Google annonce ce mercredi le lancement de la construction de deux câbles sous-marins transpacifiques : Honomoana qui reliera les États-Unis à l’Australie, et Tabua, qui reliera Tahiti à Fidji. Pour la Polynésie, déjà bien reliée à l’Internet mondial, l’enjeu est surtout dans la location à Google d’une partie du site de Papenoo pour un data center, et une sécurisation supplémentaire de ses télécommunications qui reste à étudier au regard de nos futurs besoins. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Le vice-président pour l’infrastructure de réseau de Google, Brian Quigley, a publié ce mercredi sur son blog l’annonce du plan « South Pacific Connect » : deux câbles sous-marins transpacifiques, qui passeront tous deux par Tahiti, en collaboration avec plusieurs opérateurs de la région, dont l’OPT. Ils pourraient être mis en service en 2025 ou 2026.
L’annonce intervient alors que le Premier ministre australien Anthony Albanese se rendait à la Maison Blanche ce mercredi pour une rencontre avec Joe Biden. Les deux hommes ont confirmé un renforcement de la coopération américano-australienne dans plusieurs domaines, technologie, mais aussi énergie propre, défense et sécurité, et droits humains. Il s’agit évidemment de contrer l’influence chinoise dans la région. La contribution de l’Australie sera de 50 millions de dollars, celle des États-Unis sera de 10 millions de dollars.
Une boucle entre l’Australie et les États-Unis, et des possibilités de raccordement pour d’autres îles du Pacifique
Honomoana (« le lien de l’océan ») constituera une boucle reliant les États-Unis à l’Australie via Tahiti au Sud et Fidji au Nord, et Tabua (dent de cachalot) reliera Tahiti à Fidji. Ce dernier servira à « connecter les routes transpacifiques, à améliorer la fiabilité, ajouter de la capacité et réduire la latence pour les usagers du Pacifique et du monde ». Des stations de raccordement seront pré-positionnées dans d’autres îles du Pacifique.
Pour le vice-président de Google, il s’agit aussi de mieux équiper « une région susceptible de subir des catastrophes naturelles ». Le projet ambitionne d’inclure à terme les Kiribati, les îles Marshall, la Papouasie-Nouvelle Guinée, les îles Salomon, le Timor oriental, Tuvalu et le Vanuatu. La capacité et la vitesse de ces câbles n’ont pas été dévoilées. Le communiqué cite Moetai Brotherson : « Le gouvernement de la Polynésie française a désigné l’économie numérique comme l’un des quatre secteurs prioritaires pour le développement économique et social. Nous ne pouvions rêver meilleur partenaire que Google. »
On savait déjà que le Chili, qui souhaitait se doter d’un câble vers l’Asie depuis des années, avait passé la main à Google : Vannina Crolas en avait fait état, sans citer l’entreprise nommément, après s’y être rendue en juin dernier. En revanche, le communiqué publié ce mercredi ne montre aucun raccordement au Chili, si ce n’est un passage à l’île de Pâques. Pour Jean-François Martin, le P-Dg de l’OPT, c’est une bonne nouvelle – « ça veut dire que Google finance et ça c’est bien » – mais il reste prudent sur la suite. Google a l’intention d’installer des data centers dans le Pacifique, et une partie du site de Papenoo pourrait ainsi être louée au géant américain.
Sur l’opportunité de sécuriser davantage les liaisons internet de Polynésie, il rappelle que depuis le branchement du câble Manatua, la Polynésie bénéficie d’un certain confort, et l’éventuelle dépense que représente l’achat de capacités supplémentaires doit être examinée selon les projections de nos futurs besoins.
Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti