Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin pourrait revenir début décembre si l’Union calédonienne participe aux discussions à trois

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Nouvelle-Calédonie : Gérald Darmanin pourrait revenir début décembre si l’Union calédonienne participe aux discussions à trois

Lors d'un entretien avec la radio RRB et les chaînes de télévision Nouvelle-Calédonie la 1ere et Caledonia ce samedi aux côtés de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin a annoncé qu'il pourrait revenir les 4 et 5 décembre à Nouméa, « à condition que se tiennent des réunions à trois », incluant l'État, les indépendantistes et les non-indépendantistes.

En visite en Nouvelle-Calédonie vendredi et samedi, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, n'est pas parvenu à ramener les indépendantistes de l'Union calédonienne (UC) autour de la table des discussions, et s'est dit samedi à Nouméa « un peu échaudé » par le résultat des réunions qu'il a tout de même tenues avec le parti membre du FLNKS.

« Des discussions nombreuses ont été menées, c'est la cinquième fois que je viens en Nouvelle-Calédonie pour mener ces discussions, j'ai un peu été échaudé de voir qu'une partie des indépendantistes ne voulaient pas rentrer dans la discussion », a-t-il commenté, tout en se disant prêt à revenir « pour la sixième fois » en vue d'obtenir « un accord plus large » et « constitutionnel ».

« La volonté de l'État, c'est une grande réforme constitutionnelle qui tire la conclusion des trois référendums, qui projette la Nouvelle-Calédonie vers l’avenir, qui permette l’autodétermination dans un cadre raisonné avec un accord de tous les partis politiques », a-t-il assuré. Toutefois, si un accord constitutionnel n’est pas conclu avant le 31 décembre, Gérald Darmanin a annoncé qu’il « déposerait un projet de loi organique pour modifier les listes électorales pour les provinciales qui se tiendront en 2024 ».

« Il faut mettre fin à cette incertitude institutionnelle » a insisté le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. « Il est évident que d’ici la fin de l’année il faut qu’il y ait un accord institutionnel global. S’il n’y a pas d’accord, l’État avancera (…) sur les listes électorales provinciales ». L'UC, qui rejette le projet présenté par l'État début septembre, avait confirmé lors de son congrès mi-novembre refuser de discuter du texte, tout en réaffirmant sa volonté de dialoguer avec l'État, sous la forme de réunions bilatérales. L'autre principale composante du FLNKS, le Palika, participe en revanche aux discussions.

L'éventuel dégel du corps électoral aux élections provinciales (qui pourrait bousculer les équilibres politiques) est l'un des points d'achoppement, l'UC y étant opposée. Ce scrutin est crucial en Nouvelle-Calédonie, où les provinces détiennent une grande partie des compétences. « Un avis a été demandé au Conseil d'État, qui se prononcera le 8 ou le 9 décembre », a dit le ministre, sur la possibilité juridique de modifier ce corps électoral.

Interrogé aux côtés de Bruno Le Maire samedi soir, Gérald Darmanin a aussi développé quelques points du projet remis aux forces politiques calédoniennes début septembre. Il est notamment revenu sur sa volonté de donner davantage d’importance au Sénat coutumier, à travers un rapprochement avec le CESE et les communes. Il a aussi « proposé que le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie soit élu au suffrage universel direct » mais n’a pas obtenu d’accord sur cette proposition. 

Autre point : la transformation du congrès calédonien, assemblée délibérante composée des assemblées provinciales, en parlement. Une proposition « plutôt acceptée » mais qui nécessite une nouvelle répartition des sièges « par rapport à cette nouvelle liste électorale ». « Il ne s’agit pas d’équilibrer un pour un, il n’y aura jamais la même représentativité dans le Nord que dans le Sud ». 

Sur l’exercice du droit à l’autodétermination, Gérald Darmanin évoque un référendum sur un projet « accepté par les deux tiers des membres », « c'est-à-dire au-delà de son camp politique (…) ce qui évitera la confrontation que nous avons connue jusque-là ». « Et si le congrès est d’accord, on consulte la population calédonienne sur un projet qui n’est pas forcément l’indépendance, qui peut être une nouvelle façon de vivre, de nouvelles institutions », a-t-il expliqué.