Législatives 2022 : En Polynésie, la majorité en tête dans deux circonscriptions, les indépendantistes soutenus par la Nupes en tête dans la 3ème

De gauche à droite et de haut en bas : Nicole Bouteau, Tepuaraurii Teriitahi et Tuterai Tumahai, candidats investis par la majorité présidentielle, affronteront au second tour les candidats indépendantistes soutenus par la Nupes : Tematai Legayic, Steve Chailloux et Moetai Brotherson

Législatives 2022 : En Polynésie, la majorité en tête dans deux circonscriptions, les indépendantistes soutenus par la Nupes en tête dans la 3ème

Deux candidats de la majorité, à la fois présidentielle mais aussi locale, se sont hissés en tête du premier tour des Législatives dans les deux premières circonscriptions de la Polynésie française. Dans la 3ème circonscription, le député sortant Moetai Brotherson, indépendantiste et soutenu par la Nupes, est en tête.

42,21%. C’est le taux de participation du premier tour des Législatives en Polynésie. En 2017, ce même taux de participation était de 42,07%, à la même heure. Un taux de participation relativement faible, légèrement meilleur qu'en 2017, mais loin des 54,90% de 2007. Par circonscription (la carte en fin d'article), il est de 43,62% dans la 1ère, 39,65% dans la seconde et 43,33% dans la troisième.

Dans la 1ère circonscription -comprenant notamment Papeete-, Nicole Bouteau, ancienne ministre du Tourisme pour la première fois candidate aux Législatives, termine ce premier tour avec une très nette avance sur ses adversaires. Avec son étiquette Ensemble ! de la majorité présidentielle mais celle du parti local majoritaire du président Édouard Fritch, elle remporte 41,90% des suffrages exprimés. Elle retrouvera au second tour le très jeune candidat indépendantiste soutenu par la Nupes, Tematai Legayic (21 ans), arrivé second avec 20,11%% des suffrages. Sauf surprise, le ballotage est favorable à la candidate de la majorité Nicole Bouteau.

Dans la seconde circonscription, changement de représentant puisque la députée sortante, Nicole Sanquer, n’a pas réussi à se qualifier au second tour (17,31%). Arrivée en tête dans cette circonscription (33,24%), Tepuaraurii Teriitahi, elle aussi soutenue par les majorités présidentielle et locale, affrontera au second tour le candidat indépendantiste, lui aussi soutenu par la Nupes, Steve Chailloux (28,84%). Contrairement à la 1ère circonscription, l’issue du second ici est plus incertaine et dépendra des positions des candidats non qualifiés. 

Dans la troisième circonscription, le député sortant Moetai Bortherson, indépendantiste soutenu par la Nupes, arrive en légère tête à l’issue de ce premier tour, avec 34,26% des suffrages. Il est suivi de près par le candidat des majorités, présidentielle et locale, Tuterai Tumahai (32,04%). Moetai Brotherson a notamment remporté les deux villes les plus peuplées de Polynésie française : Faa’a, fief des indépendantistes (57,03%), et de façon plus surprenante, Punaauia, qui a pour la première fois hissé un indépendantiste en tête d’un scrutin (32,73%). 

Duel autonomie contre indépendance, majorité présidentielle contre Nupes

C’est donc un double duel qui va se jouer lors du second tour, qui aura lieu le samedi 18 juin prochain. À l’échelle locale, ce sera un duel autonomie, incarnée par le président local Édouard Fritch et son parti, contre indépendance, incarnée par Oscar Temaru et son parti. À l’échelle nationale, ce sera un duel majorité présidentielle contre Nupes, puisque les candidats d’Édouard Fritch ont l’étiquette Ensemble ! tandis que les candidats indépendantistes ont le soutien de la Nupes. Moetai Bortherson, député sortant, siégeait notamment au sein du GDR, groupe parlementaire du parti communiste, composant la Nupes.

Sauf grande surprise, les jeux semblent faits dans la 1ère circonscription : Nicole Bouteau part avec une nette avance sur son adversaire indépendantiste Tematai Legayic. Malgré tout, l’addition des nombreuses oppositions susceptibles d'appeler à voter le candidat indépendantiste pourrait faire vaciller l’ancienne ministre du Tourisme. Mais c’est surtout dans les 2ème et 3ème circonscriptions que le positionnement des non qualifiés pourrait changer l’issue du scrutin. Dans la 2ème circonscription par exemple, le positionnement de la député sortante Nicole Sanquer sera à surveiller puisqu’elle peut faire pencher la balance en faveur de la candidate de la majorité ou du candidat indépendantiste. Il en va de même pour le positionnement du 4ème, candidat de Gaston Flosse, avec ses 12,74%.

Les indépendantistes du Tavini (en bleu) apparaissent aujourd'hui comme la 1ère force d'opposition aux autonomistes du Tapura (rouge), parti du président polynésien Édouard Fritch (capture TNTV)

Dans la troisième circonscription, si Moetai Brotherson est arrivé en tête, le député sortant devra améliorer son score et pour se faire, probablement bénéficier du soutien des candidats non qualifiés. Dans les trois circonscriptions, ces candidats non qualifiés possèdent des bases électorales solides et ancrées, à l’instar des candidats de l’ancien président polynésien Gaston Flosse, assez pour confirmer une avance ou renverser la table. L’autre inconnue reste la mobilisation des électeurs entre les deux tours, car avec un taux de participation de 42%, les réservoirs de voix sont nombreux et peuvent aussi renverser la table. À noter qu’en 2017, le taux de participation au 1er tour était de 42,07% et de 47,21% au second tour (chiffres définitifs). 

Par rapport à la présidentielle, les candidats l’antenne locale du parti de Marine Le Pen, présente dans deux circonscriptions, ne remportent même pas 3% des suffrages exprimés, alors que la candidate du RN s’était hissée en seconde position du scrutin présidentielle, avec une nette amélioration de son nombre de voix. Preuve une nouvelle fois que les enjeux et scrutins électoraux locaux sont parfois aux antipodes du grand scrutin national. Enfin, à l’échelle des partis locaux, le parti indépendantiste reprend du poil de la bête et apparaît, à l’issue de ce premier tour des Législatives, comme le principal opposant au parti d’Édouard Fritch. Les résultats du second donnera une idée du poids électoral des partis locaux, à un an des Territoriales 2023, rendez-vous majeur de la vie politique polynésienne. 

Pour rappel, la Polynésie a voté une semaine en avance, comme les Français de l’étranger, pour des raisons logistiques. En effet, certaines îles étant dépourvues d’aéroports et de desserte maritime régulière, les services de l’État ont besoin d’un entre-deux tours de deux semaines pour acheminer toute la propagande électorale et le matériel nécessaire au vote, largués par avion.