D'importantes précipitations ont touché l'archipel de la Société, en Polynésie française, lundi, occasionnant des inondations d'habitations et de commerces ainsi que la submersion de routes, ont indiqué les autorités du territoire du Pacifique sud, qui ont déclaré l'état de calamité naturelle.
Les fortes pluies ont fait sortir de leur lit de nombreux cours d'eau, et ont causé des éboulements et chutes d'arbre dans l'archipel de la Société, le plus peuplé, où se situent Tahiti et Moorea.
Lundi matin (en soirée à Paris), les secours avaient procédé à « une centaine d'interventions », selon la directrice de cabinet du haut-commissaire de la République, Emilia Havez. Aucune victime n'avait été déplorée. Le gouvernement local a pris un arrêté constatant l'état de calamité naturelle, selon le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, afin de permettre « la mobilisation des moyens nécessaires (...), notamment des moyens financiers », a-t-il ajouté. L'armée a aussi été mobilisée dans certaines communes fortement impactées.
« De très grosses précipitations en peu de temps » ont concerné les îles de la Société -Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea, Tahaa, Bora Bora et Maupiti-, selon Philippe Frayssine, le directeur de Météo-France Polynésie. « Dans une vallée proche de Papeete, on était à 105 millimètres en deux heures (...). Cela fait plus de 100 litres au mètre carré en deux heures. Ce sont des quantités remarquables » mais « pas exceptionnelles », a-t-il relevé.
Un nouvel épisode de fortes pluies était attendu dans la nuit de lundi à mardi (mardi en fin de matinée à Paris). Toujours dans l’archipel de la Société, l'ensemble des établissements scolaires a été fermé pour la journée de mardi. Les autorités ont encouragé les entreprises à privilégier le télétravail pour leurs salariés. Les activités nautiques et en montagne ont été interdites. La vigilance orange fortes pluies a été maintenue sur les îles du Vent, jusqu’à au moins mercredi.
La semaine dernière, une partie de la Polynésie avait été placée en pré-alerte cyclonique en raison du passage de la dépression tropicale Nat. Le phénomène n'avait fait ni blessés, ni dégâts majeurs. Depuis, l’archipel de la Société et une majeure partie de la Polynésie est restée en vigilance orange pour fortes pluies, vents forts et forte houle. La dépression Nat a aussi touché l’archipel des Tuamotu vendredi et samedi.
Ce weekend, une nouvelle dépression tropicale, faible celle-ci, s’est formée au sud de Tahiti, entraînant des pluies soutenues dimanche et torrentielles ce lundi matin. De nombreux automobilistes se rendant à Papeete ont été bloqués dans les trafics routiers déjà denses en temps normal. Face aux routes inondées, certains ont dû faire demi-tour.
« Un phénomène de fortes pluies, depuis ce matin, a été constaté dans tout l’archipel de la Société. (…) Un épisode particulièrement intense et soudain qui est survenu quand tout le monde était en route pour le travail, ou parti déposer les enfants à l’école » avait déclaré Emilia Havez, lors du point presse organisé ce matin au haut-commissariat pour faire un point sur la situation. « Tous les services de secours et de sécurité ont été sollicités de manière assez massive vers 6 heures 30. (…) Il y a une accalmie jusqu’en fin de matinée, mais la situation est très sérieuse puisque l’ensemble des communes de la Société sont concernés. Elles ont toutes activé leur PCS (Plan Communal de Sauvegarde). »
Dans la commune de Pirae, les rivières Nahoata et Hamuta sont sorties de leurs lits. « La peur est là tous les ans. La dernière inondation qu’il y a eu dans le quartier, c’était en 2017. Là, on se retrouve en 2024 avec les mêmes conditions », a raconté un habitant de la vallée de Hamuta, à nos partenaires de TNTV.
Le maire de la commune, ancien président de la Polynésie, Édouard Fritch, a pointé les amas de déchets verts accumulés au fond des vallées, qui sont venus bloquer les torrents d’eau sous les ponts. « On se retrouve toujours avec les mêmes problèmes, pourtant je pensais que les gens avaient pris conscience, appris des leçons de ce qui s’est passé dans le passé. (…) On a l’impression d’avoir eu un cyclone (…) C’est incroyable ! ».
Même constat dans la commune de Mahina, au nord de Tahiti, où les troncs d’arbres ont obstrué les ponts, provoquant le déversement de torrents boueux dans les foyers et sur les routes. Toujours dans cette commune, des maisons menacent de s’effondrer dans les cours d’eau. À Papenoo, sur la côte est de Tahiti, un véhicule a été emporté par une rivière en crue. À Papeete, la rivière Papeava a inondé la zone industrielle du port autonome.
Autre conséquence du mauvais temps qui concerne l’archipel de la Société depuis la semaine dernière : la desserte entre les îles de Tahiti et Moorea est fortement impactée. Déjà suspendue durant le passage de Nat, mercredi et jeudi, certains armateurs ont dû annuler plusieurs fois leurs rotations depuis vendredi. Dimanche, un des navires assurant cette desserte a heurté le quai de Papeete, en raison des fortes rafales sous les grains orageux.
Avec AFP