédients, maintenant, il faut vraiment que le gouvernement rassure les gens », tempère le président de la French Tech NC, César Delisle.

Des prêts garantis par l’État, l’installation de BpiFrance (Banque Publique d’Investissement) sur le territoire pour cofinancer des projets innovants, la création d’un label pour développer un réseau local et international ou bien plus récemment la mise en valeur de l’investissement participatif : les avancées pour faciliter la multiplication et la croissance des start-up ont en effet été multiples ces dernières années.

Mais pour César Delisle, des efforts, tels que de nouvelles incitations fiscales ou juridiques pour encourager les investissements privés, jugés encore trop peu nombreux dans le milieu, en passant par une plus grande stabilité institutionnelle indispensable à une vision à long terme, sont encore possibles pour continuer à promouvoir le développement de ces jeunes pousses... dont de nombreux fruits restent encore à cueillir.

Titouan Moal pour Actu.nc