Nickel : les ventes de la SLN en recul de 5% au troisième trimestre 2023, Eramet confirme sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne

Stock de minerai à l’usine de Doniambo en Nouvelle-Calédonie ©SLN

Nickel : les ventes de la SLN en recul de 5% au troisième trimestre 2023, Eramet confirme sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne

Le groupe minier français Eramet, dévoilant son chiffre d’affaires ajusté pour le troisième trimestre 2023, a également précisé que les ventes de la SLN de Nouvelle-Calédonie sont en recul de 5% sur la période. Déplorant par ailleurs des « problèmes sociétaux » et des « difficultés d’obtention des autorisations d’exploiter », le Groupe a également confirmé sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne.

 

Le groupe minier Eramet a annoncé le 26 octobre un chiffre d’affaires ajusté de 980 millions d’euros au troisième trimestre 2023, en recul de 26% par rapport au même trimestre en 2022, intégrant la forte baisse des prix de vente (-27% par rapport au troisième trimestre 2022), en partie compensée par la croissance des volumes des opérations minières (+7%). Le groupe souligne des performances positives sur le trimestre grâce notamment à la poursuite de la croissance exceptionnelle de la mine de Weda Bay en Indonésie, avec 8,3 Mth (millions de tonnes humides, ndlr) de volumes de minerai de nickel vendus (+184%), un niveau record de production au Gabon à 2,1 Mt (millions de tonnes, +4%) et volumes transportés stables (à 2 Mt), ainsi qu’une réduction des coûts fixes.

Concernant la Nouvelle Calédonie, « les ventes de la SLN (Société Le Nickel, ndlr) sont en recul de 5% à 224 millions d’euros, reflétant un effet prix fortement défavorable, partiellement compensé par la forte croissance des volumes vendus de minerai et de ferronickel, par rapport à un niveau bas au troisième trimestre 2022 », constate le groupe. « Le prix spot du ferronickel tel que produit par la SLN (nickel de classe II également [classe II : produit avec un contenu nickel inférieur à 99%, ndlr]) s’est situé, comme attendu, à un niveau proche du prix du NPI (Nickel Pig Iron, ou fonte brute de nickel, ndlr), affichant une baisse d’environ 12% sur le trimestre. Le prix du minerai de nickel, tel qu’exporté par la SLN, s’établit en moyenne à 87 $/th, en baisse de 20% sur le trimestre (-6% par rapport au premier semestre 2023). Néanmoins, le prix a connu une hausse progressive sur le trimestre, passant de 80 $/th à environ 95 $/th début octobre, en raison de tensions sur l’offre de minerai indonésienne. »

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 Sur le Caillou, la production minière a atteint 1,5 Mth, stable par rapport au troisième trimestre 2022. Cependant, des problèmes sociétaux ainsi que des difficultés d’obtention des autorisations d’exploiter persistent, notamment à Poum (activité suspendue depuis août) et à Népoui, signale Eramet. « Les exports de minerai de nickel à faible teneur affichent une progression à 0,7 Mth (+17%), compte tenu d’une offre de minerai indonésien limitée. La production et les ventes de ferronickel sont également en hausse, respectivement à 12,8 kt-Ni ([kilotonne de nickel, ndlr] +35%), et à 13,2 kt-Ni (+25%) du fait d’un meilleur fonctionnement de l’usine maintenant correctement alimentée en électricité suite à la mise en place de la CAT (« Centrale Accostée Temporaire »).

En termes de perspectives, la demande de nickel primaire devrait continuer à croître au quatrième trimestre 2023 grâce à une reprise plus prononcée du secteur des batteries en Chine, en dépit d’un marché européen de l’inox toujours atone, prévoit Eramet. « La situation excédentaire du marché devrait ainsi se maintenir pour l’année 2023. Les prix du NPI et du minerai de nickel (tel qu’exporté par la SLN) pourraient se stabiliser compte tenu de l’incertitude liée au processus administratif de délivrance des permis miniers en Indonésie qui pèse sur l’offre de minerai local ».

Eramet relève que la filiale calédonienne du Groupe continue de faire face à d’importantes difficultés, tant en termes d’autorisations d’exploitation que d’accès à une énergie compétitive, dans un contexte d’environnement de prix dégradé pesant sur ses résultats. « La poursuite du plan de réduction des coûts et de préservation de la trésorerie reste aujourd’hui la priorité », explique-t-il.

Par ailleurs, comme prévu, la SLN a procédé en août au tirage de la dernière tranche de 20 millions d’euros du prêt accordé par l’Etat en début d’année (pour un montant total de 60 millions). Eramet précise : « Suite au rapport de l’IGF (Inspection générale des finances, ndlr), depuis début septembre, la SLN participe activement au Groupe de Travail Nickel qui réunit l’ensemble des parties prenantes du secteur du nickel en Nouvelle-Calédonie, pour rendre la production de nickel viable sur le territoire. Dans ce contexte, Eramet contribue à la recherche de solutions, tout en gardant le cap de sa stratégie globale. Le Groupe confirme ainsi sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne ». Un sujet épineux qui sera sans doute au menu de la visite des ministres de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire et de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin les 24 et 25 novembre en Nouvelle-Calédonie.

PM