Nouvelle-Calédonie : Lancement du Réseau Sentinelle pour lutter contre le mal-être des jeunes

Nouvelle-Calédonie : Lancement du Réseau Sentinelle pour lutter contre le mal-être des jeunes

En Nouvelle-Calédonie, la santé mentale des jeunes est une problématique de plus en plus préoccupante. Selon les données de l’Agence sanitaire et sociale, publiées en 2019, 15 % des jeunes âgés de 10 à 18 ans auraient envisagé le suicide et 10 % auraient déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Face à ces chiffres alarmants, la province Sud a lancé en juillet 2024 le réseau Sentinelle, un dispositif innovant visant à identifier les premiers signes de détresse psychologique chez les jeunes et à les orienter vers une aide adaptée. Focus avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.

Le réseau Sentinelle repose sur un principe de sensibilisation par les pairs : des jeunes volontaires en service civique sont formés pour détecter le mal-être chez leurs semblables et les encourager à solliciter un professionnel de santé. Ces jeunes sont encadrés par des tuteurs issus des domaines de la santé et de la jeunesse, leur assurant un accompagnement de qualité tout au long de leur mission.

Magali Flamme, cheffe de projet à la Direction de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de la province Sud, explique les défis rencontrés pour instaurer ce réseau : « La première fois où on a parlé de ça, de la santé mentale, ils nous ont dit “mais ça, c’est pour les fous madame”. On est dans des cultures où, quand on n’est pas bien, on ne va surtout pas aller voir un professionnel de santé ; on va rester avec notre mal-être »

Pour répondre à cette réalité culturelle, il a été décidé de privilégier une approche de soutien entre jeunes. « Vu qu’il y a cette problématique de mal-être, et que les jeunes ne viennent pas nous parler à nous, adultes, qui seraient les mieux placés pour le faire si ce n’est des jeunes, avec des jeunes ? Peut-être que le message va être mieux reçu, parce que ce sont des jeunes qui leur disent “tu peux y aller” », poursuit-elle.

L’initiative repose sur le constat que le message de sensibilisation est plus facilement entendu lorsque celui-ci est véhiculé par des pairs. « L’idée était de former des jeunes, qu’on appelle “sentinelles”, qui pourraient détecter quand un jeune n’est pas bien, et l’orienter vers un professionnel de santé », conclut Magali Flamme. Cette formation spécialisée, reçue tant par les jeunes en service civique que par leurs superviseurs, vise à doter ces "sentinelles" des compétences nécessaires pour repérer les signes de détresse psychologique et agir en conséquence.

Ce programme, qui a également tiré parti des résultats de l’enquête sur la jeunesse intitulée « Bien dans mes claquettes », espère contribuer de manière significative à la lutte contre le mal-être des jeunes en Nouvelle-Calédonie. 

Damien Chaillot