Une marche pacifique se tenait ce vendredi à Nouméa afin de s’opposer au déménagement de l’aéroport de Magenta vers Tontouta, réunissant près de 250 personnes selon les forces de l’ordre. Le mouvement est porté par le Comité de coordination coutumière Drehu, qui organisait en parallèle, dans les îles Loyauté et à l’île des Pins, une action « île morte », appelant les Loyaltiens à fermer leurs commerces et les institutions le temps de la matinée. Reportage de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Rosalie, drapée dans un manou pour se protéger du soleil, sa poussette devant elle, scande « Oui à Magenta ! », répondant ainsi au message crié dans le micro : « Non à Tontouta ! » Ce vendredi 10 octobre, le Comité de coordination coutumière Drehu organisait deux actions pacifiques pour manifester contre le déménagement de l’aéroport de Magenta vers Tontouta, prévu par le gouvernement d’ici à la fin de l’année. L’opération « île morte » consiste à fermer les institutions des îles Loyautés et de l’île des Pins durant la matinée.
À Nouméa, une marche au départ du Mwâ Kââ faisait étape devant le Congrès, puis le haut-commissariat, et enfin le gouvernement (ancien CHT), avant de revenir au Mwâ Kââ. Environ 250 manifestants constituaient le cortège selon les forces de l’ordre. Pour l’organisation, près de 1 500 manifestants étaient présents, mais tous ne se sont pas joints à la marche.
Trajet long, coûteux et dangereux
Le Comité de coordination coutumière Drehu a été créé en septembre dans le but de dénoncer « la dégradation continue des conditions de transport aérien et maritime affectant les populations des Îles Loyauté ». Le principal combat est le maintien des services à l’aéroport de Magenta.
« Nous n’avons pas de voiture, nous faisons près d’une dizaine d’allers-retours par an, et seul mon mari travaille. Ça veut dire qu’il faut payer le bus en plus ou demander à la famille de nous accompagner à Tontouta, et la route est dangereuse », liste Rosalie, la maman dans le cortège.
Célestin reste, lui, avec une fille de Lifou. « Mon fils de 12 ans ne bénéficie pas de la continuité : il paye 19 000 francs le billet aller. Nous ne pouvons pas aller réaliser des gestes coutumiers simples, parce que nous ne pouvons pas aller facilement dans les îles », constate ce père de famille originaire de Saint-Louis. Guillaume Waminya, président du collectif, scande dans le micro les arguments du Comité : « Les billets d’avion sont trop chers, les vols manquent de régularité, entre les retards voire les annulations… ».
De nombreuses revendications
Dans leur communiqué de presse, le Comité de coordination coutumière Drehu liste de nombreuses revendications, outre le refus du déménagement de l’aéroport de Magenta, comme la réalisation d' « une étude d’impact préalable incluant les conséquences financières, logistiques et sociales pour les usagers ». Ou encore la révision de la réforme de l’aide à la continuité pays, « en élargissant les critères d’éligibilité », ce qui permettrait « d’inclure tous les résidents, y compris les étudiants et les personnes sans emploi formalisé. »
Le Comité demande également la mise en place « d’une instance de pilotage associant les autorités coutumières, les usagers, les salariés et les institutions », ainsi que « davantage de transparence dans les décisions relatives à Air Calédonie et aux politiques tarifaires ». Enfin, le collectif réclame une meilleure desserte maritime. Dans la foule, Célestin résume l’état d’esprit des manifestants : « Nous constatons une mauvaise gestion des outils publics qui empêche le peuple de circuler librement. »
Aurélia Dumté pour Les Nouvelles Calédoniennes