Les chefs de file des groupes Les Loyalistes et Rassemblement se disent « satisfaits » que l’ensemble des forces politiques se soient réunies autour de la table des discussions sur l’avenir institutionnel lors de la visite de Manuel Valls. S’ils se déclarent favorables à des « concessions » à condition qu’elles soient « mutuelles », pour ce bloc non-indépendantiste, un « compromis politique » ne pourra être signé que « dans le cadre de la République française ». Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Les leaders du Rassemblement et des Loyalistes ont réuni la presse, mercredi 5 mars, pour tirer un bilan plutôt positif de la visite de Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie, synonyme de reprise des discussions de l’ensemble des forces politiques.
Une « satisfaction » pour ce bloc non-indépendantiste, qui annonce d’emblée que le document remis par le ministre des Outre-Mer, listant des propositions formulées par chaque mouvement, correspond à une démarche « unilatérale » de l’État et n’engage donc aucun parti politique calédonien. Une synthèse qui contient d’ailleurs certaines "inexactitudes" que ces chefs de file espèrent bien faire rectifier par le ministre des Outre-mer avant son retour, qui serait prévu du 21 au 25 mars.
« Il faut aboutir à un statut définitif »
Ce document semble néanmoins plutôt bien perçu par Les Loyalistes. Plusieurs « fondamentaux » de leur « projet » ont été rappelés, à commencer par le respect du résultat des trois référendums et donc « de la démocratie et de l’État de droit », quand bien même Manuel Valls rappelle que le dernier scrutin a laissé « un goût d’inachevé ».
« Sur ce point, nous ne sommes cependant pas entièrement satisfaits dans la rédaction du document indiquant que le droit à l’autodétermination doit continuer à s’exercer, alors qu’il s’est déjà exercé par trois fois et qu’il faut désormais aboutir à un statut définitif. Cette trajectoire s’est arrêtée avec les trois référendums, nous avons besoin de stabilité », insiste Sonia Backès, qui liste d’autres fondamentaux, également mentionnés, dont « l’égalité entre tous les Calédoniens » afin « qu’aucune communauté ne dispose de droits supérieurs aux autres ».
« Selon nous, l’accord de Nouméa, en découpant la population entre Kanak et non-Kanak, a semé les graines du 13 mai », analyse la présidente de la province Sud qui tient également à veiller à ce que les provinces soient dotées des « prérogatives renforcées », sujet noté dans la synthèse du ministre. « C’est notre seul moyen de mettre en œuvre nos projets de société librement les uns et les autres sur les territoires où nous sommes majoritaires ».
Si Les Loyalistes rappellent qu’ils ont toujours été « contre la politique de la chaise vide » lors des différentes séquences de discussion autour de l’avenir institutionnel du pays, et répètent être prêts à trouver un « compromis politique » avec l’État et les indépendantistes, ils ne le signeront pas à tout prix.
« Réussir à trouver ce compromis, c’est le mieux que l’on puisse faire pour les Calédoniens, afin de leur redonner de l’espoir et des perspectives. Mais nous ne signerons jamais (un accord) en vue d’une indépendance, d’une indépendance-association ou d’une trajectoire vers n'importe quelle forme d’indépendance », insiste Nicolas Metzdorf, qui l’affirme : « tout compromis politique se situera dans le cadre de la République française ».
« Un compromis politique ou rien »
Par ailleurs, l’intergroupe insiste sur la nécessité que ces « compromis » soient opérés dans les deux camps, notamment du côté du FLNKS en ce qui concerne les indépendantistes. « Il faut des concessions mutuelles. En clair, il y aura un compromis politique (global) ou rien », conclut Virginie Ruffenach. D’ici-là, les chefs de file des Loyalistes et du Rassemblement comptent multiplier les réunions de terrain auprès de leurs militants pour « faire un exercice de pédagogie » sur les séquences passées et à venir, mais aussi pour rassurer dans cette période où leur base « reste inquiète ».
Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes