Le Congrès de Nouvelle-Calédonie a adopté jeudi un budget territorial pour l'année 2024 en baisse de près de 20% par rapport à 2023 dans un contexte financier difficile pour l’archipel.
Le budget primitif calédonien s'établit à 2,1 milliards d'euros contre 2,6 milliards d'euros en 2023, soit une baisse de 19%. Vingt-huit élus calédoniens ont voté pour et treize contre, sept s'étant abstenus sur les 48 élus présents ou représentés. Cette baisse tient à « un retour à un cycle budgétaire à peu près normal et stable », a tenu à relativiser auprès des journalistes Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement, qui assure qu'un « budget supplémentaire interviendra au mois de mai et viendra combler ce qui apparaît à première vue comme une diminution ».
Il a précisé qu'un plan de relance de l'économie de l'archipel serait présenté à cette occasion, sans donner davantage de détail. « Nous sommes confrontés à beaucoup de problématiques structurelles mais nous avons le courage politique d'apporter de vraies réponses », a déclaré à l'AFP Milakulo Tukumuli, le président de l'Éveil océanien, qui forme une coalition majoritaire au Congrès avec les groupes indépendantistes.
Sans surprise, les non-indépendantistes de l'intergroupe Les Loyalistes et du groupe Le Rassemblement ont voté contre. « Un budget doit avoir une vision, des mesures de relance de l'économie par des grands investissements et donc une stratégie de maîtrise très rigoureuse des dépenses. On n'a rien de tout ça », a commenté à l'AFP Philippe Blaise, un des dirigeants des Loyalistes.
« On s'interroge sur la sincérité de ce budget », a estimé de son côté pour l'AFP Virginie Ruffenach, la présidente du groupe Le Rassemblement. Le groupe Calédonie ensemble (non indépendantiste) s'est lui abstenu, pointant l'absence d'engagement du gouvernement calédonien à contribuer au sauvetage des trois usines de nickel, en très grande difficulté.
En arrière-plan de ce budget, le gouvernement de Louis Mapou, élu en février 2021, tente de réformer en profondeur la fiscalité et le système de protection sociale pour retrouver des marges de manœuvre financières. En octobre, une nouvelle fiscalité minière et une réforme de l'impôt sur le revenu ont notamment été votées alors que l'État avait annoncé un mois plus tôt un soutien financier de 37 millions d'euros à la Nouvelle-Calédonie, très endettée depuis la crise sanitaire.