La Province Sud tenait son débat d’orientation 2024 ce jeudi 9 novembre 2023. Au bilan, malgré l’incertitude sur la clé de répartition des budgets du territoire aux Provinces, les finances sont bonnes, même si certains points méritent une certaine vigilance. Focus, avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.
Un équilibre financier, un maintien des investissements, la consolidation de l’épargne et des économies de fonctionnement, le tout malgré un contexte économique pourtant morose, c’est le bilan positif des élus de la Province Sud, réunis en assemblée ce jeudi 9 novembre.
Une très bonne santé financière, au prix « d’efforts considérables » selon Philippe Blaise, Premier vice-président de la Province Sud, évoquant notamment la suppression de 150 postes au sein de l’institution.
Dans les chiffres, la Province Sud annonce avoir injecté 11 milliards de Francs CFP (91,9 millions d’euros) dans l’économie locale, faisant de l’institution la principale actrice de la commande publique du territoire, tandis que son épargne a légèrement augmentée par rapport à l’année dernière, pour atteindre 9 milliards FCFP (75,2 millions d’euros), permettant d’assurer l’obligation légale de remboursement du capital, mais aussi laisser envisager une « ambitieuse politique d’investissements », appui le premier vice-président de la Province Sud.
Ce bilan positif permet d’envisager un maintien de la commande publique sur le même niveau pour les 3 années à venir, et une nouvelle hausse des investissements à hauteur de 12 milliards FCFP pour 2024 (100 millions d’euros).
Au micro de Caledonia, Philippe Blaise, vice-présidente de la Province Sud, revient sur le bon bilan de la Province :
« On a une collectivité qui est en pleine santé financière, et c’est important parce que la Province Sud, c’est 75% de la population, elle a un budget de fonctionnement qui est quasiment le même que le gouvernement, on a 2.400 collaborateurs, et surtout, on intervient beaucoup dans l’investissement, le soutien à l’économie. Parce que ce qu’on investit à la Province Sud, ce sont 11 milliards, c’est presque 2 fois ce que fait le gouvernement aujourd’hui ».
Cependant, le vice-président de la Province Sud met en avant une zone d’ombre dans l’anticipation des budgets, mettant en cause les imprécisions et retards du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie : « Mais il y vraiment quelque chose à régler au niveau du gouvernement, qui aujourd’hui n’est pas précis dans ses prévisions budgétaires. L’année dernière, on nous avait annoncé un chiffre très bas, donc on a eu un budget qui était très serré, puis en fin d’année, on nous dit que finalement il y a 178 milliards, mais ça a été dit tellement tard qu’on n’a pas pu le mettre dans le budget supplémentaire. Ça nous oblige à ne pas pouvoir donner des réponses favorables à certaines demandes du milieu associatif, et tout ça c’est pénalisant pour l’ensemble de la société ».
De son côté, Philippe Michel, élu de Calédonie Ensemble, prône la vigilance pour l’avenir, et revient sur le sensible débat de la clé de répartition des recettes fiscales du territoire : « Il ne faudrait pas s’endormir sur nos lauriers. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a des sujets inquiétants qui arrivent, la remontée des taux d’intérêt qui va affecter notre capacité d’investissement, l’inflation mondiale qui renchérit le coût des prestations des entreprises, des difficultés de trésorerie qui malmènent nos délais de paiement et qui impactent les entreprises, tout cela nous oblige à la vigilance. Après, l’autre sujet ça sera l’évolution de la clé de répartition des recettes fiscales du pays entre les différentes collectivités. Là, les discussions politiques sont en cours entre les uns et les autres. J’espère qu’un consensus se dessinera au moins pour corriger le déséquilibre initial des évolutions démographiques intervenues depuis 1988, et j’espère que la sagesse prévaudra entre les uns et les autres sur ces discussions ».
Damien CHAILLOT