États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer : Des constats et des orientations en guise de feuille de route

La délégation polynésienne aux États généraux du Multilinguisme Outre-mer (crédits : gouvernement polynésien)

États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer : Des constats et des orientations en guise de feuille de route

Dix ans après Cayenne, la 2nde édition des États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer (EGM-OM) s’est tenue à La Réunion du 25 au 28 octobre dernier. Piloté par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) la rencontre s’est donnée comme objectif de construire une réflexion collective visant à proposer une politique linguistique favorable au multilinguisme dans l’éducation, l’espace public et les différents domaines de la vie sociale et culturelle.

Une délégation composée de représentants de structures publics et privés de Polynésie française s’est rendue sur place pour y participer à des degrés divers : au titre de conférenciers sur « Les langues en Polynésie française : la quête d’un nouvel équilibre » ; au titre d’animateur et de rapporteurs de plusieurs ateliers de travail : « Patrimoine culturel immatériel », « Structures d’appui linguistique », « Pédagogies plurilingues (Retour d’expérience) », et « Outils numériques (Recherche, enseignement, création) ».

La rencontre fut l’occasion de faire le point sur le positionnement spécifique des langues d’Outre-mer parmi les langues régionales de France.

A la restitution de la synthèse des travaux, le délégué général à la langue française (DGLF) Paul De Sinety a souligné la nécessité pour les Outre-mer de se réunir tous les 4 ou 5 ans au lieu de 10 ans pour travailler sur des problématiques communes et spécifiques afin d’identifier les actions prioritaires permettant l’élaboration des stratégies de politiques publiques en matière de langue proches des réalités et des besoins fondamentaux des territoires. D’autre part, la transversalité de la question des langues qui va au-delà des secteurs de la culture et l’éducation, et l’ouverture de nouvelles perspectives vers les thématiques environnementales, sanitaires, judiciaires, numériques et des savoirs autochtones. 

En guise de feuilles de route, il a annoncé plusieurs orientations et 3 perspectives opérationnelles, à savoir : 

  • Le numérique et l’innovation : il y a urgence pour une stratégie linguistique ambitieuse en ce domaine (équipement des langues, enrichissement, collecte et archivage du patrimoine culturel immatériel, accompagnement de « start up ») ;
  •  La transmission inter-générationnelle : il y a nécessité de reconnaître les langues ultramarines comme langue maternelle ou co-maternelle. 3 propositions sont faites :
  • L’éducation artistique et culturelle, où comment développer des programmes d’appropriation de la culture pour les jeunes en lien avec les établissements scolaires ; Le passe culture pour jeunes, adapté et éditorialisé en fonction des besoins linguistiques des territoires ; La formation des adultes pour assurer la transmission intergénérationnelle.
  • La communication des services publics : les besoins en traduction et en médiation nécessitent d’augmenter les efforts de l’Etat et des collectivités qui devront se concerter pour élaborer des programmes de traduction et de formations aux métiers de traducteur et d’interprète.

Les travaux des États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer sont en cours de consolidation, pour être livrés sous leur forme définitive en décembre 2022. Ils formeront les Actes du Multilinguisme à La Réunion qui seront publiés en 2022.