Nouvelle-Calédonie : Anticiper les risques naturels et sanitaires à Thio

©Hugo Coëff / Actu.nc

Nouvelle-Calédonie : Anticiper les risques naturels et sanitaires à Thio

Érosion et submersion du littoral sont de plus en plus au cœur des problématiques des habitants de la Nouvelle-Calédonie avec l’évolution progressive du changement climatique. Le Comité consultatif de l’environnement (CCE) et la SLN ont souhaité remettre en perspective les impacts sur l’environnement de la mine de Thio et essayer d’anticiper les prochains risques naturels et sanitaires. Explications avec nos partenaires Actu.nc.

La commune de Thio est basée sur une formation géologique de massifs de péridotite, ce qui explique la présence de gisements de nickel et l’exploitation historique depuis 140 ans. Une exploitation qui a donc des conséquences en termes de comportement des sols. En 2016, la commune de Houaïlou en a fait les frais. 

Des glissements de terrain avaient eu lieu à la tribu de Ouakaya et de Gouareu, le 22 novembre 2016, constituant la plus grave catastrophe naturelle du pays, avec 5 morts et 6 blessés ainsi que 6 maisons emportées par la coulée de boue. Après ces évènements, des blocages avaient été mis en place par les habitants et des revendications avaient été portées. Finalement, un protocole d’accord a été élaboré permettant de mettre en place des actions, notamment sur les creeks (cf. article sur le fonds nickel et le creek de ‘Tomuru’) afin d’améliorer la situation.

Si, lors de la visite des mines de Thio, la journée était plutôt dédiée au code et schéma minier, le Comité consultatif de l’environnement (CCE) et la SLN souhaitaient mettre en perspective les impacts causés par l’exploitation des mines. La Nouvelle-Calédonie fait partie d’une zone tropicale qui subit régulièrement des pluies intenses et abondantes avec des zones inondables ou submersibles. Ce contexte géographique a été évalué par des experts afin d’essayer d’anticiper les changements climatiques et les risques naturels et sanitaires qui pourraient poser problème sur et en dehors de l’exploitation minière. 

Des ressources en eau souterraines ?

Un des premiers problèmes soulevés par les experts, notamment Olivier Monge, chef du Service géologique de Nouvelle-Calédonie (SGNC), sont les ressources en eaux. Elles contiennent des métaux dépassant, quelquefois, les seuils, ce qui est lié à la particularité de ces formations géologiques. Elles participent aussi à la minéralisation des eaux. En parallèle, la commune de Thio est souvent sujette aux incendies. 

Or, au-delà des impacts du feu sur la biodiversité de la région, l’incendie a aussi des impacts sur la qualité de la ressource en eau, libérant d’autant plus facilement des métaux qui viennent se retrouver dans les eaux après des incendies et des pluies. Des études ont également constaté la présence de métaux dans les urines à des teneurs supérieures à la norme européenne. 

La mine SLN de Thio en Nouvelle-Calédonie ©Martial Dosdane

Se pose donc la question de son incidence en termes épidémiologique et de maladies. « Même s’il faut améliorer la situation sur mine, nous n’allons pas empêcher la pluie de tomber. La manière de l’objectiver, c’est effectivement de mesurer le débit et de voir si les choses se sont améliorées », précise toutefois Olivier Monge. Aujourd’hui, peu de solutions existent. Plusieurs projets, portés par le CNRT ou encore le Consortium pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Calédonie, essayent de comprendre si ces forages peuvent avoir des impacts sur la santé humaine. 

Mais le vrai enjeu, par rapport à la ressource en eau, serait d’avoir une solution de secours avec notamment les ressources en eau souterraines. Jusqu’à présent, la Nouvelle-Calédonie est un pays plutôt favorisé avec de la pluie et de l’eau en abondance, évitant la plupart du temps de manquer d’eau – hormis les problèmes de sécheresse sur la côte Ouest. Pourtant, à moyen terme, cette solution pourrait s’avérer la plus intéressante pour chercher de l’eau de meilleure qualité, plus stable au cours de l’année et moins influencée par les sécheresses.

Hugo Coëff pour Actu.nc