La ministre du Tourisme et du Travail en Polynésie française, Nicole Bouteau, a adressé une lettre de démission au président de la Collectivité d’Outre-mer, Édouard Fritch, a appris Tahiti Infos. Une décision qui serait liée à celle du président du Pays de maintenir Tearii Alpha au sein du gouvernement malgré sa non-vaccination, mais qui n’a pas encore été actée officiellement. Les explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Les rumeurs allaient bon train depuis jeudi et l’annonce par Édouard Fritch de la « sanction » prise contre Tearii Alpha, toujours ministre de l’Agriculture, mais plus vice-président du gouvernement polynésien. La décision qualifiée de « demi-mesure » au sein de l’opposition, mais qui a aussi fait réagir, de façon plus feutrée, au sein de la majorité et du parti d’Édouard Fritch, le Tapura Huira’atira. Et même du gouvernement.
D’après Tahiti Infos, Nicole Bouteau aurait déposé une lettre de démission auprès du secrétariat de la présidence dès vendredi. Elle y évoquerait notamment le maintien du ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement, et dénoncerait sa non-vaccination, malgré « l’obligation morale » évoquée par Édouard Fritch après le vote - unanime au Tapura - de la loi sur la vaccination obligatoire. Cette loi, qui devait s’appliquer le 23 octobre, peine à convaincre et le gouvernement local a dû reporter son application au 23 décembre.
Un autre poids lourd du parti majoritaire d’Édouard Fritch refuse la vaccination. En effet, dès le mois de septembre, le président de l’Assemblée territoriale et maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang, avait lui aussi assumé sa non-vaccination et ouvertement critiqué la loi sur l’obligation vaccinale, qu’il avait pourtant votée. Mais contrairement à l’ancien vice-président, Gaston Tong Sang n’a pas eu de sanction.
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D’après certains élus de son groupe, la ministre du Tourisme, du Travail, en charge des transports internationaux et des relations avec les institutions aurait exprimé sa désapprobation dès mercredi soir lors de l’annonce de la décision du président. Mais sa lettre de démission, déposée vendredi n’aurait toutefois pas encore été discutée avec Édouard Fritch. La démission ne serait donc pas encore actée et ni Nicole Bouteau, ni la présidence ne semblent vouloir y apporter de commentaire depuis vendredi.
Outre la loi sur l’obligation vaccinale, cette nouvelle secousse politique intervient aussi en pleine préparation de la campagne des législatives, élections programmées pour juin 2022, et pour lesquelles Nicole Bouteau pourrait avoir des ambitions. Au plus court terme, le président du Pays doit nommer, dans les 10 prochains jours, un nouveau vice-président au sein de son gouvernement en remplacement de Tearii Alpha.
Les noms des ministres Jean-Christophe Bouissou - qui expliquait n’avoir pas « sollicité » ce poste, sur l’antenne de Radio1, vendredi -, Nicole Bouteau, justement, mais aussi Yvonnick Raffin, ministre le plus récemment arrivé au gouvernement, mais réputé très proche d’Édouard Fritch, ont été évoqués. Le président du Pays pourrait aussi profiter de cette démission - si elle était actée - pour envisager un remaniement ministériel plus large. Il devrait s’exprimer demain matin, probablement à l’issue du pré-conseil des ministres, dont l’heure pourrait être avancée à 8 heures.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti.