Quatre mois après la présentation du projet de décentralisation de l’administration en Polynésie, qui doit voir 1 500 postes, 22 services et 6 ministères être relocalisés hors de Papeete, le gouvernement s’attache les services d’un délégué interministériel pour mieux coordonner le dossier. C’est l’urbaniste Jean-Alain Di Jorio, Polynésien formé à Ponts et chaussées et qui travaillait déjà sur la décentralisation au sein de G2P, qui prendra le poste ce lundi. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Le 29 juillet dernier, c’est le gouvernement au complet, ou presque, qui avait présenté le plan de décentralisation de l’administration. Jordy Chan, qui avait hérité, en février, d’un nouveau portefeuille consacré au dossier, était alors au micro.
Mais dès le début de la présentation, le ministre des Grands Travaux prenait soin de préciser qu’un projet si « structurant », présenté comme étant le plus importants pour le Pays depuis la construction du Taaone, avec ses 27 milliards de francs d’investissements sans compter les nouveaux aménagements à Taravao, était préparé depuis de longs mois « en interministérialité ». Et devait continuer à l’être dans les douze années du calendrier prévisionnel. C’est dans cette optique qu’a été créé ce vendredi au journal officiel, un nouveau poste de délégué interministériel à la décentralisation.
Quatre délégués au gouvernement
Ces délégués, qui n’ont pas d’autorité directe sur l’administration, sont chargés, d’après une circulaire de 2021, de « coordonner les moyens du Pays » et l’action de plusieurs services et ministères, sur des thématiques « prioritaires ». Ils ont connu beaucoup de mouvement depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Brotherson, qui avait vu rapidement partir Maratai Teihotaata, chargé de la préparation de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques, et qui avait mis fin à la mission de William Vanizette à la « prospective ».
Anthony Pheu avait un temps été nommé à la « coordination gouvernementale et à l’optimisation de l’action publique », avant de rejoindre, courant 2024, le ministère de la Santé, pendant que Pierre Frebault, attaché à l’emploi local sous le gouvernement Fritch, était remobilisé sur le « dialogue social et la PSG », poste qu’il finira par quitter pour prendre les rênes de la CPS. Bruno Lai, lui avait fait un passage express, entre mai et octobre 2025, au poste de délégué en charge du travail, de l’emploi et de la PSG.
Reste Nathalie Salmon Hudry, chargée dès la nomination du gouvernement, du handicap et de l’inclusion. Léopold Biardeau, nommé délégué interministériel au climat en octobre 2024, est lui aussi toujours en poste, comme Rauarii de Longeaux, en charge de la lutte contre les addictions et les violences. Aux trois délégués en fonction s’ajoutera donc, à partir de ce lundi, un quatrième : Jean-Alain Di Jorio.
Diplômé de Ponts et chaussées
Cet urbaniste, un des deux seuls Polynésiens, dans cette spécialité, qui a été diplômé de l’école nationale des Ponts et chaussées, avait été un temps directeur des services techniques des services de Mahina, avant de prendre la tête, en 2022, du Groupement d’études et de gestion du domaine public, à la Direction de l’Équipement. Depuis le mois de juin, il était en charge du volet opérationnel de la décentralisation au sein de Grands Projets de Polynésie.
Le nouveau délégué interministériel en charge de la décentralisation a donc été à l’œuvre dans le lancement, courant août, du concours d’architectes pour le futur pôle administratif de Taravao, qui doit accueillir 400 agents en 2032 et plus d’un millier avant 2037. Ou celui, cette semaine, du marché des études techniques pour le Pôle Ressources Primaires de Papara, qui doit réunir à terme la DAG, la DRM, l’Epic Vanille ou le ministère de l’agriculture.
La construction de ces nouveaux pôles administratifs (Taravao, Papara, mais aussi Mahina, qui doit accueillir un pôle éducatif) ne représente qu’une partie du projet de décentralisation : en « montrant l’exemple », et en relocalisant, à terme, 1 500 postes de fonctionnaires, le gouvernement compte bien doper le développement du Sud et de la Presqu’île. De nombreux chantiers, côté éducation, logement, loisirs -comme le nouveau grand parc de la baie de Phaeton-, santé, avec le pôle médical public-privé de Taravao, ou transport doivent aussi être coordonnés dans les prochaines années.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti























