Emmanuel Macron en Polynésie : Sur l’atoll de Manihi, le président s’engage sur la protection face au réchauffement climatique

©Mike Leyral / TNTV

Emmanuel Macron en Polynésie : Sur l’atoll de Manihi, le président s’engage sur la protection face au réchauffement climatique

Après les îles Marquises, à l’extrême nord-est de la Polynésie, c'est dans l’archipel des Tuamotu qu'Emmanuel Macron s'est rendu, plus précisément sur l’atoll de Manihi. Une visite consacrée à la résilience et à la protection des atolls face au changement climatique, avec l’inauguration d’un abri de survie et d’une centrale hybride. Reportage de notre partenaire TNTV.

Pour accueillir le Président de la République à Manihi, pas de grand festival comme à Hiva Oa aux Marquises. Mais pour autant, les îles voisines n’ont pas hésité à envoyer leurs délégations et les 17 tavana (maires, ndlr) ont fait le déplacement depuis les quatre coins de l’archipel. C’est en effet la première fois depuis le Président De Gaulle qu’un Chef de l’État se rend aux Tuamotu. En 2003, Jacques Chirac devait passer par l’atoll de Fakarava avant d’annuler.

De la visite de Macron, le maire de Manihi, John Drollet, attend notamment la prise de conscience de la vulnérabilité des atolls face à la montée des eaux, ou aux catastrophes naturelles tels que les cyclones. « Nous sommes des îles avec une hauteur à pas plus de 5 mètres au-dessus de l’eau. Quand il y a des cyclones qui arrivent, le problème est là. […] Beaucoup ici ont vécu les nombreux cyclones qui ont ravagé notre archipel. […] Nous sommes les premières victimes de ce dérèglement climatique planétaire. Nous ne voulons pas être les premiers climato-réfugiés français », a insisté John Drollet. « Notre paradis peut rapidement se transformer en enfer ».

« L'eau nous était montée jusqu'au cou »

« Dans les motu (îlots, ndlr), certains se sont cachés dans les congélateurs et un habitant accroché à une branche a été secoué dans le lagon pendant toute la nuit », a raconté Émilienne Natua Lancel, une retraitée de Manihi qui a vécu le cyclone Orama, en 1983. « Des enfants étaient blessés, les tôles s'envolaient et ils tentaient de sauver ce qui restait de leurs maisons », a témoigné de son côté Marguerite Mahuru, à l'époque infirmière. Elle avait aidé une femme à accoucher sur son atoll ravagé par les vagues et le vent. La mère avait appelé son bébé Orama, comme le cyclone. Venu de Ahe, un atoll voisin, Augustin Tama s'est souvenu lui du lendemain du cyclone : « L'eau nous était montée jusqu'au cou et tout était détruit, on avait tout perdu, on pensait juste à chercher à manger, et beaucoup ont voulu quitter l'atoll par peur d'un nouveau cyclone ». 

D’où l’importance de la construction des abris de survie de certaines îles des Tuamotu. D’ici 2025, 17 abris seront construits ou étendus dans l’archipel, permettant d’abriter 8 000 habitants, le résultat d’une convention signée entre le président polynésien Édouard Fritch et le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, pour un montant de 50 millions d’euros répartis à parité État-Pays. Pour l’heure, l’archipel, majoritairement composé d’atolls, est équipé de 27 abris.

Des abris aux doubles fonctions

Emmanuel Macron a ainsi procédé à la pose de la première pierre de l’abri de survie de Manihi, premier abri s’inscrivant dans la convention. Le chantier devrait démarrer en 2022 pour une livraison en 2023. Le bâtiment s’étalera sur une superficie de 407m2, pourra abriter l’ensemble de la population de l’île et sera autonome en eau et en énergie sur une durée de 72h. Un groupe électrogène et 2 citernes d’eau d’une capacité de 40m3 assureront l’approvisionnement sur l’infrastructure. Autre spécificité de ces futurs abris : tous auront une double fonction pour la vie quotidienne de ces atolls, comme une mairie ou une école, à l’instar de l’abri de Manihi. Cette double fonction évitera une dégradation de ces abris grâce à un entretien quotidien.  

Autre point fort prévu lors de ce déplacement aux Tuamotu : la visite de la centrale électrique hybride de 290 kilowatts de Manihi, fonctionnant à la fois à l’énergie fossile et au photovoltaïque. Avec une couverture allant jusqu’à 60% des besoins énergétiques de l’atoll, ce type de centrale offre une solution particulièrement adaptée aux besoins en énergie des atolls éloignés, qui bénéficient d’un temps ensoleillé tout au long de l’année. Mais emploi du temps de Président oblige, Emmanuel Macron n’aura finalement pas eu le temps de s’y rendre. « La politique du Pays est de multiplier les centrales électriques dans les îles et d’augmenter le taux de pénétration », a expliqué Yvonnick Raffin, ministre de l’Énergie. « [Le soleil], c’est la première ressource non exploitée et que nous avons décidé d’exploiter finalement ».

Lors de son discours d’arrivée sur Manihi, Emmanuel Macron a reconnu qu’ « ici même, c’est sans doute un des espaces les plus vulnérables à ces changements [climatiques] », assurant que « la République tiendra sa promesse, celle de protéger », et évoquant les 17 abris construits d’ici 2025 aux Tuamotu. Concernant le projet d’installation d’autres centrales mixtes dans l’archipel, Emmanuel Macron a évoqué l’investissement d’un peu plus d’1 million d’euros, pris sur le portefeuille du ministère des Outre-mer. « On parle de vos vies, de la vie de vos enfants, on parle d'aujourd'hui, pas de demain » a également déclaré Emmanuel Macron, qui comme aux îles Marquises, a été rebaptisé. En effet, les habitants de l’archipel ont décidé de renommer le chef de l’État, « Taki Nui », celui qui emmène les autres, le guide en paumotu. A Hiva Oa, il avait été rebaptisé « Te Hakaiki Taha’oa » : le grand chef qui marche et ira loin.  

Après ce passage dans l’archipel des Tuamotu, le président de la République est revenu sur l’île de Tahiti où il a clôturé une réunion des acteurs économiques de la Collectivité d’Outre-mer, à Papeete. Ce mardi, Emmanuel Macron est attendu au port de pêche de la capitale polynésienne, pour louer l’exploitation durable de cette filière polynésienne. Il naviguera ensuite vers l’île de Moorea, à 30 minutes en Ferry de Tahiti, pour rencontrer les chercheurs du Criobe et inaugurer le « Fare Natura », un écomusée dédié à la protection des océans et des récifs. Mais le rendez-vous le plus attendu est sans conteste son discours final prévu à Papeete à 17h (locale). Il devrait évoquer le sujet sensible des conséquences des essais nucléaires français en Polynésie. 

Evaina Teinaore pour TNTV