En Nouvelle-Calédonie, une manifestation contre l’obligation vaccinale soulève l’indignation d’une partie des politiques de l’archipel

Capture CALEDONIA

En Nouvelle-Calédonie, une manifestation contre l’obligation vaccinale soulève l’indignation d’une partie des politiques de l’archipel

Ils étaient 4 000 selon les organisateurs, 2 000 selon les forces de l’ordre, à se rassembler ce samedi à Nouméa en opposition à la loi « de Pays » sur l’obligation vaccinale en Nouvelle-Calédonie. Une manifestation qui n’a pas manqué de soulever l’indignation alors que l’archipel fait face à une situation sanitaire délicate.

À l’origine de la manifestation, le collectif Réinfo Covid, opposé à la loi sur l’obligation vaccinale votée le 3 septembre par le Congrès calédonien et qui pourrait entrer en vigueur le 31 octobre. Le collectif appelait à la mobilisation contre également le pass sanitaire ou encore, la liberté de traitement et de prescription du corps médical. 

Mais voilà, à l’heure où la Nouvelle-Calédonie enregistre près de 6 000 cas de covid-19 et 72 décès depuis le 6 septembre, la manifestation a vivement agacé une partie de la classe politique calédonienne. Ainsi, le Rassemblement-LR dirigé par l’ancien président non indépendantiste du gouvernement, Thierry Santa, s’est dit « profondément choqué » par cette mobilisation. Le parti « déplore vivement l’autorisation de manifester délivrée aux « antivax » (…) par le Haut-commissariat et fait part de son incompréhension totale de cette décision ».

Selon le Haut-commissaire, « la loi nous oblige à autoriser une manifestation dès lors qu'elle correspond à un cadre qui est fixé à l'avance ». « Je ne pouvais pas l'interdire. Évidemment, on peut regretter que ces gens puissent s'agglutiner ici, ils n'ont pas l'air d'imaginer la pression qui existe dans les hôpitaux, la pression qui existe dans de nombreux foyers, qui ont perdu l'un des leurs. J'ai juste envie de leur dire « ressaisissez-vous, vous êtes les uns sur les autres » », a déclaré Patrice Faure, interrogé sur place par Nouvelle-Calédonie La 1ère.

Plus tard, la représentation de l’État s’est fendue d’un communiqué afin d’expliquer l’autorisation de cette manifestation. « Le Conseil d’État a jugé en 2020 que la liberté de manifester ne pouvait être supprimée, y compris en temps de confinement » a-t-on ainsi rappelé. « Ces différents collectifs se sont conformés aux dispositions du décret-loi de 1935 réglementant le droit à manifester » : une demande officielle 72h avant la manifestation, et le déploiement d’un service d’ordre interne « pour faire respecter le périmètre autorisé, l’horaire du rassemblement, et le respect des mesures sanitaires sur site ».

Pour le député Philippe Gomes, l’argument sur l’avis du Conseil d’État « est faux ». « Ce que le Conseil d’État a censuré dans sa décision du 13 juin 2020, c’est « l’interdiction générale et absolue des manifestations sur la voie publique » qui était posée par le décret du 31 mai 2020 ». « En tout état de cause, toute manifestation sur la voie publique (...) peut être interdite (...) par le représentant de l’État s’il estime qu’elle est de nature à troubler l’ordre public, dont la sécurité et la SALUBRITÉ PUBLIQUES sont des composantes » poursuit le député, citant la décision du Conseil d’État.

« La manifestation des anti-vax de ce jour pouvait parfaitement être interdite, eu égard à la flambée épidémique que connaît la Nouvelle-Calédonie depuis 3 semaines, avec un variant du virus (Delta) beaucoup plus contagieux que les précédents, et des conséquences qui en résultent pour les populations en termes de risques sanitaires » a insisté Philippe Gomes.