Déchet issu de la fabrication de ferronickel, la scorie est un matériau quasi très peu utilisé depuis plus d’un siècle. La Société Le Nickel (SLN), qui dispose aujourd’hui d’un stock de 25 millions de tonnes de ce résidu métallurgique, est en passe de se tourner vers l’exportation de ce granulat dont les utilisations peuvent être très proches du sable, notamment pour la fabrication de briques ou de remblais. Focus grâce au reportage dédié de nos partenaires de CALEDONIA.
Plusieurs expériences menées ces derniers mois tendent à prouver toute l’utilité de la scorie. Déchet issu du procédé thermique utilisé pour séparer et récupérer des métaux, ici le ferronickel, la SLN en a accumulé depuis 1909 près de 25 millions de tonnes, stockées sur le site de Doniambo sur une surface d’environ 100 hectares. De plus, dans son fonctionnement, le groupe minier en engendre chaque année 1,4 tonne supplémentaire.
Si depuis 1909 la scorie a notamment été utilisé pour les remblais lors de la construction de la ville de Nouméa, le résidu étant présent sur à peu près 20 % de la commune dans ce cadre, il n’est jusqu’ici que trop peu valorisé, explique Yves Veran, responsable projet revalorisation des scories, au micro de Caledonia : « Si on cherche à en vendre plus, ou en mettre plus à disposition de nos pays et nos voisins, c’est pour réduire la vitesse à laquelle notre verse monte. Tous les habitants rue de Papeete la voient monter tous les ans et se demandent quand cela va s’arrêter. Donc on a un devoir sociétal, de montrer à la population, aux pouvoirs publics, de montrer que la SLN valorise mieux sa scorie qu’elle ne le faisait hier ».
Dans ce contexte, la normalisation en cours auprès de la RCNC pourra s’avérer être le véritable tremplin permettant à la scorie d’enfin trouver un cadre d’utilisation, ouvrant alors la porte de sa revalorisation, poursuit Yves Veran : « Le référentiel pour la scorie en tant que granulat aujourd’hui est accepté et passé (…) j’espère que d’ici les 3 prochains mois, le matériau scorie sera agrée dans le cadre du RCNC, ce qui lèvera beaucoup de contraintes pour son utilisation dans le monde industriel ».
Autre exemple d’utilisation possible, celle du sablage, à l’image de l’entreprise Resco, qui utilise depuis 4 ans la scorie en tant qu’abrasif pour ses travaux. La normalisation de la scorie représentera un véritable gain pour le secteur, témoigne Steve Corroyer, gérant de la société Resco : « C’est important de se normer, comme ça permettra d’utiliser ce produit-là sur tous les chantiers de sablages et ainsi arrêter d’importer ce qui l’est. Aujourd'hui ce qui est importé, c’est issu des carrières. Donc on découpe des montagnes, pour pouvoir sabler, alors qu’on est assis sur un tas de scorie à ne pas savoir quoi en faire. Deuxième chose, la scorie, on l’a démontré par des tests indépendants, est plus efficace au sablage que ce qui est aujourd’hui importé ».
Enfin, les débouchées seraient locales, internationales, mais surtout régionales, explique Yves Veran, responsable projet revalorisation des scories : « Tous nos voisins océaniens ont tous des problématiques aujourd’hui de manque de matériaux, des problématiques avec le changement climatique et la montée des eaux, et ils ont besoin de sable notamment pour remblayer certaines zones pour lutter contre l’érosion, donc aujourd’hui, ce sont des pays voisins du notre et qui ont besoin de grosses quantités de matériaux ».
Damien CHAILLOT