Dans deux courriers distincts, des élus du parti non indépendantiste Calédonie ensemble et la présidente de la province Sud Sonia Backès, ont demandé au Premier ministre François Bayrou le maintien du chômage partiel dans l’archipel, mis en place après les émeutes de mai dernier, et qui concerne 15 000 salariés calédoniens.
« En Nouvelle-Calédonie l’urgence absolue est le maintien du financement par l’État du régime du chômage partiel qui permet à 15 000 salariés Calédoniens de bénéficier de la totalité de leur salaire jusqu’à 2,5 SMG, 70% étant pris en charge par la puissance publique et 30% par l’entreprise » ont écris Philippe Gomès, Philippe Dunoyer, Gérard Poadja et Philippe Michel dans leur courrier adressé à François Bayrou.
« Ce régime doit être impérativement prolongé tant que l’économie calédonienne ne sera pas stabilisée, 30% de son PIB ayant été détruit à la suite des évènements du 13 mai. Sinon, la chute s’accélèrera », ajoutent-t-ils. Un point de vue, selon eux, partagé par le président du Sénat Gérard Larcher qui, lors de sa mission en Nouvelle-Calédonie, concédait que « la durée prévue pour le chômage partiel (n’était) pas compatible avec un temps de reconstruction et de redémarrage de l’économie ».
« Lorsque le régime de chômage partiel sera interrompu le 31 décembre, entre 50% et 75% de ces salariés, seront licenciés et admis au chômage total pendant 9 mois, à 75% du SMG, quel qu’ait été leur salaire antérieur » alertent les élus de Calédonie ensemble, « ces salariés au chômage se surajouteront aux 10 000 Calédoniens qui ont déjà perdu leur emploi en 2024 selon les statistiques de l’ISEE ». « Au total, ce sont donc près d’1/3 des salariés du secteur privé (68 000 avant le 13 mai) qui auront perdu leur emploi et qui se retrouveront -au terme des modestes indemnités du régime chômage total- sans aucun revenu ».
« Dès sa mise en œuvre, le 14 juin, ce dispositif s’est révélé être un véritable pilier pour la préservation de l’emploi et la sauvegarde des entreprises locales. Ce mécanisme a permis à des milliers de familles calédoniennes de maintenir un niveau de vie suffisant pour faire face à cette crise sans précédent. Il a également permis à des centaines d’entreprises de maintenir leur activité en attendant une relance de l’économie » a pour sa part écrit la présidente de la province Sud (Les Loyalistes) Sonia Backès.
« Compte tenu du coût de la vie en Nouvelle-Calédonie », les salariés qui perdront le chômage partiel « risquent d’être précipités dans une précarité terrible, sans perspective sérieuse de retour à l’emploi ». « L’arrêt du chômage partiel contraindra des centaines d’entreprises à réduire leur activité, entraînant de nouveaux licenciements, tandis que d’autres n’auront d’autre choix que de mettre la clé sous la porte ».
« Cette double dynamique mortifère, touchant à la fois les entreprises et les Calédoniens, dans un contexte social déjà particulièrement fragile et tendu, compromettrait gravement les efforts de redressement engagés par la Nouvelle-Calédonie avec le soutien de l’État ces derniers mois » poursuit Sonia Backès qui rappelle que le plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction (PS2R) du gouvernement calédonien prévoit « un arrêt bien plus tardif du dispositif de chômage partiel, avec une échéance fixée au 30 juin 2025 ».
« Au regard de la situation économique et financière actuelle de la Nouvelle-Calédonie, il apparaît absolument nécessaire de respecter les principes fixés par le PS2R, afin d’atteindre son premier objectif : sauvegarder l’économie calédonienne et ne pas hypothéquer ses chances de relance », ajoute encore l’élue qui conclut « qu’une telle mesure représente un investissement nécessaire pour préserver la paix sociale et soutenir l’avenir économique de la Nouvelle-Calédonie. Elle constituerait par ailleurs un signal fort de l’engagement de l’État aux côtés des Calédoniens ».