C’est au cœur du vieux fort historique, l'un des principaux sites touristiques de Stone Town que se tiennent les deux scènes du Festival Sauti za Busara. Pour la première fois, un artiste de Mayotte y performait : Zily a proposé le samedi 11 février dernier un show entraînant et dansant pendant plus de 45 minutes à un public qui ne la connaissait pas mais qui est reparti conquis. La Mahoraise a brillé lors de la 20ème édition de cet événement international qu’on ne présente plus. C'est sous la devise « Tofauti Zetu, Utajiri Wetu », « La diversité est notre force » que plus de 60 artistes représentant les quatre coins du monde se sont retrouvés durant trois jours de festival. Au-delà des Lives proposés les 10, 11 et 12 février derniers, l'événement aura permis la naissance probable de futurs projets communs.

« Mahaba, Mama, Marahaba » … Au lendemain de la prestation de l’artiste de Mayotte Zily, les vendeurs ambulants qui gravitent aux alentours de la place de Ngome Kongwe fredonnent à tue-tête les paroles de l’artiste qu’ils ont pu entendre la veille. Parmi les tubes que les spectateurs ont pu découvrir, la chanson Zaina, 3ème titre de son EP Imani Na Amani, est l’une de celles qui est restée le plus dans la tête des Zanzibarites. « La chanson me parle », explique Sharifa qui a découvert Zily quelques heures plus tôt, lorsque celle-ci répétait avec ses musiciens. 

« J’ai compris quelques mots et puis quand je suis allée voir le clip, je me suis dit waouh !". Parmi les autres succès de la soirée, la chanson Lada Haloua ou encore l'hymne à la femme Amani. Le fameux "Wo Tcho Tcho" made in Mayotte a également eu son moment de gloire. "When I say Wo tcho Tcho, you say Wo", expliquait la chanteuse en pleine prestation. Jonglant entre shimaoré, anglais, français et kiswahili, Zily a séduit les festivaliers, mais également les artistes et les professionnels présents pour ce rendez-vous de la musique incontournable. "Je vous veux au Canada", lui glissait une productrice, sa prestation à peine finie. 

"Where is Mayotte"

Au-delà de la performance qu’elle a livrée et qui a été saluée par le public et les professionnels de la musique venus nombreux, c’est un véritable rôle d’ambassadrice que Zily a tenu auprès de toutes les personnes rencontrées ces derniers jours, des membres des différents corps diplomatiques en passant par les représentants de l'Union européenne, les producteurs et les journalistes du monde entier. « I’m so glad to be here », indiquait Zily la veille de sa performance, lors de la conférence de presse qui lançait officiellement le début du festival. « In Mayotte, we speak shimaoré. When I see Zanzibar, when I hear people, I feel like home”. Curieux, ils ont été nombreux parmi les artistes, les habitants et les touristes à demander " Where is Mayotte?". Le lendemain, c’est à un public en effervescence qu’elle lancera après un « Moina Bibi » endiablé : « This is Mgodro ! Traditional Music of Mayotte ». Quarante-cinq minutes plus tard, c’est un public séduit qui scande le fameux « Yeka Baba » tout en applaudissant la sortie de l’artiste, comme pour la remercier de ce moment musical festif.

Des rencontres au sommet

Le Sauti za Busara qui s'est achevé hier a été également l'occasion de belles rencontres. C'est un véritable coup de foudre artistique qu'il y a eu entre Zily, la diva de Mayotte et Siti Amina, l’ambassadrice de la culture et du patrimoine de Zanzibar. Les deux femmes qui performaient à l'occasion du festival se sont découvertes. « J’ai adoré sa prestance, sa tenue, tout ce qu'elle dégageait », expliquait l'Afrotaarab Queen de Zanzibar au lendemain de la performance de Zily. Le porte-drapeau de la culture et du patrimoine de Mayotte de son côté ne tarissait pas d’éloges sur l’une des grandes voix de Tanzanie. « Je suis tellement admirative de tout ce qu'elle fait. Je voudrais qu'elle vienne à Mayotte pour raconter son parcours, rencontrer d’autres femmes. Leur montrer qu’on peut suivre ses rêves, qu’on peut jouer d’un instrument de musique... ». L’idée est lancée : les deux artistes projettent de se revoir et imaginent une résidence artistique ainsi que la réalisation de plusieurs projets communs entre Zanzibar et Mayotte. « Ce que tu fais pour les mariages à Mayotte, je pourrais peut-être faire la même chose à Zanzibar » glisse Siti Amina en entendant Zily raconter comment elle essaye de vivre de sa musique grâce aux chansons qu’elle compose dans le cadre des mariages traditionnels à Mayotte...

Lire aussi : L'artiste mahoraise Zily plébiscitée au festival international “Visa For Music” au Maroc

Au-delà des artistes, ce sont également les organisateurs de festivals qui sont intéressés pour que Zily se produise dans d’autres événements : au Sénégal, au Canada, mais également aux Etats-Unis. En attendant, la chanteuse travaille d’ores et déjà sur de nouveaux projets. "De bonnes nouvelles devraient arriver très vite", indique son équipe.

SA