Enseignement supérieur en Polynésie : Les conditions de vie des étudiants polynésiens à la loupe dans une étude inédite

©Université de la Polynésie

Enseignement supérieur en Polynésie : Les conditions de vie des étudiants polynésiens à la loupe dans une étude inédite

L’Institut de la statistique en Polynésie (ISPF) a dévoilé ce jeudi sa première enquête sur les conditions de vie des étudiants polynésiens après le bac, réalisée à l’aide d’un questionnaire en ligne auprès de plus de 1 700 étudiants polynésiens. Détails de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

La Polynésie française compte aujourd’hui près de 4 400 étudiants post-bac. L’enquête en ligne de l’ISPF, réalisée avec l’appui de l’UPF, du syndicat Avenir Étudiant et de la DPDJ, a permis de recueillir les réponses de 40% d’entre eux. Les étudiants polynésiens, dont la moyenne d’âge est de 20,7 ans, sont avant tout des étudiantes : elles représentent près de 62% des inscrits.

À 55%, les étudiants ont un projet professionnel bien défini, et 21% se sont renseignés sur les débouchés au fenua. Seuls 23% n’ont pas pu s’inscrire dans la filière de leur choix et 8% sont dans une formation parce qu’ils ne savaient pas quoi faire d’autre. Au final, 90 % des étudiants veulent poursuivre leurs études, 31% parce qu’ils sont passionnés, et 57% parce qu’il faut obtenir un diplôme. Les plus motivés sont ceux qui résident à proximité de leur lieu d’études, qui pensent avoir de bonnes chances de trouver un emploi, mais aussi ceux qui ont des enfants à charge (11%) et ceux qui travaillent déjà en parallèle.

Le logement, primordial pour des études sereines

Deux tiers des étudiants polynésiens sont logés chez leurs parents, beaux-parents ou amis.  26% sont autonomes, logés en appartement, en colocation ou en résidence étudiante. Ceux qui vivent en famille considèrent être dans un environnement « agréable ». 36% jugent leur environnement simplement « vivable », dont la moitié des étudiants en résidence universitaire. Le critère le plus important dans ce contexte est la capacité à avoir un espace dédié pour étudier seul : seule la moitié des étudiants ont ce « luxe », et ce sont principalement ceux qui vivent encore chez leurs parents.

62% des étudiant aidés financièrement par leurs parents

C’est de loin la première source de revenus des étudiants : 62% d’entre eux bénéficient d’une aide de leurs parents. 46% reçoivent des allocations familiales, bourses du Pays ou de l’État, 27% s’appuient sur leurs économies, et 12% perçoivent un salaire. Mais ils sont loin de rouler sur l’or : 25% ont un budget de moins de 10 000 Fcfp par mois, et 10% seulement disposent de plus de 70 000 Fcfp/mois.

Pas étonnant dans ces conditions que l’alimentation soit le premier poste de dépenses des étudiants : 84% de leur budget y passe, suivi par les abonnements divers et les transports. Enfin les étudiants ont aussi répondu à des questions sur leur consommation d’alcool et de stupéfiants.  13% admettent une relation problématique avec l’alcool (impression de trop boire, besoin de diminuer sa consommation, remarques de l’entourage). Ceux-là sont également des consommateurs plus fréquents de drogues.

Le difficile accès à l’information, un ressenti plus qu’une réalité

Les étudiants se plaignent d’un manque d’informations sur les dispositifs d’aides aux étudiants. 56% évoquent la difficulté des démarches, et 40% déplorent le manque d’affichage. Ceux qui se plaignent le moins sont les étudiants en résidence universitaire, où l’affichage est très présent. Mais Léo Puputauki du syndicat Avenir Étudiant voit là le signe d’une certaine paresse à chercher l’information. « On a fait un compte TikTok spécialement pour ça, avec tous les numéros, et ça n’empêche pas qu’on nous appelle pour nous demander quel est le numéro vert… » 

Mais il reconnaît qu’aucun outil officiel n’est actuellement disponible pour centraliser toutes les informations requises. Avenir Étudiant et la Délégation à la Jeunesse, qui ont contribué à cette étude, travaillent sur un projet de guichet unique pour les étudiants futurs et actuels, d’abord sous forme numérique, et peut-être ensuite sous forme physique.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti