Le secteur audiovisuel est l'un des quatre secteurs économiques prioritaires du président du Pays Moetai Brotherson. Le secteur doit réunir ses forces vives dans les prochaines semaines, lors d’Assises souhaitées par le gouvernement. En constante progression depuis plus de 20 ans, les professionnels attendent aujourd’hui des mesures incitatives de la part des autorités, notamment sur le plan international. Coup de projecteurs sur ce secteur avec notre partenaire TNTV.
En plus d’un demi-siècle, la Polynésie est devenue, par son histoire ou ses paysages, une terre de cinéma. Une réputation acquise grâce à des super-productions plébiscitées par des millions de spectateurs dans le monde, telles que les révoltés de la Bounty avec Marlon Brando ou encore Pacifiction avec l’acteur français Benoit Magimel qui décrochera le César du meilleur acteur 2023.
Une industrie mature qui pèse dans l’économie locale en se hissant à la troisième place des filières à l’export avec des retombées estimées à 1,2 milliards de francs. Un secteur en constante progression qui se répartit sur deux marchés.
On a la production locale, c'est-à-dire les chaînes de télé, les commandes publiques et privées, puis l’accueille de tournages extérieurs, détaille le vice-président de la FPAAC Denis Pinson. Aujourd’hui, toute la partie locale, essentielle, atteint un plafond. Les chaînes de télé ne vont pas produire le double l’année prochaine, pareil pour la commande publique » . D’où l’importance, selon lui, d’attirer les tournages extérieurs. « On a besoin de cet argent qui vient de l’extérieur, que ce soit des productions américaines ou des plateformes de VOD » , observe-t-il.
Deux productions internationales par an…
Aujourd’hui, le fenua accueille en moyenne deux tournages internationaux par an. Un rythme que les professionnels souhaitent multiplier par quatre, d’ici cinq ans. Pour cela, la mise en place d’une agence audiovisuelle était difficilement contournable. Baptisée Tahiti Film Office, cette structure dédiée à la filière serait l’interlocuteur privilégié des sociétés de production étrangères. Mais pour la rendre performante, le Pays doit encore réfléchir à des incitations fiscales.
Karim Mahdjouba, qui sillonne les salons internationaux dédiés depuis près de dix ans, est catégorique. « La première question que l’on me pose, c’est ‘how much’, c’est-à-dire qu’on me demande quel est le crédit d’impôt, de combien on va être aidé, si l’on vient, sur la TVA etc. Comme nous n’avons pas d’interlocuteur en Polynésie française, automatiquement, la réponse est ‘ok, on se rappelle’… » ironise-t-il.
…et un gros manque à gagner
Des arguments que les voisins du Pacifique ont, eux, compris depuis longtemps. Si Hawaii, l’Australie et la Nouvelle Zélande restent dans la moyenne mondiale en termes d’abattement d’impôts (25%), Fidji a décidé d’offrir un pont d’or à ce secteur, avec 75% de crédits.
Un argument qui fait mouche puisque sur les cinq dernières années, Fidji a soufflé à la Polynésie pas moins de trois productions internationales. Un manque à gagner estimé à 2 milliards en termes de retombées directes dans l’économie du Pays.
Conscient de l’avenir cinématographique de la Polynésie, le président Moetai brotherson souhaite, d’ici la fin de l’année, organiser des assises de l’audiovisuel. Un temps pour écouter et stimuler le 7ème art polynésien.
« Je pense que la Polynésie est une terre de cinémas, parce qu’on a une grande diversité historique, culturelle, de paysages, estime le président de la Polynésie française. On a autant de films que d’îles à faire. Il s’agit de montrer la créativité de notre jeunesse, qui a du talent et des histoires à raconter, c’est aussi cela qu’on veut faire émerger. En plus d’attirer, si possible, des grosses productions en Polynésie » .
Secteur d’avenir, l’audiovisuel polynésien est aussi créateur d’emplois. Actuellement, la filière compte plus de 200 professionnels. Un vivier qu’elle souhaite doubler à l’horizon 2028.
Par Nicolas Perez, JP pour TNTV