En Polynésie française, les fruits et légumes manquent cruellement sur les étals des commerces et marchés, en raison notamment des dernières intempéries qui ont mis à mal les cultures. Selon les professionnels, « des dizaines de tonnes » ont été « perdues ». Le Pays va devoir avoir recours aux importations pour combler le manque. Explications de notre partenaire TNTV.
Le mauvais temps persistant ne fait pas les affaires des agriculteurs. Bien au contraire. Pluies et inondations à répétition ont un lourd impact sur les exploitations. Comme celle de Tavaearii Veselsky, à Tautira, sur la presqu’île de Tahiti. « J’ai perdu 80% de ma production : les concombres, les pota (choix chinois, ndlr), les salades, les tomates, les haricots. Il n’y a plus rien. Ça a même touché les semis », explique-t-il au marché de Papeete où il vend le peu qu’il lui reste. « A chaque grosse pluie, on est inondé. En 2 ou 3 jours, tout le champ est sous l’eau », ajoute-t-il.
Tous les agriculteurs sont confrontés au même problème. « C’est une saison difficile », souffle Marc Fabresse, le secrétaire général par intérim de la Chambre d’agriculture et de pêche lagonaire : « On sait que ce sont des dizaines de tonnes qui sont perdues (…) On a des parcelles entières de papayers dévastées, de bananiers également », souligne celui-ci, « ce sera probablement tendu jusqu’au mois d’avril au niveau des productions locales, maraichères notamment ».
Cette baisse de l’offre a aussi pour incidence une hausse des prix pour les consommateurs. Un effet logique, selon Marc Fabresse : « Pour les agriculteurs qui ont réussi à sauver une petite partie de leur production, il est normal qu’ils essaient de la vendre un peu mieux pour amortir toutes les pertes. C’est totalement compréhensible (…) On s’excuse aussi pour ça, mais ça fait partie de la réalité économique d’une exploitation agricole ».
À titre d’exemple, la Polynésie produit en moyenne environ 90 tonnes de choux par mois. La production actuelle se situe entre « 35 et 40 tonnes » mensuelles. « On essaie de rétablir les choses au mieux. On ouvre les importations pour le mois de mars avec nos partenaires pour compenser l’absence de production locale (…) mais il y aura toujours un peu de tensions », indique encore Marc Fabresse.
Pour aider les agriculteurs dans ces périodes délicates, les autorités réfléchissent actuellement à la création d’un dispositif de soutien, selon celui-ci : « Il s’agit de trouver des moyens de compenser les pertes en reconstruisant l’outil agricole. Ce n’est pas pour tout de suite, malheureusement (…) mais on travaille pour que des solutions existent demain. Le gouvernement soutient cette démarche ». En attendant, Marc Fabresse demande aux consommateurs « un peu de compréhension », « en réalité, c’est une famille qui a perdu une parcelle (…) et qui se retrouve dans le désarroi ».
Pour l’heure, les producteurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. « Mon problème, pour le moment, ce n’est pas une aide financière, mais la terre », explique Tavaearii Veselsky. « J’ai vu le maire de Tautira, la Chambre de l’agriculture et ils n’ont pas de réponse à me donner. Pourtant, on dit aux jeunes de se lancer dans l’agriculture. Je suis dedans depuis 2019 et, je ne te dis pas les galères », ajoute le jeune homme qui entend se « donner à fond » en attendant des jours meilleurs.
Nicolas Perez pour TNTV